Suite aux annonces du 27 novembre sur la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), la filière du biogaz a promptement réagi par la voix de France gaz renouvelables, qui rassemble l’AAMF, les Chambres d’Agriculture France, le Club Biogaz ATEE, la FNCCR, la FNSEA, France biométhane, GRDF et GRTgaz. L’association souhaite que l’objectif actuel de 10 % de gaz renouvelables dans la consommation de gaz en 2030 soit revu à la hausse à l’issue de la concertation que le gouvernement ouvre avec les parties prenantes. Elle s’inquiète par ailleurs concernant l’enveloppe de soutien public comprise entre 7 et 9 milliards d’euros pour la période 2018-2028, sous condition pour le biométhane d’atteindre un coût de production de 67 €/MWh dès 2023. « La filière est bien sûr résolue à s’engager pour atteindre d’ici 2030 cet ordre de grandeur de coûts. […] Pour autant cet objectif risque de s’avérer impossible à réaliser à si brève échéance si l’on souhaite conserver une approche vertueuse de la gestion des différentes familles d’intrants agricoles et de déchets », prévient-elle. « L’enveloppe envisagée pour le 3e pilier des énergies renouvelables françaises représenterait ainsi sur les dix ans à venir moins de 10 % des soutiens financiers accordés aux ENR. Si la compétitivité est une condition essentielle du développement de la filière, France gaz renouvelables insiste sur la nécessité de piloter avec progressivité la trajectoire de baisse des prix de rachat, afin de laisser le temps nécessaire à la filière de consolider l’industrialisation en cours, au risque sinon de casser la dynamique », explique par ailleurs l’association, qui juge également « indispensable, en complément des aspects énergétiques, de rémunérer les services rendus par la méthanisation à l’environnement et à la collectivité. » Et son président, Jacques-Pierre Quaak, de conclure: « avec déjà plus de 11TWh de projets en portefeuille, l’objectif de 8TWh en 2023 de biométhane injecté dans les réseaux gaz peut être largement dépassé. Il faut laisser sa chance au gaz renouvelable made in France. »
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On en sait (enfin) plus
Devant initialement être présentées en juin 2018, la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) et la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) ont finalement été dévoilées le 27 novembre. Présenté comme l’objectif n° 1, la réduction de la consommation d’énergie vise à multiplier les « bâtiments performants, rénovés et intégrant des énergies renouvelables. » Pour atteindre 40 % d’énergies renouvelables électriques dans la production nationale en 2030, « les filières principales […] seront l’hydroélectricité, le solaire photovoltaïque (PV) et l’éolien terrestre, puis progressivement l’éolien en mer dont la production augmentera au cours de la seconde période de la PPE. Les fortes baisses de coûts observées dans ces filières permettent des développements importants avec des soutiens publics limités. Les sources dont les coûts sont très élevés pour la production d’électricité (biomasse, géothermie) seront orientées prioritairement vers la production de chaleur et aucun soutien à la production d’électricité pour ces filières ne sera mis en œuvre », précise un communiqué du ministère de la Transition écologique et solidaire. L’accent est également mis sur la chaleur renouvelable, « vecteur essentiel de décarbonation. » Avec, notamment, l’ambition de « rendre obligatoire un taux minimum de chaleur renouvelable, qui sera instauré dans tous les bâtiments neufs (individuel, collectif et tertiaire) dès 2020 » et de « renforcer le Fonds chaleur dès 2018 avec un budget de 315 M€ en 2019 et 350 M€ en 2020 et en simplifier l’utilisation. » Les carburants biosourcés et le biogaz ou le gaz de synthèse (avec l’objectif que 10 % de la consommation de gaz soit d’origine renouvelable en 2030), ainsi que l’hydrogène, sont également encouragés. Le Syndicat des énergies renouvelables (SER) a salué dans un communiqué « une trajectoire claire qui doit permettre une véritable montée en puissance des énergies renouvelables. » Mais l’organisme « souhaite poursuivre les échanges avec le gouvernement dans les prochaines semaines afin d’affiner les trajectoires de certaines filières, particulièrement les énergies marines renouvelables », a expliqué son président, Jean-Louis Bal. La PPE doit maintenant être traduite dans un projet de décret qui sera soumis, comme la SNBC, à une vaste consultation. Un projet de loi pour amender le report de l’objectif de baisse de la part du nucléaire à 50 % en 2035 – une date qui devient officielle – et non à 2025 comme inscrit dans la loi de transition énergétique de 2015 devra également être examiné par le Parlement.
Les stations d’épuration au centre d’un partenariat
À l’occasion du Salon des maires, le SIAAP (principal syndicat d’assainissement d’Île-de-France) et GRDF ont signé une convention de partenariat en faveur du développement de la production de biométhane grâce à la méthanisation des boues des usines d’épuration des eaux usées. Outre la valorisation de ressources comme l’azote, le phosphore, et le carbone grâce à l’épandage des boues, la méthanisation des boues de stations d’épuration permet de produire du biogaz qui, épuré en biométhane, est injectable dans le réseau de gaz naturel exploité par GRDF, expliquent les partenaires dans un communiqué en date du 21 novembre.
Premier PPA pour EDF au Brésil
EDF Renouvelables au Brésil a annoncé le 28 novembre la signature d’un contrat de vente d’électricité de long terme (PPA) d’une durée de 20 ans avec Braskem, un des leaders mondiaux dans la fabrication de résines thermoplastiques. L’électricité sera produite par un projet éolien d’une capacité installée de 33 MW et situé à 350 km au nord-ouest de Salvador dans l’État de Bahia. La construction de cette extension du projet éolien de Folha Larga 1 (d’une capacité initiale de 114 MW) débutera en 2019. Elle a été remportée à l’enchère fédérale brésilienne d’avril 2018. « À travers ce contrat, Braskem est le premier industriel au Brésil à rejoindre les grandes entreprises qui comme Google, Microsoft, Kimberly-Clark, Salesforce, Procter & Gamble, Walmart et Yahoo font confiance à EDF pour leur fournir de l’électricité renouvelable et les accompagner ainsi dans leur transition énergétique », se réjouit le groupe dans un communiqué. « Avec un portefeuille d’environ 1000 MW de projets éoliens et solaires en construction ou en exploitation au Brésil, EDF Renouvelables figure parmi les leaders du secteur », ajoute l’entreprise.
Pour l’Ademe, point de salut hors ZNI
Dans son étude stratégique sur l’hydrolien marin, réalisée aux mois de mai et juin et publiée lundi 19 novembre, l’Ademe ne se montre pas très optimiste sur l’état d’avancement et les perspectives commerciales de la filière. « Un gisement très localisé et relativement limité, une filière dont la maturité technologique reste encore à parfaire […], des coûts en LCOE qui devraient rester au-dessus des 120€/MWh, même avec un développement industriel, […] et une place qui apparaît dans les mix énergétiques des Etats uniquement pour de forts taux d’intégration d’énergies renouvelables », telles sont les conclusions de ce document censé éclairer le gouvernement dans ses choix concernant un éventuel appel d’offres commercial pour cette technologie. « Au regard du rythme de développement de l’éolien offshore et au vu de la base installée de turbines hydroliennes par pays à date, le passage de l’hydrolien à un stade commercial parait anormal dans le court-terme. À un rythme de développement comparable, il faudrait encore 5 à 8 ans à la filière hydrolienne pour tester, optimiser et améliorer les turbines avant de lancer de vrais appels d’offres commerciaux », juge l’Ademe, qui estime que « même si une bonne partie des verrous techniques ont été résolus, la durée cumulée de test reste très faible et la majorité de la filière considère qu’elle ne peut garantir à date une absence d’avaries durant les premières années d’exploitation. » Pour autant, « l’intégration de l’hydrolien marin dans les zones isolées type ZNI [zones non-interconnectées, ndlr] est pertinente à court terme avec des LCOE proches de ceux des générateurs diesel et qui sont amenés à décroître au fil des années », veut croire l’agence, qui ajoute que « seuls le Canada (Nouvelle-Ecosse) et les ZNI à l’international pourraient être en mesure de constituer – en l’état des informations disponibles – la base d’un scénario stable à 2030. » L’étude souligne enfin « un positionnement compétitif de la filière française qui reste bon relativement aux autres pays, de par notamment la complétude de sa chaine de sous-traitants et l’avancement des acteurs clés tels les turbiniers, les acteurs de la connectique, etc. » Pour autant, « les éléments de visibilité sur la stratégie long terme et la pertinence de soutenir le développement commercial de la filière ne permettent pas de scénariser une base installée supérieure à 29 MW en 2030 », prévient l’agence.
Les ambitions de Synergie solaire
Au lendemain du dîner caritatif annuel organisé par Synergie solaire, sa présidente, Hélène Demaegdt, a répondu à nos questions sur les changements introduits par la loi PACTE et ses incidences sur Synergie solaire et ses partenaires. Le JDER : Concrètement, quelles sont les incidences de la loi sur l’agrément Entreprise solidaire d’utilité sociale (ESUS) et les entreprises à mission ? « Une entreprise à mission est une entreprise ou société commerciale qui intègre dans ses statuts un objectif d’ordre social ou environnemental. Cela signifie que l’entreprise se donne officiellement une mission qui vise à l’intérêt général, comme par exemple “l’accès aux Energies durables pour les plus démunis”, qui est l’objet même de Synergie Solaire. Les entreprises qui veulent développer leur RSE ou devenir entreprise à mission proprement dit peuvent ainsi s’approprier notre fonds de dotation et devenir grand donateur (15 000 € /an minimum). Elles peuvent ainsi intégrer la gouvernance, mais surtout bénéficier de notre expérience et être directement opérationnels. Ce, grâce à nos outils et réseaux développés depuis 2010. Enfin, Synergie Solaire met en place également du mécénat de compétence pour permettre aux collaborateurs de vivre concrètement cette implication de l’entreprise. » Le JDER : Quelles conséquences pour l’activité de Synergie solaire ? « Le fonds de dotation Synergie Solaire a depuis toujours été créé pour être au service des OnG et de toute une filière c’est à dire d’un ensemble d’entreprises qui pouvaient être concurrentes ou partenaires. Pour répondre à l’urgence écologique, nous proposons de dépasser la vision strictement économique de l’entreprise et d’y inclure une vision sociale et environnementale plus large , qui donne aussi du sens. Ce n’est plus de la philanthropie c’est bien plus que cela, et la loi Pacte ouvre la voie vers les véritables rôles que l’entreprise peut jouer dans la société. Synergie solaire a déjà bénéficié des dons de 170 entreprises de la filière énergies renouvelables, mais nous espérons voir grandir le nombre d’entreprises engagées avec nous, à travers nous, et surtout leur implication dans le long terme. »
Enercoop lance un appel d’offres pour des projets neufs
Le producteur et fournisseur d’électricité d’origine renouvelable Enercoop a annoncé le 21 novembre le lancement d’un appel d’offres pour des projets neufs d’énergies renouvelables (entre 1 et 10 MW). « L’appel d’offres est ouvert à tous les porteurs de projets et développeurs et vise à sélectionner les projets neufs d’énergies renouvelables qui pourront bénéficier d’un achat de leur production par Enercoop dans la durée (20 à 30 ans) et hors soutien public, pour une mise en service prévisionnelle avant fin 2020. L’électricité 100 % renouvelable qui sera achetée dans le cadre de cette consultation sera destinée à approvisionner exclusivement les clients-consommateurs Enercoop », précise la coopérative dans un communiqué. Enercoop affiche ainsi « sa volonté de passer à la vitesse supérieure en établissant des contrats d’achat de long terme pour des projets neufs hors soutien public », insiste l’Entreprise solidaire d’utilité sociale (ESUS). Enercoop est « fier de contribuer à l’émergence de ce nouveau modèle […] en cherchant à le rendre autant que possible accessible aux projets citoyens en amont et aux consommateurs de plus petite taille, en aval. » Pour cette consultation, le calendrier prévisionnel est le suivant : manifestation d’intérêt et de signature de l’accord de confidentialité jusqu’au 12 décembre, soumission des projets jusqu’au 18 janvier et sélection des projets jugés d’intérêt jusqu’au 22 février.
Adoption des objectifs d’efficacité énergétique et renouvelables
Les députés européens ont validé le 13 novembre l’objectif, contraignant, qui vise à atteindre d’ici 2030 une part de 32 % d’énergies renouvelables dans la consommation finale brute de l’UE (contre environ 17 % en 2016). Ils ont également adopté leur rapport sur la gouvernance de l’Union de l’énergie et validé l’objectif d’accroître de 32,5 % l’efficacité énergétique globale des pays membres d’ici 2030, par rapport au niveau de 1990. S’inscrivant dans l’application de l’accord de Paris sur le climat, cette résolution législative a été adoptée à 434 voix pour (104 contre). Si cet objectif est indicatif, ce qu’ont regretté certains eurodéputés, « c’est véritablement un texte européen où il faut que tout le monde joue le jeu, quitte à jouer après sur les recommandations de la Commission si un Etat ne respecte pas ses objectifs », a assuré, lors d’une conférence de presse, l’écologiste Michèle Rivasi, co-rapporteure du texte. Ces deux objectifs pourront être révisés à la hausse en 2023 en fonction notamment des avancées technologiques dans le domaine. Chaque pays devra aussi présenter un plan tous les dix ans en détaillant sa contribution pour atteindre ces objectifs et les mesures prises au plan national. Ces nouvelles obligations doivent encore obtenir l’aval formel du Conseil européen pour entrer en vigueur. Ces textes introduisent par ailleurs le droit à l’autoconsommation pour les citoyens européens auront le droit de produire de l’énergie renouvelable pour leur propre consommation, mais aussi de stocker et de vendre l’excédent. D’ici la fin de cette année, les États membres doivent faire parvenir à Bruxelles leurs premiers projets de plan national énergie/climat pour la prochaine décennie, tandis que la Commission doit adopter, pour février 2019, de nouveaux textes réglementaires qui complèteront la directive ENR en définissant des critères pour la certification des biocarburants et combustibles issus de la biomasse.
L’Ademe se dote d’un fonds d’investissement
L’Ademe a annoncé la création d’Ademe Investissement SAS, autorisée par un décret paru au Journal officiel du 11 novembre 2018. Cette société gérera les interventions en fonds propres de l’agence pour le compte de l’État dans le cadre du Grand plan d’investissements. Doté de 400 millions d’euros par la loi de finances 2017, il s’agit du « premier outil public de financement en fonds propres des infrastructures innovantes, aux côtés d’investisseurs privés », explique l’Ademe dans un communiqué du 13 novembre. « Il permettra d’accompagner les premières mises en œuvre commerciales issues de projets de recherche et d’innovation dans le domaine de la transition écologique et énergétique, notamment ceux soutenus jusqu’ici dans le cadre du programme ”Démonstrateurs de la transition écologique et énergétique” du Programme d’investissements d’avenir. » Le président de l’Ademe, Arnaud Leroy, explique : « le déploiement des projets d’infrastructures innovantes ainsi que la mise sur le marché rapide d’innovations concourent à accélérer la transition énergétique. La société Ademe Investissement va faciliter les premières commerciales en apportant une partie du financement sous la forme de fonds propres et en catalysant les autres financements. »
Engie annonce 800 M€ d’investissements sur 5 ans
« Nous allons calibrer un développement qui est assez important, qui va nous conduire à mobiliser, avec nos partenaires évidemment, jusqu’à 800 millions d’euros à l’horizon 2023 » pour le développement du biométhane, a déclaré la directrice générale d’Engie, Isabelle Kocher, à l’occasion de l’inauguration de l’unité de méthanisation de Beauce Gâtinais Biogaz sur la commune d’Escrennes (Loiret). Cette somme devrait atteindre près de 2 milliards d’euros d’ici à 2030 pour un volume de 5 TWh de biométhane par an à cet horizon. « Notre objectif, c’est de gagner entre 30 et 40 % en termes de coûts de ces filières à l’horizon 2030, pour une raison simple : cela permettra la parité en termes de coûts avec le gaz naturel. C’est l’objectif », a-t-elle ajouté. Le ministre de la Transition écologique et solidaire, François de Rugy, a pour sa part expliqué que « pour le gaz renouvelable c’est encore un chemin un peu plus long, on est encore plus loin en termes de prix [du marché] et c’est pourquoi nous avons demandé un effort aux industriels pour qu’ils puissent faire baisser les coûts de production. » Il a ainsi encouragé des « méthaniseurs à grande échelle » et s’est dit prêt à « revoir » les règles qui pourraient encore peser sur les coûts de la filière.