Le 13 février se sont réunis des riverains ainsi que des élus afin de manifester contre l’installation d’une unité de méthanisation à Corcoué-sur-Logne (Loire-Atlantique) porté par le Danois Nature Energy et la coopérative d’Herbauges. Ce projet prévoit entre autres de traiter 548 000 tonnes d’effluents d’élevages et 132 000 tonnes de cultures intermédiaires pièges à nitrate (CIPAN) par an avec l’engagement des 230 exploitations agricoles. Situé le long de la Départementale 65, il permettrait l’injection sur le réseau de gaz de Machecoul de 26 millions de Nm3 de biométhane par an. Cependant, des inquiétudes ont émergé de la part des riverains qui dénoncent notamment « 85 rotations de véhicules par jour » pour transporter les matières valorisables jusqu’à l’usine. La coordination rurale des Pays de la Loire (CRPL) alerte également sur le risque que certains exploitants abandonnent les cultures alimentaires pour se spécialiser dans les cultures énergétiques pour alimenter les méthaniseurs, bien que seules des cultures intermédiaires soient évoquées. En outre, la réglementation française interdit d’introduire plus de 15 % de cultures principales (cultures énergétiques remplaçant une culture alimentaire), en moyenne annuelle, dans un méthaniseur. Toutefois, aucun projet de cette envergure n’a jamais été développé en France, c’est pourquoi le maire de Corcoué-sur-Logne, avec d’autres élus et la Confédération paysanne ont demandé un moratoire sur la méthanisation ainsi qu’un débat public pour identifier les risques sur le foncier, la concurrence avec les cultures alimentaires, ainsi que les risques environnementaux. Pour des projets de cette taille, les études d’impact sont de toute façon obligatoires.
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HARP, nouvel outil destiné à la rénovation
Le 9 février, Solar Heat Europe a annoncé la sortie du nouvel outil en ligne du projet pour la Planification de la rénovation des systèmes de chauffage (HARP), pour aider les consommateurs dans la rénovation de leur système de chauffage. L’HARP est un projet mis en œuvre en France, en Allemagne, en Espagne, en Italie et au Portugal et financé par l’Union européenne (UE) dans le cadre du programme Horizon 2020. Il vise à encourager les consommateurs à remplacer leur ancien système de chauffage énergivore. En effet, d’après l’HARP, parmi les 126 millions de chauffages centraux que compte l’UE, plus de 60 % ont un score inférieur ou égal à C sur l’échelle de l’étiquette énergie, alors que leurs propriétaires n’en sont pas toujours conscients. Ce nouvel outil fournira aux usagers une réponse personnalisée grâce à son simulateur en ligne, un panorama des solutions existantes avec leurs bénéfices propres, un guide pour trouver des professionnels compétents pour déposer leur ancien système et installer le nouveau, ainsi que le panel des aides financières disponibles. Il permettra donc d’accompagner les propriétaires de systèmes inefficaces tout au long de leur projet de remplacement pour réduire les émissions de gaz à effet de serre issues de la chaleur domestique.
Air Liquide et Siemens s’associent
Le Français Air Liquide et l’Allemand Siemens Energy ont signé un protocole d’accord afin d’unir leurs expertises dans la technologie de l’électrolyse à membrane échangeuse de protons (PEM). Leur objectif est triple : la création de projets à grande échelle avec leurs clients dans la filière hydrogène, la fabrication d’électrolyseurs en Europe, et la recherche et le développement pour la prochaine génération d’électrolyseurs. Ils souhaitent demander des financements dans le cadre du Green New Deal et du programme Projet Important d’Intérêt Européen Commun (IPCEI), ainsi qu’à la France et l’Allemagne pour rapidement démarrer ces activités. Air Liquide est actuellement engagé dans le projet H2V Normandie, qui vise à construire une usine d’électrolyse de 200 MW, alimentée par de l’électricité verte, dans la zone industrielle de Port-Jérôme, sur la commune de Saint-Jean-de-Folleville entre Le Havre et Rouen. Les deux partenaires ont déjà identifié d’autres opportunités en France, en Allemagne, mais aussi dans d’autres pays européens, dans le but de créer un écosystème autour de ces technologies, et en particulier de l’électrolyse.
Valorisation d’énergie fatale au CERN
Le 27 janvier se sont réunis acteurs politiques et de la recherche du territoire franco-valdo-genevois dans le cadre de l’officialisation du projet de réseau d’énergie mis en œuvre par la SPL Territoire d’Innovation. Il s’agit d’un réseau intelligent de chaleur basse température qui valorisera la chaleur fatale émise par l’accélérateur de particules Grand collisionneur de hadrons (LHC) de l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN). Devant être maintenu à une température de -271°C, il rejette énormément de chaleur vers l’environnement, et la valoriser réduira ainsi l’impact carbone du refroidissement du LHC (voir le Journal des énergies renouvelables hors-série 2020 « La Climatisation Renouvelable« ). Il permettra de fournir une énergie composée à 55 % de chaleur de récupération à 20 000 consommateurs, à un prix inférieur à celui proposé aujourd’hui sur la commune française de Ferney-Voltaire (Suisse). L’ensemble du réseau est cofinancé à hauteur de 11 millions d’euros par l’Ademe et la Banque des Territoires, et représente un « cap en matière de coopération transfrontalière ». Il vise à utiliser plusieurs sources d’énergies, comme l’énergie fatale du LHC et des bâtiments connectés, en association avec des pompes à chaleur, ainsi que des systèmes de sondes géothermiques qui serviront à stocker la chaleur ou le froid suivant les saisons.
Nouvelle centrale au service de l’industrie
Le Français Newheat, basé à Bordeaux et spécialisé dans la production de chaleur renouvelable, annonce la signature d’un contrat avec Lacto Sérum France, filiale du groupe Lactalis (leader mondial des produits laitiers), pour la construction d’une centrale solaire thermique au sol de 15 000 m2 sur le site de Fromeréville-les-Vallons près de Verdun (Meuse). D’une puissance d’environ 13 MW, la centrale alimentera en chaleur la toute nouvelle tour de séchage qui sert à élaborer la poudre de lactosérum (petit lait). Ce projet, sélectionné et soutenu financièrement par l’Ademe dans le cadre de l’appel à projets « Grandes installations solaires thermiques » du Fonds Chaleur, recevra également le soutien financier du Groupement d’Intérêt Public Objectif Meuse ainsi qu’une aide de la Région Grand Est via son programme Climaxion, piloté en partenariat avec l’Ademe. Cette nouvelle centrale permettra à l’usine de réduire sa consommation de gaz et de réduire ses émissions de CO2 de 2 000 tonnes par an. Les travaux débuteront dès cet été pour une mise en service au premier trimestre 2022. En juin 2019, Newheat avait mis en service une centrale similaire sur le site des papeteries Condat (Dordogne).
Total et Engie, associés dans l’hydrogène vert
Le 13 janvier, Total et Engie ont annoncé un accord de coopération pour concevoir, développer, construire et exploiter une unité de production d’hydrogène vert. Baptisé Masshylia, le projet sera localisé sur le site de la raffinerie de la Mède de Total à Châteauneuf-les-Martigues (Bouches-du-Rhône). Un électrolyseur de 40 MW sera alimenté par des fermes solaires d’une capacité globale de plus de 100 MW pour une capacité de production de 5 tonnes d’hydrogène par jour. Cette production, entièrement d’origine renouvelable, pourra couvrir les besoins du processus de production de biocarburants de la raffinerie et permettra d’éviter 15 000 tonnes d’émissions de CO2 par an. La mise en chantier est prévue en 2022 pour un début de production en 2024 sous réserve de la mise en place de soutiens financiers et de l’obtention des autorisations publiques nécessaires. Le projet Masshylia est porté par plusieurs acteurs locaux (région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, Métropole Aix-Marseille-Provence, pôle de compétitivité Capenergies). À terme, les deux partenaires envisagent de dupliquer ce type de réalisations pour des sites ayant des capacités de production de 15 tonnes d’hydrogène renouvelable par jour.
Les conditions du 100 % renouvelable
Le 100 % d’électricité renouvelable est techniquement possible, assurent le Réseau de Transport d’Électricité (RTE) et l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE). Dans un rapport commun publié le 27 janvier, ils décrivent quatre conditions strictes et cumulatives que les politiques publiques doivent prendre en compte afin de s’orienter vers un mix électrique à forte proportion d’énergies renouvelables, jusqu’à 100 %, à l’horizon 2050. Cette étude marque une étape importante, qui s’insère dans un programme de travail plus vaste visant à élaborer et à comparer des scénarios de transformation à long terme du système électrique français, pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Le premier point rappelle qu’il existe aujourd’hui un consensus scientifique sur la réalité de solutions technologiques permettant de maintenir la stabilité du système électrique sans production conventionnelle. Seul un système basé trop fortement sur du photovoltaïque pourrait rencontrer des problèmes de sûreté, qui restent encore à évaluer. Le deuxième point insiste sur l’importance de la flexibilité (pilotage de la demande, stockage à grande échelle ou bon développement des interconnexions transfrontalières des réseaux) pour garantir la sécurité d’alimentation électrique. Des actions dans ces domaines sont donc à entreprendre en parallèle au développement d’un système principalement porté par des énergies renouvelables. Le troisième point appelle à une révision du cadre réglementaire définissant les responsabilités d’équilibrage et la constitution des réserves opérationnelles. Il relève aussi l’importance du souci d’amélioration continue des méthodes de prévision de la production renouvelable variable. Enfin, la dernière condition porte sur l’effort substantiel à consacrer au développement des réseaux d’électricité à compter de 2030, tant au niveau du transport que de la distribution. À l’occasion de la présentation du rapport, Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE a déclaré : « La France s’est engagée dans la neutralité carbone pour 2050. Tous les scénarios nationaux envisagent à cette échéance davantage d’électricité décarbonée et des volumes importants de renouvelables. Pour se diriger vers un mix à très fortes parts d’énergies variables, bien qu’il n’y ait aucune barrière technique infranchissable a priori, il faut regarder les faits scientifiques, techniques et industriels : il reste beaucoup de sujets à résoudre. Le rapport suggère une méthode et des feuilles de route pour traiter ces enjeux. » Des études complémentaires, présentées à l’automne, évalueront le coût économique, l’empreinte environnementale et l’impact sur le mode de vie des français, selon différents scenarii, conclut RTE.
Accélérer les investissements dans le réseau
Le 14 janvier, un décret a été publié au Journal officiel pour relever le plafond annuel du dispositif d’aide au renforcement des réseaux de distribution de gaz naturel pour le raccordement des installations de production de biométhane. Initialement, les gestionnaires de réseau de gaz, comme GRDF ou GRTgaz, se sont vu imposer un plafond correspondant à 0,4 % des recettes annuelles des tarifs d’utilisation du réseau ATRD et ATRT (Accès des Tiers aux Réseaux de Distribution et de Transport de gaz naturel). Le décret n° 2021-28 du 14 janvier porte ce chiffre à 2 %. Cette décision devrait permettre d’accélérer le développement de la production de biométhane, afin d’atteindre les objectifs de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Celle-ci prévoit 14 à 22 TWh de biométhane injecté dans le réseau de gaz en 2028, pour une production totale de biogaz (incluant la cogénération) de 24 à 32 TWh PCS.
Le lobby du gaz se mobilise
Un collectif composé d’acteurs de la filière gaz a lancé une pétition adressée notamment à la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili « pour une nouvelle RE2020 multi-énergies ». La Réglementation environnementale 2020 (RE2020) est la nouvelle réglementation encadrant la construction neuve, succédant à la réglementation thermique 2012 (RT2012). Elle fixe de nouvelles règles concernant les usages énergétiques et l’enveloppe du neuf individuel et collectif. Ce collectif gazier estime qu’elle représente un danger pour les filières du gaz, car elle favoriserait certains systèmes fonctionnant à l’électricité comme les PAC, notamment pour les usages de chauffage. Les chaudières à gaz sont dorénavant en revanche considérées trop polluantes, car contraires aux ambitions climatiques françaises et seront donc bannies des constructions neuves d’ici l’été 2021. Le collectif demande de laisser le choix de l’énergie utilisée aux citoyens plutôt que d’interdire, afin d’assurer la pérennité de la filière gazière représentant 130 000 emplois en France. Concernant le poids des constructions neuves dans les consommations de gaz en France, rappelons qu’elles représentent chaque année environ 1,1 % des logements au total. De plus, d’après les diagnostics de performance énergétique (DPE) un logement moyen en France consomme 250 kWh/m²/an contre 50 kWh/m²/an pour le neuf afin de respecter la précédente réglementation (RT2012). Le collectif s’oppose également à cette RE2020 au motif de soutenir le gaz renouvelable. Mais, d’après GRTgaz, le gaz commercialisé en France était en 2019 à 99,74 % non-renouvelable et l’objectif national ne vise pas à additionner la consommation de gaz renouvelable au gaz fossile actuellement consommé, mais bien à s’y substituer, en commençant par les logements existants. La filière gaz, par le biais du biométhane et de l’hydrogène, a donc bien son rôle à jouer dans la transition énergétique.
Un rythme de raccordement insuffisant en 2020
En partenariat avec l’Ademe et la FNCCR, Observ’ER a publié le 11 janvier dernier la onzième édition de son baromètre des énergies renouvelables électriques en France. L’ouvrage présente en détail, et par région, l’actualité des huit principales filières de production d’énergie renouvelable électrique sur les 12 derniers mois afin d’éclairer les territoires sur leur trajectoire en matière de transition énergétique. Parmi l’ensemble des informations de l’ouvrage, deux peuvent être mises en avant. Le rythme de progression du parc électrique renouvelable s’avère une nouvelle fois trop lent en 2020. Si la crise du Covid a joué un rôle, les professionnels interrogés par Observ’ER pointent surtout les sempiternelles lourdeurs administratives, les restrictions d’accès au foncier en raison des servitudes aéronautiques militaires ou civiles mais aussi la montée de difficultés d’acceptabilité des nouvelles installations par les populations locales. Autre résultat du baromètre, l’analyse des objectifs renouvelables électriques des nouveaux schémas régionaux d’aménagement (SRADDET) montre que si de belles ambitions sont affichées (notamment dans le photovoltaïque) il n’en demeure pas moins une interrogation sur la capacité des territoires à réaliser leurs objectifs. La croissance des filières reste en effet encore largement pilotée par les appels d’offres de la Commission de régulation de l’énergie.