L’Ademe propose 4 scénarios de neutralité carbone

Après l’association Negawatt, l’Ademe dévoile 4 scénarios prospectifs pour que la France atteigne la neutralité carbone en 2050. Le scénario S1 « Génération frugale » propose des changements de société profonds, avec une redéfinition des indicateurs de bien-être pour tendre vers une véritable frugalité, en se basant sur des solutions maîtrisées et éprouvées, et la généralisation des techniques low-tech. À l’inverse, le scénario S4 « Pari réparateur » propose peu de changements de mode de vie par rapport à aujourd’hui, mais parie sur une croissance économique soutenue et des révolutions technologiques, notamment sur la capture et le stockage de CO2, le stockage d’énergie et l’efficacité énergétique. Si le scénario S1 se heurte à des risques de clivages politiques forts au sein de la société, le S4, lui, se heurte au réalisme technologique et aux limites physiques. Les scénarios S2 « Coopérations territoriales » et S3 « Technologies vertes » se présentent ainsi comme des voies médianes, mais exigent également de profondes transformations. Pour ces 4 scénarios l’Ademe prend comme hypothèse une part de 70 % d’énergie renouvelable dans le mix énergétique, avec une forte électrification des usages comme le proposent déjà les scénarios de RTE (« Futurs énergétiques 2050 ») et Negawatt. Quels que soient les choix de société, l’Ademe appelle à organiser un débat structurant sur 5  problématiques : la sobriété, les puits de carbone, les régimes alimentaires, le bâtiment, et le modèle industriel.

Station d’hydrogène vert dans le Vaucluse

Le 22 novembre s’est déroulée une conférence de presse à Monteux au cours de laquelle les représentants de la Communauté de communes Les Sorgues du Comtat (Vaucluse) et l’entreprise Hynoé ont présenté le projet de station d’hydrogène vert, qui devrait s’installer à Sorgue, l’une des cinq communes de l’intercommunalité. Il est prévu qu’elle fournisse jusqu’à 400 kg d’hydrogène vert par jour d’ici 2024, afin d’alimenter des poids lourds, bus, bennes à ordures et chariots-élévateur. L’hydrogène doit être produit par des électrolyseurs alimentés par de l’électricité photovoltaïque, provenant d’installations construites sur le territoire des Sorgues du Comtat. Les élus mettent en avant la diminution de la pollution atmosphérique comme les particules fines, mais également une réduction de la pollution sonore. La jeune société Hynoé, basée à Marseille qui compte 70 salariés pour un chiffres d’affaires de 15 millions d’euros, affirme vouloir investir 4 millions d’euros dans ce projet de station d’hydrogène vert.

Une chaufferie biomasse à Compiègne

Initiés en 2020, les travaux de construction de la chaufferie biomasse de Compiègne avancent à grand pas avec une mise en service prévue pour début 2022. Pour la rénovation de son réseau de chaleur, la Ville de Compiègne a mandaté Engie Solutions qui est chargé de construire une chaufferie biomasse d’une puissance de 14 MW alimentée par des bois de récupération issus de l’entretien des forêts ainsi que du bois de palettes (caisses, cagettes…) provenant d’un rayon inférieur à 100  kilomètres. À la mise en service, le réseau sera alimenté à 65 % par de la chaleur renouvelable issue de la biomasse. Le réseau de chaleur de Compiègne alimente 66 sous-stations, fournit chauffage et eau chaude sanitaire à 9 000 équivalents logements, dont 6 000 foyers sur un total de 16 kilomètres de réseau. Ce projet bénéficie du soutien de l’Ademe dans le cadre du Fonds Chaleur.

À Toulouse, les boues se transforment en biogaz

Le 15 novembre dernier, a été inaugurée l’unité de méthanisation de Ginestous-Garonne située à Toulouse. Construit sur le site de la station d’épuration de Ginestou, le méthaniseur est alimenté par les boues des eaux usées de la métropole toulousaine et le biogaz produit sera épuré et injecté sous forme de biométhane dans le réseau de GRDF. La production attendue est de 52 GWh annuels en augmentation progressive pour atteindre 61 GWh dans 15 ans. La mise en service de l’unité de méthanisation va par ailleurs permettre la fermeture de la plateforme de compostage des boues à l’origine de fortes nuisances olfactives et dénoncées depuis plusieurs années par les riverains. Près de 34 millions d’euros ont été investis dans ce projet, financé à 67% par Toulouse métropole, avec le soutien de la Région, de l’Ademe et de GRDF.

Enquête annuelle du SNCU : peut mieux faire

Le Syndicat National du Chauffage Urbain (SNCU) a présenté le 9 novembre son enquête annuelle sur les réseaux de chaleur et de froid pour 2020. Il ressort que le chauffage par les 833  réseaux de chaleur du territoire a livré 25,4 TWh net sur l’année 2020  (contre 25,6 TWh en 2019) pour une production brute de 30,4 TWh, soit 5,65 millions de tonnes de CO2 évitées. Le taux d’énergie renouvelable et de récupération utilisé dans les réseaux de chaleur augmente peu (+1,1 %) et atteint 60,5 %, dont la majorité (28,3 %) provient d’unités de valorisation énergétique des déchets, et de biomasse (21,2 %). Avec un contenu carbone de 129 g/kWh en analyse de cycle de vie, l’Ademe estime le coût de la tonne équivalent CO2 évitée par les réseaux de chaleur à 37 €, soit un prix inférieur à ceux pour l’éolien, le photovoltaïque ou les pompes à chaleur. Les 33 réseaux de froid, puisant l’eau dans les rivières, en mer ou dans les nappes géothermiques, ont quant à eux livré 0,81 TWh en 2020 (contre 0,96 TWh en 2019) avec un contenu moyen de 11 gCO2 / kWh. La présidente du SNCU pointe les besoins de soutenir le développement de tels réseaux par des subventions ciblées ainsi que la sensibilisation des élus. L’Île-de-France est toujours de loin la première région en termes de réseaux de chaleur (115) et de froid (9), mais aussi celle avec un des plus forts taux d’énergie fossile (46 %). Au niveau national, le gaz représente plus d’un tiers de l’énergie utilisée, malgré des objectifs d’utilisation de la part de la biomasse, de la géothermie et des déchets dans le mix énergétique national devant encore tripler à l’horizon 2030.

Une centrale hydroélectrique à Vichy

La filiale d’EDF, SHEMA, vient d’annoncer le début des travaux de la nouvelle centrale hydrolélectrique de Vichy (Allier) qui fait partie des sites retenus par le ministère de la Transition écologique, dans le cadre d’un appel d’offre lancé en 2016. Le site, constitué de deux turbines sera construit sur la rivière Allier en aval du pont barrage avec l’intégration d’une nouvelle passe à poissons dans le cadre de la préservation de la faune piscicole. Selon la filiale d’EDF, la centrale, d’une puissance de 3,5 MW, produira de l’électricité pour la consommation de 7 600 personnes soit environ 30 % de la population de Vichy. La fin des travaux de l’ouvrage est prévue pour 2023.

Autoconsommation collective et stockage hydrogène

Précurseur au niveau européen, le quartier bas carbone Atlantech, situé dans l’agglomération rochelaise, est un site pilote dans les domaines de l’efficacité énergétique, de l’écoconstruction, du développement durable et de la mobilité douce. Parmi les différentes technologies développées, vient d’être inauguré un démonstrateur d’autoconsommation collective relié à un électrolyseur qui produit de l’hydrogène pour stocker le surplus d’électricité et alimenter des offres de mobilités décarbonées. Il s’agit d’une ombrière de parking équipée de 304 kW photovoltaïques, qui alimente à 100 % en autoconsommation quatre points de livraison : le bâtiment du pôle d’innovation Lab’In Tech ainsi que des bornes de recharge d’éclairage public et de véhicules électriques. Le système est relié à un électrolyseur de 138 kW, qui produira 3 tonnes d’hydrogène par an. L’objectif est d’explorer l’ensemble de la chaîne de valeur de la boucle énergétique et de comprendre comment le solaire et l’hydrogène peuvent s’associer et s’optimiser. Aujourd’hui stocké dans des bonbonnes, l’hydrogène sera disponible à la pompe dans les mois qui viennent pour des véhicules du site équipés : voiture, vélos, vélos cargo, etc. Ce premier démonstrateur a pour vocation d’être déployé sur l’ensemble du site Atlantech à travers une boucle à l’échelle de tout le quartier. Certains bâtiments étant parfois excédentaires en énergie et d’autres déficitaires, le mix des usages : bureaux, habitations, enseignement, services assurera un équilibre et optimisera la répartition de l’autoconsommation sur le site. Ainsi, la production photovoltaïque des habitations pourra alimenter les besoins des bureaux plus importants en semaine et l’inverse le week-end lorsque les habitants sont chez eux.

Bolloré Energy se lance dans les biocarburants

Depuis quelques semaines, Bolloré Energy, filiale du groupe Bolloré, commercialise un carburant 100 % biodiesel (B100), baptisé Koolza 100. Ce carburant alternatif est produit uniquement à partir de colza cultivé et transformé en France. Bolloré Energy vient ainsi concurrencer d’autres groupes déjà sur le marché comme Oleo100, filiale du groupe Avril, ou encore Altens avec cependant toujours l’épineux débat de l’utilisation de terres agricoles pour des besoins non alimentaires. Réservé à une clientèle de professionnels (transporteurs, industrie ferroviaire, etc.), le Koolza 100 est compatible avec la plupart des camions disponibles. « Ce nouveau produit constitue une alternative écologique au diesel fossile avec une autonomie équivalente. Il permet notamment de réduire les émissions de CO2 de 60 % et les émissions de particules fines de 80 % », annonce Bolloré Energy ajoutant « contrairement au produit fossile, il n’est pas classé comme un produit dangereux ou nocif pour l’environnement ». Dès 2022, plus de 30 % des livraisons du B100 par ses fournisseurs seront également effectués par des camions utilisant ce nouveau carburant avec l’objectif d’atteindre 100 % en 2023. Le Koolza 100 peut également trouver des débouchés dans le transport ferroviaire puisque Bolloré Energy le teste sur des trains entre Paris et Granville (Manche). Les quinze trains de cette ligne ont une motorisation bi-mode. La voie n’est en effet électrifiée que jusqu’à Dreux (Eure-et-Loir), obligeant ensuite à recourir au moteur diesel.

Hydrogène issu de la biomasse

Les Établissements Roussel, Haffner Energy et le groupe Thevenin & Ducrot annoncent le lancement du projet de production d’hydrogène à partir de biomasse, comprenant également une station multi énergie, un ensemble de véhicules lourds à hydrogène, et des tube-trailer (conteneurs spéciaux pour le stockage et le transport d’hydrogène). Ce projet se base sur la technologie HYNOCA,développée par Haffner Energy, qui exploitera de la biomasse locale (issue d’exploitation agricole, forestière et viticole) collectée et traitée par les Établissements Roussel, entreprise familiale spécialisée dans le bois énergie. Forte du dépôt de 14 familles de brevets, HYNOCA permettrait de produire et de distribuer localement, à partir d’un combustible très accessible, de l’hydrogène sans dépendance à l’électricité. La distribution aux clients s’effectuera grâce à une nouvelle station multi-énergie de Thevenin & Ducrot (copropriétaire de la marque AVIA). Cette station d’une capacité de 720 kg d’hydrogène vert par jour sera construite à Montmarault, dans l’Allier, pour une mise en service prévue en 2023. Il s’agit du premier projet du plan de Thevenin & Ducrot consistant à déployer une filière hydrogène sur aire de service et qui devrait être suivi d’un second de taille équivalente à Chamboeuf, en Côte-d’Or. Hors achat des véhicules, l’investissement total pour ces deux projets s’élève à près de 30 millions d’euros. Le projet est également cofinancé par Jean-Paul Fargheon, un tiers-investisseur privé désireux de participer à la création de la filière hydrogène.

RTE dévoile ses scénarios 2050

Lundi 25 octobre, RTE, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité en France, a présenté les principaux résultats de son rapport « Futurs énergétiques 2050 » et c’est peu dire qu’ils étaient attendus. Lancé en 2019 à la demande du gouvernement, cet exercice prospectif dresse trois trajectoires d’évolution de la consommation électrique. Une trajectoire dite « de référence » mènerait la consommation nationale à 645 TWh en 2050, soit une augmentation de 35 % par rapport à aujourd’hui, une trajectoire  « sobriété » placerait la consommation à 555 TWh/an et une troisième alternative, baptisée « réindustrialisation profonde », se solderait par une consommation de 755 TWh/an. Les 6 scénarios de production électrique présentés lundi s’inscrivent dans la trajectoire de référence, les scénarios correspondant aux autres trajectoires devant être publiés d’ici mars prochain. Ils s’intègrent tous dans le cadre de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) adoptée en 2020. Chacun de ces scénarios permet ainsi non seulement de garantir la sécurité d’approvisionnement à tout moment, mais aussi d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Deux familles de scénarios ont été développées. D’une part, les trois options « N » (N1, N2 et N03) prévoient le déploiement de nouveaux réacteurs nucléaires (de huit à quatorze selon les scénarios), ainsi que le prolongement jusqu’à soixante ans d’une partie du parc actuel (pour l’option N03). L’énergie nucléaire fournirait alors entre 25 % et 50 % de l’électricité produite en France, associée cependant à une part importante de renouvelables car ces technologies pèseraient entre 50 % et 75 % dans ces scénarios  « avec nucléaire ». L’autre famille est celle des options « M » qui décrivent un mix basé à 100 % sur les énergies renouvelables en 2050 (M0) ou 2060 (M1 et M23), avec des variantes dans leur mode de développement. Ainsi dans le scénario médian (M1), le photovoltaïque atteindrait 214 GW de capacité raccordée, dont 35 GW dans le secteur résidentiel. Cela reviendrait à équiper une maison sur deux en panneaux photovoltaïques en autoconsommation partielle. L’éolien terrestre se situerait à 59 GW, soit 3,5 fois plus qu’aujourd’hui, auquel devraient s’ajouter 45 GW d’éolien en mer (contre 0 GW aujourd’hui). Suivant les trois scénarios « M », en 2050, le solaire occuperait de 0,1 à 0,3 % du territoire et la France compterait de 14 000 à 35 000 éoliennes, contre environ 8 500 à l’heure actuelle. Enfin, pour chaque option, qui désigne donc un système électrique global en 2050, est estimé son coût complet à l’horizon 2060. Les résultats vont de 59 milliards d’euros par an (scénario N03 avec 50 % de nucléaire en 2050) à 80 milliards d’euros par an (scénario M1, avec 100 % d’énergies renouvelables en 2060). Selon RTE, cette différence de coût se justifie essentiellement par la restructuration du réseau électrique nécessaire au développement massif des énergies renouvelables et par les dispositifs de flexibilité destinés à pallier les variations de la production renouvelable. Mais en cas de dérive des délais et des coûts de construction de nouveaux réacteurs nucléaires, comme l’expérimente actuellement l’industrie nucléaire avec les EPR de première génération, le bilan économique serait équivalent pour les deux scénarios. Les nouveaux réacteurs nucléaires envisagés, EPR2 et les petits réacteurs modulaires (SMR), n’existent encore que sur le papier en France.Pour Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE, cet exercice doit contribuer à un débat « le plus éclairé et le plus documenté possible » mais il avance également qu’il y a désormais « urgence à choisir une orientation ». « Nous sommes dans une course contre la montre pour répondre à la crise climatique. Tous les scénarios nécessitent des investissements considérables sur lesquels il est temps de prendre une option ».