L’avenir des pétroliers en vert

Les énergies renouvelables pourraient-elles être le prochain gros chantier des pétroliers ? Telle est la question que s’est posée le consultant Wood MacKenzie. Et, selon le rapport qui l’a étudiée, la réponse est oui. « L’éolien et le solaire sont voués à transformer radicalement le marché de l’énergie, et les opportunités de croissance dans les renouvelables ne peuvent pas être ignorées », note le consultant. Celui-ci a ainsi évalué que les “Majors” devraient investir plus de 310 milliards d’euros dans l’éolien et le solaire d’ici 2035, pour garder la part de marché de 12 % qu’elles ont actuellement avec le gaz et le pétrole. Si le scenario est improbable, les analystes estiment que le secteur des renouvelables pourrait quand même concentrer plus d’un cinquième des investissements de ces entreprises d’ici 2030.  

Coup dur à Gardanne

« L’étude d’impact n’est pas proportionnée à l’importance et à la nature du projet », estime le tribunal administratif de Marseille, qui, en conséquence, annule, à la demande de plusieurs associations, l’autorisation d’exploitation de la centrale biomasse de Gardanne. Cependant, au lendemain de cette décision, le 9 juin, le préfet des Bouches-du-Rhône a signé un arrêté, donnant un sursis à l’exploitant, qui pourra, à titre provisoire, poursuivre sa phase de test. Ce site est la plus importante centrale de production électrique biomasse de France. Les juges du tribunal administratif ont notamment considéré qu’Uniper, l’exploitant, n’a pas analysé les effets environnementaux indirects de cette installation de 150 MW, en particulier ceux en lien avec l’approvisionnement en bois. La centrale devrait en effet consommer, à pleine puissance, 850 000 tonnes de bois  par an pour fournir 6% de la production d’électricité de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Ces volumes représenteraient au moins 25% des ressources forestières locales disponibles. Uniper, qui dispose de neuf mois pour constituer une nouvelle demande d’autorisation, annonce avoir fait appel de la décision. 

EDF choisi par Dubaï

C’est un joli contrat qu’EDF vient de décrocher à Dubaï : environ 14 millions d’euros pour mener à bien la conception, les études, la supervision du chantier, les tests in situ et la livraison d’une station de pompage-turbinage de 250 MW. Située à Hatta, dans une zone montagneuse près de la frontière avec Oman, cette dernière représentera un investissement total de 466 millions d’euros. Elle s’appuiera sur un réservoir existant d’une capacité de 6,5 milliards de litres, et sur la construction d’un autre réservoir, 300 mètres plus haut, de 3 milliards de litres. L’objectif : faire couler l’eau, lorsque les coûts de production de l’électricité sont élevés, à travers la centrale hydroélectrique du réservoir supérieur, et pomper l’eau durant les heures creuses, de l’aval vers l’amont, grâce à des turbines fonctionnant à l’énergie solaire.  

Eren RE finalise sa levée de 200 M€

Le producteur d’électricité à partir d’énergies renouvelables, Eren RE, a indiqué avoir levé 100 millions d’euros auprès du consortium d’investisseurs mené par Bpifrance et comprenant Next World, Tikehau Capital et FFP. Ces mêmes investisseurs avaient déjà investi la même somme dans la société en 2015. Cette levée de fonds lui permettra d’« accélérer sa croissance à l’international », selon un communiqué publié le 6 juin. « Le succès de cette levée de fonds, qui intervient plus tôt que prévu, est crucial pour l’accélération de la croissance d’Eren RE sur le long terme, dans le secteur des énergies renouvelables », a déclaré son président Pâris Mouratoglou. « Fondée en 2012, Eren Re a mis en service au cours des 18 derniers mois, plus de 80 MW de projets éoliens en Grèce, 72 MW de photovoltaïque en Inde et 10 MW en Ouganda. La société française développe par ailleurs un portefeuille de plus 1 500 MW de projets renouvelables, et son objectif, à moyen terme, est de le porter à 2 000 MW, d’ici à 2020. Une ambition qui nécessite un investissement de 2 à 2,3 milliards d’euros.

Des investissements à un niveau insuffisant

Si un niveau record, à 161 GW, de nouvelles capacités de production d’énergie renouvelable (éolien, solaire, géothermie, etc.) ont été installées dans le monde en 2016, les investissements ont baissé de 23 % par rapport à 2015, notamment dans les pays émergents, avertit le rapport 2017 de REN21 (Renewable Energy Policy Network for the 21st Century), publié ce mercredi 7 juin. « Les investissements continuent de se concentrer dans l’éolien et le solaire photovoltaïque, alors que toutes les technologies d’énergies renouvelables ont besoin d’être déployées pour maintenir le réchauffement climatique sous bien en deçà des 2 degrés », note le réseau d’experts. Le document avance toutefois que le solaire et l’éolien deviennent, dans certains pays, « l’option la moins coûteuse » par rapport aux énergies fossiles ou au nucléaire. Pour l’avenir, de nombreux chantiers restent à accomplir, notamment le secteur de la mobilité, qui « n’est pas encore considéré comme une priorité », en particulier dans le transport aérien et maritime. La production de froid et de chaleur renouvelables est aussi à la traîne par rapport au solaire ou à l’éolien. Autre inquiétude, les subventions aux énergies fossiles sont toujours plus de quatre fois supérieures à celles accordées aux énergies renouvelables, dénonce le rapport.

Feu vert pour le stockage du biométhane

Storengy et TIGF vont désormais permettre l’injection du biométhane de 1e génération dans leurs stockages souterrains, ont-ils annoncé le 1er juin dans un communiqué. « Cette décision, en augmentant de manière significative le potentiel d’injection de biométhane dans les réseaux, représente une avancée majeure vers l’atteinte des objectifs ambitieux fixés par l’État français », expliquent les deux entreprises, qui affirment que « son intégration dans les stockages souterrains ne génère pas d’impact supplémentaire par rapport au gaz naturel ». Le développement de l’injection de gaz renouvelable dans le réseau « passe notamment par la remontée de flux de biométhane des réseaux de distribution vers les réseaux de transport », avancent les deux partenaires, qui annoncent le lancement de deux sites pilotes (« rebours ») situés à Pontivy (Morbihan) et Pouzauges (Vendée). Depuis cette annonce, les derniers chiffres sur l’injection du biométhane ont été publiés par le ministère de la Transition écologique et solidaire, et ils sont encourageants. Une capacité supplémentaire de 86 GWh/an a ainsi été installée au cours du premier trimestre 2017, soit plus de trois fois plus qu’au cours de la même période de l’année précédente, et en augmentation de 20 % par rapport au quatrième trimestre 2016. Fin mars 2017, 32 installations injectaient du biométhane dans les réseaux de gaz naturel. Leur capacité s’élevait au total à 497 GWh/an, en progression de 21 % par rapport à la fin de l’année 2016. Enfin, la capacité des 252 projets en file d’attente atteignait presque 5 600 GWh/an au 31 mars 2017, en hausse de 10 % sur un trimestre.

Près de 10 millions d’emplois renouvelables fin 2016

Le secteur des énergies renouvelables a employé 9,8 millions de personnes dans le monde en 2016, en nette hausse par rapport à 2012, a annoncé l’Agence internationale des énergies renouvelables (Irena) dans un rapport intitulé « Énergies renouvelables et emplois – Bilan annuel 2017 ». L’institution souligne que si quelque sept millions de personnes étaient employées par le secteur en 2012, le chiffre a augmenté d’environ 2,8 millions d’employés en quatre ans grâce à « la baisse des coûts et l’adoption de politiques favorables, qui ont stimulé les investissements et l’emploi ». Le nombre d’emplois dans le secteur photovoltaïque et le secteur éolien a plus que doublé au cours des quatre dernières années.  Hors hydraulique, le nombre d’employés du secteur des énergies renouvelables a atteint les 8,3 millions en 2016. 9,8 millions d’emplois, si l’on compte les emplois directs dans les grands projets hydrauliques. La Chine, le Brésil, les Etats-Unis, l’Inde, le Japon et l’Allemagne sont les plus grands pourvoyeurs d’emplois dans le secteur, affirme le rapport. 

Les chiffres du marché résidentiel

Observ’ER vient de mettre en ligne son étude sur le marché 2016 des pompes à chaleur dans le résidentiel. Les technologies aérothermiques sont en progression de 10 % par rapport à 2015. Les PAC air/eau continuent d’être portées par le secteur des habitations neuves tandis que les appareils air/air restent les plus diffusés avec une activité tournée essentiellement vers le remplacement d’anciens systèmes de chauffage électrique dans l’existant. Pour les appareils géothermiques, 2016 est en revanche marqué par un nouveau recul des ventes (- 6 %). Sur ce segment, l’activité s’est contractée de plus de 60 % en 5 ans.

Lancement d’un appel d’offres d’1,9 GW

La Russie a lancé le 30 mai un appel d’offres consacré aux énergies renouvelables visant une capacité maximale de 1,9 GW pour une mise en service des projets entre 2018 et 2022 : 250 MW en 2018, 300 MW en 2019, 350 MW en 2020, 500 MW en 2021 et 500 MW en 2022. Les offres peuvent être déposées jusqu’au 9 juin pour une publication des résultats prévue au plus tard le 30 juin. Si cet appel à projets concerne l’éolien, le solaire et l’hydroélectricité, l’énergie du vent devrait s’octroyer la plus grande part du gâteau. 450 MW de projets éoliens ont ainsi été déposés dès le jour d’ouverture de l’opération, s’est d’ailleurs félicité l’Association russe pour l’éolien (RIWA). Le finlandais Fortum, qui a récemment conclu une alliance avec Rusnano pour développer des projets éoliens en Russie, sera particulièrement attendu. Autre annonce d’appel d’offres, en Espagne cette fois : fort du succès de celui du 17 mai, le Premier ministre Mariano Rajoy a annoncé le 25 mai qu’une nouvelle enchère de 3 GW, comme la précédente, aurait lieu « avant l’été », sans plus de précisions. Il sera, comme lors du précédent, ouvert aux technologies éoliennes et photovoltaïques. 

Transition énergétique : comment fait l’Allemagne

Dans son ouvrage récemment mis à jour et librement téléchargeable, Vincent Boulanger démontre, sans ignorer ses manques et travers, que la transition énergétique allemande n’est ni un gouffre financier, ni une catastrophe écologique, mais qu’elle peut au contraire être une chance, une  opportunité à la fois économique et démocratique. Ainsi, les citoyens apparaissent au cœur de cette transition initiée par le gouvernement de coalition des sociaux démocrates et des verts en 1998 et créatrice de plus de 200 000 emplois entre 2004 et 2013. L’auteur, par ailleurs conseiller éditorial du Journal du Photovoltaïque et du Journal de l’Éolien, décrypte ces enjeux et déconstruit les mythes qui entourent ce grand projet.