Inauguration de la chaufferie de Saint-Denis

Engie a inauguré le 4 juillet, à Saint-Denis, une chaufferie biomasse, en service depuis cet hiver, qui alimentera de façon désormais majoritaire le troisième plus grand réseau de chauffage urbain de France, le réseau Plaine Commune Energie, long de 60 km. Un investissement qui représente 33,5 millions d’euros, soutenu par l’Ademe à hauteur de 4,4 millions d’euros et par la Région Île-de-France pour 2 millions d’euros. D’une puissance de 26,5 MW, cette chaufferie biomasse sera alimentée par 38 000 tonnes de bois par an issues de plaquettes forestières, de broyat de palette, de résidus de scierie et d’élagage. Elle procurera chauffage et eau chaude à des appartements, bureaux, bâtiments publics représentant l’équivalent de 40 000 logements, « permettant de préserver l’environnement et de lutter contre la précarité énergétique », a déclaré le maire de Saint-Denis, Laurent Russier. Engie estime pour sa part, que la chaufferie permettra d’éviter l’émission de 56 250 tonnes de CO2 par an.

Enercoop et France Hydro Électricité changent de tête

Les nominations de deux femmes ont été annoncées, le 29 juin, à la tête d’Enercoop et de France Hydro Électricité (FHE). Du côté du fournisseur coopératif français d’électricité issue à 100 % des énergies renouvelables, Amandine Albizzati, 38 ans remplace Mathieu Richard. Elle dirigeait les relations institutionnelles de la banque éthique La Nef depuis 2010, ce qui l’a amenée, en février, à faire avec Enercoop, dont elle était administratrice depuis 2013, une levée de fonds de 1,5 M€. Christine Etchegoyhen, 45 ans, gérante de la société familiale Forces Motrices de Gurmençon, a pour sa part été désignée à l’unanimité par le conseil d’administration  de FHE. Elle succède à Anne Penalba, qui a dirigé le syndicat professionnel représentant la petite hydroélectricité pendant 11 ans, et à qui elle a rendu hommage : « Je m’attacherai à défendre au mieux les intérêts (de FHE), pour que la petite hydroélectricité perdure et se développe en respectant son caractère patrimonial, en améliorant son savoir-faire et en renforçant les liens entre les différents acteurs. Je poursuivrai les efforts engagés par Anne Penalba pour accompagner les producteurs d’hydro, en tant qu’acteurs économiques attachés à leurs territoires, dans leur volonté de produire une énergie renouvelable locale, propre et décarbonée. »

Objectif du gouvernement : neutralité carbone en 2050

Le Premier ministre, Edouard Philippe, dans sa déclaration de politique générale du 4 juillet, a repris l’objectif ambitieux souhaité par Nicolas Hulot, d’une “neutralité carbone” à l’horizon 2050, soit au-delà de ce que préconise la loi de transition énergétique. La France s’engage ainsi, non pas à cesser d’émettre du CO2, mais à compenser ces émissions par divers procédés : plantations d’arbres, essor des nouvelles technologies et des énergies renouvelables… Le directeur général du WWF, Pascal Canfin, a qualifié d’ « intéressants » ces objectifs, tout en attendant de « voir concrètement les moyens mis à disposition ». Il s’en est toutefois félicité, « puisque c’est finalement le grand objectif de l’accord de Paris », qui  « donne le cap pour les arbitrages liés à l’annonce du plan climat », que Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique, doit dévoiler jeudi 6 juillet.

Un livre blanc pour un nouvel élan

Avec des prix de marché qui ont chuté d’un tiers depuis 2010, et une pression accrue de la fiscalité et des normes environnementales, « on arrive à la fin de la résilience de la filière », a expliqué à l’AFP Anne Pénalba, présidente du syndicat professionnel France Hydro Electricité, en présentant, le 27 juin, un livre blanc sur l’état de la filière. À titre d’exemple, les taxes locales ont grimpé ces dernières années, pour atteindre environ 10 €/MWh, soit un tiers du prix de vente sur le marché. Pour y remédier, la filière réclame des exonérations fiscales sur les nouveaux projets, ou, par exemple, sur les investissements réalisés pour protéger la biodiversité et qui sont assujettis à la taxe foncière. Plus généralement, le document intitulé « L’hydroélectricité à la croisée des chemins » en appelle à une « meilleure cohérence » entre les réglementations et les objectifs de développement des énergies renouvelables. Toujours selon Anne Pénalba, il serait possible de produire 11,7 TWh d’électricité supplémentaire (+ 17 % par rapport à aujourd’hui), mais « deux tiers du potentiel sont bloqués par des réglementations environnementales ».

newHeat veut aller vite

La startup bordelaise newHeat a annoncé, le 26 juin, avoir réalisé une levée de fonds de 1,8 million d’euros. Une somme qui devrait lui permettre « d’accélérer son développement et de financer la réalisation de ses premières centrales solaires thermiques, tout en poursuivant ses efforts de R&D », indique la société dans un communiqué. Après la réalisation d’un banc de tests en 2016, la société créée en 2015 lancera cet été les travaux de sa première centrale solaire thermique, qui sera aussi la plus grande centrale thermique de France. D’une puissance de 3 MW, elle fournira de la chaleur solaire sur 15 ans à un premier client industriel basé en Dordogne. À horizon 2024, l’objectif de newHeat, qui s’adresse principalement aux réseaux de chaleur urbains et aux sites industriels, est de réaliser environ 50 centrales solaires thermiques, d’une taille unitaire moyenne de 10 MWth, représentant chacune environ 4 hectares au sol, et situées à l’international pour 80 % d’entre elles. 

La garantie décennale élargie notamment aux pompes à chaleur

Par son arrêt en date du 15 juin 2017, la Cour de cassation confirme que la garantie décennale doit jouer dans l’hypothèse où la défaillance de l’élément d’équipement, qu’il soit dissociable ou non, provoque une impropriété à destination de l’ouvrage. Cet arrêt intéressera tout particulièrement les propriétaires de pompes à chaleur mais sa portée pourrait concerner d’autres domaines. L’intérêt de la distinction entre les éléments d’équipement dissociables et indissociables est limité à l’hypothèse dans laquelle la défaillance de l’élément d’équipement ne provoque pas une impropriété à destination de l’ouvrage. Dans le cas contraire, les dommages relèvent de l’article 1792 du Code civil, en vertu duquel la garantie décennale peut être mise en jeu lorsque l’impropriété à destination résulte d’une atteinte, soit à l’un des éléments constitutifs de l’ouvrage, soit à l’un de ses éléments d’équipement. C’est exactement ce que réaffirme la Cour de cassation dans son arrêt en date du 15 juin 2017, s’agissant d’une pompe à chaleur, ce qui confirme une tendance jurisprudentielle. Avant même de s’interroger sur le caractère d’éléments d’équipement dissociables et indissociables d’un ouvrage, il est donc essentiel de déterminer si les désordres affectant l’élément d’équipement rendent l’ouvrage impropre à sa destination dans son ensemble puisque, dans une telle hypothèse, la garantie décennale s’applique de droit. (Analyse d’Aurélien Boudeweel, du cabinet Green Law Avocat) 

Des milliards pour le solaire et l’éolien

D’ici 2040, 7 400 milliards de dollars pourraient être investis dans de nouvelles centrales d’énergie renouvelable, soit 72 % des 10 200 milliards de dollars d’investissements prévus dans les nouveaux équipements de production d’énergie, de par le monde. Publiée le 15 juin par Bloomberg New Energy Finance, l’étude New Energy Outlook 2017 précise la part du solaire (2 800 milliards de dollars) et de l’éolien (3 300 milliards de dollars) dans ces investissements. Solaire et éolien représenteront dès lors 48 % des capacités installées mondiales, et 34 % de la production d’électricité, contre 12 % et 5 % actuellement. Le coût actualisé de l’électricité solaire photovoltaïque (intégrant les dépenses pendant toute la durée de vie de l’installation) devrait baisser de 66 % d’ici 2040. Celui de l’éolien en mer chuterait de 71 %, et celui de l’éolien terrestre, de 47 % sur la même période.

Des prix en baisse

Les prix moyens des pompes à chaleur (PAC) individuelles sont en stagnation, voire en diminution, ainsi que le relève l’étude réalisée et mise en ligne par Observ’ER sur le marché et les prix 2016 des PAC individuelles. Le segment de la géothermie a vu ses ventes chuter de 19 % entre 2015 et 2016, pour des tarifs qui n’ont presque pas évolué. Le segment aérothermique est le plus dynamique. Il est porté par les PAC air/air, dont les ventes ont progressé de 12 % (372 270 unités vendues en 2016), pour des prix en baisse de 8 %. Le marché des PAC air/eau est plus stable (+ 1 %) mais ses prix diminuent également (- 7 %). Cette tendance à la baisse était déjà observée en 2015. Des installateurs font part d’un durcissement de la concurrence sur les équipements air/eau et air/air.

Corée du Sud et Taïwan misent sur les énergies renouvelables

Le nouveau président de la Corée du Sud, Moon Jae-in, veut guider son pays vers la sortie du nucléaire au profit des énergies renouvelables. Il l’a annoncé lors de la cérémonie marquant l’arrêt définitif du premier réacteur du pays, Kori 1, qui fonctionnait depuis 40 ans. Il envoie là un signal fort : la Corée du Sud, avec 25 réacteurs produisant un tiers de l’électricité du pays, était classée cinquième producteur d’énergie nucléaire dans le monde en 2016. Le président Moon veut développer le solaire et l’éolien en mer, afin de porter la part des renouvelables dans le mix énergétique sud-coréen, de 6,6 % à ce jour à 20 % d’ici 2030. Taïwan aussi entend sortir du nucléaire (16 % de la fourniture d’électricité) d’ici 2025. Le gouvernement taïwanais vient d’annoncer qu’il cherche 59 milliards de dollars de capitaux privés pour atteindre 20 % de renouvelables dans son mix énergétique en 2025.

L’avenir des pétroliers en vert

Les énergies renouvelables pourraient-elles être le prochain gros chantier des pétroliers ? Telle est la question que s’est posée le consultant Wood MacKenzie. Et, selon le rapport qui l’a étudiée, la réponse est oui. « L’éolien et le solaire sont voués à transformer radicalement le marché de l’énergie, et les opportunités de croissance dans les renouvelables ne peuvent pas être ignorées », note le consultant. Celui-ci a ainsi évalué que les “Majors” devraient investir plus de 310 milliards d’euros dans l’éolien et le solaire d’ici 2035, pour garder la part de marché de 12 % qu’elles ont actuellement avec le gaz et le pétrole. Si le scenario est improbable, les analystes estiment que le secteur des renouvelables pourrait quand même concentrer plus d’un cinquième des investissements de ces entreprises d’ici 2030.