Selon l’AFP, la société Morbihan Hydro Énergies, détenue à 51% par le fabricant d’hydroliennes Sabella, vient d’annoncer un projet d’immersion de deux hyroliennes dans le golfe du Morbihan. Ce projet est en phase d’instruction et fera l’objet d’une enquête publique dès cet été. Les deux hydroliennes de 14 mètres de haut et de 3,5 mètres de diamètres pour une puissance de 250 kW chacune seront fournies par Sabella et immergées à 20 mètres de profondeur dans le courant de la Jument, le plus fort du golfe du Morbihan. Le projet, d’un coût total de 8,5 millions d’euros est financé à hauteur de 65 % par le Fonds européen de développement régional (FEDER) dans le cadre du projet Interreg Tiger qui promeut les énergies marines renouvelables. Le lancement opérationnel est programmé pour le second semestre 2022.
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Paris s’offre une nouvelle boucle d’eau chaude
La Compagnie parisienne de chauffage urbain (CPCU) et Paris et Métropole aménagement (P&Ma) annoncent la signature d’une convention pour la réalisation des travaux d’alimentation en chaleur renouvelable du nouvel écoquartier Saint-Vincent-de-Paul dans le 14e arrondissement de Paris. Les 59 000 m² de bâtiments neufs ou réhabilités seront chauffés via une boucle d’eau chaude qui valorise l’énergie calorifique de l’eau non potable de la ville de Paris. L’eau non potable de Paris, puisée dans la Seine et dans le canal de l’Ourcq possède son propre réseau et sert principalement au nettoyage des rues, au bon fonctionnement des égouts ou à l’arrosage des espaces verts. Cette nouvelle boucle à basse température de 450 mètres de long connectera tous les bâtiments à qui elle fournira une eau à 65°C, température parfaitement adaptée à leur haute performance énergétique. La boucle sera aussi connectée au réseau principal de la CPCU via deux échangeurs vapeur-eau en cas de besoin. Le projet est financé par P&Ma et CPCU, les adaptations nécessaires du réseau d’eau non potable par Eau de Paris, soit un investissement d’1,7 million d’euros.
L’AIE publie un rapport sur les matériaux critiques de la transition énergétique
L’AIE a publié un rapport pour alerter sur la demande croissante de certains matériaux nécessaires aux développements de technologies renouvelables et de l’électrification des usages comme la voiture électrique. En effet dans « The Role of Critical Minerals in Clean Energy Transitions » l’agence fournit un travail prospectif afin d’identifier les besoins en matériaux suivants différents scénarios de développement des technologies vertes. Ainsi elle propose plusieurs mesures pour contrer un certain nombre de risques identifiés, comme le fait que certains minéraux restent aujourd’hui exclusivement produits par un petit nombre de pays. Elle invite donc les gouvernements à investir dans des chaînes d’approvisionnement variées pour réduire les dépendances vis à vis de certains pays en situation de quasi-monopole. Il faut également promouvoir les nouvelles technologies à tous niveaux de la chaîne de valeur, afin de garantir une utilisation optimale des matériaux, d’un point de vue économique et environnemental. Le recyclage devra jouer un rôle majeur afin de réduire les besoins en matériaux bruts, grâce à des méthodes de collectes innovantes, et à des efforts de R&D sur les nouvelles technologies de valorisation des matériaux usagés. Les décideurs devraient également mettre en place un cadre propice à la transparence du marché, leur permettant, en cas de perturbations comme c’est le cas durant la crise sanitaire actuelle, de réguler rapidement et efficacement les chaînes d’approvisionnement. Enfin, l’AIE insiste sur le besoin de renforcer les normes environnementales et sociales relatives à l’extraction, la transformation et le transport des matériaux critiques de façon à maximiser les avantages environnementaux de la transition énergétique et à encourager le développement de nouveaux acteurs.
Durabilité des bioénergies
La consultation publique pour le projet de décret bioénergies lancée le 27 avril dernier se poursuivra jusqu’au 18 mai. Il s’agit de transposer au niveau national le volet durabilité des bioénergies de la directive européenne relative à la promotion de l’utilisation de l’énergie produite à partir de sources renouvelables. Pour rappel, une première directive (RED I) adoptée en 2009 avait conduit à mettre en place des exigences de durabilité et de réduction de gaz à effet de serre (GES) pour les biocarburants et biocombustibles. En 2018, RED II soumettait aux mêmes exigences les filières de production de chaleur, gaz ou électricité à partir de combustibles issus de biomasse. Ainsi l’ordonnance de mars 2021 (n° 2021-235) vise à transposer RED II au niveau national, en soumettant toutes les installations de bioénergies (au-dessus d’un seuil de puissance) aux exigences de durabilité et de réduction de GES, ainsi que d’efficacité énergétique au niveau de la production électrique. Ces installations devront notamment respecter un certain nombre de critères pour pouvoir compter sur de futures aides publiques, ce qui devra être certifié par des organismes de contrôle indépendant. La transposition sanctuarise également des terres de riche biodiversité ou présentant un important stockage de carbone.
Une unité de 2 MW aux Orcades
Le fabricant de roulements mécaniques suédois SKF a annoncé le 28 avril l’installation d’une nouvelle turbine marémotrice au sein du Centre Européen pour l’énergie marine (EMEC), basé dans les Îles Orcades, en Écosse. Développé par l’entreprise écossaise Orbital Marine Power, avec l’aide des technologies de SKF, ce projet consiste en une unité de 2 MW électriques : l’Orbital O2. Comme l’énergie du soleil et du vent, celle de la Lune peut être exploitée via les forces qu’elle exerce sur les marées, pour actionner un alternateur, et donc produire du courant électrique. L’Orbital O2 mesure 72 mètres de long et possède 2 rotors bipales de 20 mètres de diamètre chacun, entraînés par les courants marins. Le potentiel de cette technologie est « colossal », selon SKF. La Commission européenne prévoit 40 GW d’énergies marines en service d’ici 2050, incluant l’énergie marémotrice, hydrolienne, houlomotrice, le photovoltaïque flottant et la production de carburants à partir d’algues.
Le Havre prolonge son réseau de chaleur
La communauté urbaine Le Havre Seine Métropole annonce l’extension de son réseau de chaleur renouvelable et missionne la société de distribution de chaleur de Mont-Gaillard (SDCMG), filiale d’Engie Solutions pour la réalisation des travaux. Construit en 1972, le réseau est composé de 97 sous-stations et 16 kilomètres de canalisations. Il alimente aujourd’hui en chaleur et eau chaude sanitaire plus de 6 000 équivalents logements (bailleurs, bureaux, bâtiments publics, etc.) situés dans les quartiers de Mont Gaillard, du Grand Hameau de Montcalm Capuchet et de Mare Rouge. En 2013, le réseau a été rénové avec l’acquisition d’une chaudière biomasse de 12 MW qui a permis d’offrir des tarifs plus compétitifs aux clients et d’avoir une couverture à 60 % issue d’énergies locales et renouvelables. Le nouveau projet prévoit 5 kilomètres de réseau additionnels, soit 2 500 équivalents logements supplémentaires, dont 15 000 m² de bâtiments tertiaires des quartiers Points Cardinaux et Bléville. Les travaux débuteront dès juillet 2021 pour une mise en service en février 2022.
Fonds Chaleur : bilan en demi-teinte
Malgré le poids des chiffres, la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR) tire un bilan en demi-teinte du Fonds Chaleur pour 2020. Le fonds a pourtant engagé 350 millions d’euros l’an passé au travers de plus de 600 projets aidés et annonce un portefeuille de 477 M€ en 2021. Si l’intérêt de cet outil, unique en Europe dans sa forme et son envergure, n’est plus à démontrer, la Fédération tient à nuancer ces résultats notamment sur la question du développement de nouveaux réseaux de chaleur. En la matière, les projets concernent principalement en des extensions de réseaux existants et non des créations. Le verdissement et l’extension des réseaux existants, s’ils sont des leviers essentiels, ne sont pas suffisants pour atteindre les objectifs de développement de la filière, qui exige de créer de nouveaux réseaux. Ainsi, seuls 60 % de l’objectif de 2020 (par rapport à la trajectoire de la loi de programmation) a été atteint. La FNCCR regrette qu’il n’y ait pas eu une montée en puissance des objectifs Grenelle. Alors qu’il faudrait créer 8 TWh d’installations en chaleur renouvelable par an, la dynamique actuelle oscille entre 3 et 3,5 TWh/an. Les réseaux de chaleur étant en quasi-totalité publics, il appartient donc aux collectivités d’investir. Après une année 2020 marquée par des élections municipales, 2021 va être une année pleine pour les élus qui vont pouvoir plus aisément penser leurs futurs projets autour des énergies renouvelables thermiques et des réseaux de chaleur. Ces derniers apportent aux territoires des moyens de maîtriser le coût des factures pour les abonnés. Ainsi, la FNCCR compte renforcer son action dans ce domaine en direction des élus, avec notamment un nouveau cycle de formation et un guide, qui leur seront dédiés.
Réduire les pollutions du chauffage au bois
Le 14 avril, le ministère de la Transition écologique a dévoilé son plan d’action pour le chauffage au bois domestique et le soumet à la consultation du public. Son objectif est de réduire de 50 % les émissions de polluants, la pollution atmosphérique étant responsable de 40 000 morts par an rien qu’en France d’après Santé Publique France. En 2018, le chauffage domestique au bois était responsable de 43 % des émissions de PM 2,5 et plus de 50 % de celles de PM 1,0 cancérigènes du fait d’un parc comprenant de nombreux appareils anciens. Afin de réduire l’impact sanitaire, les appareils utilisés doivent respecter un certain nombre de critères, être correctement dimensionnés et entretenus, utiliser du combustible sec, et privilégier les techniques d’allumage par le haut. Ce plan d’action vise à atteindre l’objectif de la loi Climat et Résilience de baisse de 50 % des émissions de particules fines, votée par les députés le 13 avril. Il s’organise autour de six axes prioritaires : sensibiliser le grand public en rendant obligatoire sur le nouveau diagnostic de performance énergétique l’affichage de la vétusté de l’appareil ; renforcer les politiques d’accompagnement pour le renouvellement des vieux appareils au bois ; faire évoluer les normes sur les nouveaux appareils ; créer un label pour favoriser l’utilisation de combustibles de haute qualité ; communiquer sur l’impact sanitaire de la combustion du bois, mais également encadrer l’utilisation du chauffage au bois dans les zones les plus touchées par la pollution atmosphérique. Rappelons que la France a été condamnée par la justice européenne pour manquement aux obligations issues de la directive sur la qualité de l’air. Avec le plan d’action pour la mobilité propre, celui sur le chauffage au bois devrait contribuer à améliorer la situation.
Allemagne : l’hydrogène vert remplace le LNG
Le 14 avril, le géant allemand de l’énergie Uniper a annoncé la création d’un hub hydrogène à Wilhelmshaven, en Basse-Saxe, en lieu et place du terminal de gaz naturel liquéfié (LNG) envisagé jusque-là. Une étude de marché avait en effet montré en octobre 2020 que les perspectives de long terme pour l’usage du LNG en Allemagne ne permettaient pas de rentabiliser ce terminal. Dénommé Green Wilhelmshaven, le nouveau projet est en cours d’étude de faisabilité, et prévoit la construction d’un terminal d’importation d’ammoniac (NH3) équipé d’un craqueur d’ammoniac pour produire du dihydrogène (H2). Cet ammoniac vert sera produit à partir de sources renouvelables. Le hub comprendra également un électrolyseur de 410 MW. À eux deux, ils devraient pouvoir fournir 295 000 tonnes d’hydrogène annuellement, soit 10 % de la demande allemande estimée en 2030, grâce à un futur réseau de gaz dédié. Le futur hub devrait être livré après 2025. Cet hydrogène est essentiel pour les objectifs de neutralité carbone de l’Allemagne. En effet, s’ils sont issus de sources d’énergies bas-carbone, les procédés de power-to-gas pourraient permettre de réduire sensiblement l’impact carbone de l’industrie, acier et chimie ciment notamment, et des transports longue distance (aérien, maritime, etc.). Dans la fabrication de l’acier, cet hydrogène servira par exemple à la réduction du minerai de fer en remplacement partiel du charbon aujourd’hui majoritairement utilisé, et extrêmement polluant.
De l’huile de cuisson pour les avions
Le groupe Total annonce le démarrage de la production de biocarburants aériens dans ses bioraffineries de La Mède (Bouches-du-Rhône) et d’Oudalle (Seine-Maritime). Ces biocarburants sont élaborés uniquement à partir de déchets et résidus issus de graisses animales et d’huiles de cuisson usagées sans recours aux huiles végétales. Avec la création de cette nouvelle production dédiée, le pétrolier répond à la forte demande du secteur aéronautique qui recherche des alternatives au kérosène fossile afin de réduire son empreinte carbone. L’objectif est aussi une mise aux normes avec la législation française qui prévoit un mandat d’incorporation de 1 % de biocarburants aériens dès 2022, puis un objectif de 2 % à horizon 2025 et de 5 % à horizon 2030. Les aéroports français pourront disposer de ce biocarburant dès la fin avril 2021.