Un appel d’offres technologiquement neutre en préparation

« Nous allons lancer un appel d’offres photovoltaïque et éolien », a déclaré Virginie Schwarz, directrice de l’énergie à la direction générale de l’énergie et du climat (DGEC), lors des Assises nationales de l’éolien terrestre organisées le 16 novembre par le SER. « Nous le faisons parce que la Commission européenne nous l’a demandé. » Il s’agira du premier appel d’offres dit de « technologie neutre », mettant en concurrence ces deux énergies renouvelables. Et, on l’aura compris, ce n’est pas l’option préférée des pouvoirs publics et industriels français, lesquels souhaitent conserver les appels d’offres par technologie, avec, notamment, l’appel d’offres pluriannuel éolien, dont la première phase se termine le 1er décembre. « Nous sommes convaincus que cela montrera bien, à la fin, en comparant les deux solutions, que les appels d’offres par technologie sont plus efficaces », a ajouté Virginie Schwarz. Pour les industriels, la récente expérience espagnole devrait décourager Bruxelles d’engager l’Europe dans cette voie. Sur un appel d’offres multi-énergies de 3 000 MW, la quasi-totalité des capacités (2 979 MW) avait finalement été attribuée à l’éolien, au détriment du solaire.

Hulot veut un « plan précis » pour les renouvelables

« EDF peut se revitaliser grâce aux renouvelables… Son intérêt n’est pas de se cacher la tête dans le sable comme une autruche, mais d’être comme une girafe et de regarder au loin », explique Nicolas Hulot, dans le Financial Times du 14 novembre. « Demain, la norme ne doit plus être l’énergie nucléaire mais les énergies renouvelables. C’est un bouleversement complet de notre modèle », ajoute le ministre de la Transition écologique et solidaire. Et de demander à l’énergéticien  EDF, dont l’État est actionnaire à hauteur de 83,40 %, un « plan précis » pour assurer le développement des énergies renouvelables en France et la réduction de la part du nucléaire dans le mix énergétique français. « Tout est sur la table, nous sommes en phase de discussion », déclare Nicolas Hulot, qui, selon le journal britannique, réfléchit notamment à l’architecture de l’entreprise, mais ne remet pas nécessairement en cause sa direction actuelle. « EDF a deux priorités : gérer l’énergie nucléaire d’un côté, et les renouvelables de l’autre. Comment EDF doit-il faire face aux défis du XXIe siècle ? Une réflexion est en cours », confie le ministre, qui a récemment repoussé l’échéance de 2025 admise pour la réduction à 50 %, de la part du nucléaire dans la production d’électricité en France (contre près de 75 % actuellement).

Les pistes pour verdir l’industrie

Dans son récent insight paper intitulé Les énergies renouvelables pour l’industrie , disponible sur le site de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), Cédric Philibert dévoile les directions envisageables pour réduire l’impact carbone de l’industrie. « La principale conclusion de ce rapport est que les récentes et rapides réductions des coûts du solaire photovoltaïque et de l’éolien peuvent permettre de nouvelles options pour verdir l’industrie », explique-t-il. Soit directement à travers l’électricité, soit à travers la production de biocarburants et produits chimiques riches en hydrogène. Un marché important pourrait être lié à la réduction par l’hydrogène de l’utilisation de minerai de fer pour la sidérurgie, qui est une source très importante d’émissions de CO2. L’hydrogène pourrait également être combiné avec du CO2 recyclé ou pris dans l’air, pour fabriquer du méthanol et toute une série de produits chimiques, voire d’hydrocarbures, donc de combustibles et de carburants. Des marchés qui pourraient dépasser le premier marché de l’hydrogène propre, lié aux usages actuels de l’hydrogène : production d’ammoniac pour la fabrication d’engrais azotés, appoint d’hydrogène au raffinage, notamment.   

75 M€ pour les Tepos

Le gouvernement va « débloquer une enveloppe de 75 millions d’euros dans le cadre du projet de loi de finance rectificative pour répondre aux premières urgences sur les projets engagés », a déclaré Sébastien Lecornu, secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, interpellé à l’Assemblée nationale lors des questions au gouvernement du 14 novembre. Ces projets font partie du dispositif « Territoire à énergie positive pour la croissance verte » (Tepos) lancé en 2014 par Ségolène Royal, alors ministre de l’Environnement, de l’énergie et de la mer. Au total, plus de 500 territoires lauréats ont été désignés, portant à 750 millions d’euros l’ensemble des engagements conclus par l’État, alors que les crédits de paiement prévus se montent à seulement 400 millions d’euros. Pointant une « impasse de financement », le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, avait envoyé fin septembre une circulaire aux préfets pour durcir les règles de gestion de ce dispositif, suscitant la colère et l’inquiétude de nombreuses collectivités. Interpellé au Sénat fin octobre, le ministre avait promis des mesures, assurant que « la parole de l’État [serait] tenue » et que le ministère cherchait à faire « un état des lieux précis » de la situation.

Direct Energie finalise l’acquisition de Quadran

En négociation avec Quadran depuis juin dernier, Direct Energie a annoncé, le 31 octobre, la finalisation de l’acquisition du producteur d’énergies renouvelables. « Cette acquisition s’inscrit dans la stratégie d’intégration verticale menée par Direct Energie, et vient renforcer la présence du nouvel ensemble sur les activités de production », explique le fournisseur d’énergie dans un communiqué. L’opération concerne les activités éoliennes terrestre, solaires, hydrauliques et biogaz en France métropolitaine et dans les territoires d’outre-mer. Fin 2016, le parc installé par Quadran totalisait plus de 360 MW bruts, et le producteur compte atteindre 800 MW d’ici fin 2018. « Depuis le 1er janvier 2017, plus de 150 MW ont déjà été raccordés », est-il précisé.

Les chantiers délicats de la COP23

Sous la pression de derniers bilans climatiques alarmants, la communauté internationale, États-Unis inclus, se retrouve depuis le 6 novembre, et jusqu’au 17 novembre, à Bonn (Allemagne). La mission est délicate : avancer sur une mise en œuvre urgente de l’accord de Paris contre le réchauffement. L’enjeu est donc désormais de conduire les pays à réviser leurs ambitions. L’autre mission, très concrète, de cette COP23 est d’avancer sur les règles d’application de l’accord de Paris. Le tout, sur fond d’inconnue américaine. Washington, qui veut sortir de l’accord mais ne pourra le faire concrètement avant novembre 2020, a réaffirmé son intention de participer aux débats sur les règles d’application, dans l’idée de « protéger (ses) intérêts » nationaux. Une lueur d’espoir, cependant : la part du solaire et de l’éolien a franchi cette année la barre des 10 % de l’électricité totale produite aux États-Unis en un mois, selon les autorités. Ainsi, en mars, 8 % provenaientt de l’éolien et 2% du solaire. Le climatologue Michael Mann, de l’université d’Etat de Pennsylvanie, cité par l’AFP, estime « possible » que les États-Unis atteignent leurs objectifs de réduction des émissions carboniques fixés par l’accord de Paris, « avec ou sans Trump ». Et de citer en ce sens « les progrès suffisants réalisés au niveau local et des Etats, l’engagement de nombre de grandes entreprises et l’élan inéluctable des énergies renouvelables ».

Clap de fin pour l’expérimentation de Paimpol-Bréhat

OpenHydro, filiale de Naval Group (ex. DCNS), et EDF ont annoncé le 6 novembre l’arrêt de l’expérimentation d’hydroliennes au large de Paimpol-Bréhat, en Bretagne. Les deux partenaires expliquent que « le retour d’expérience [tiré] de la construction, de l’immersion et des essais des hydroliennes OpenHydro sur le site expérimental de Paimpol-Bréhat […] conduit à clore cette phase importante de développement ». Ils prévoyaient pourtant de remettre les deux machines de 16 mètres de diamètre à l’eau d’ici la fin de l’année. En raison d’un problème sur l’un de leurs composants, les hydroliennes avaient dû être sorties de l’eau début 2017 pour être réparées à Cherbourg, là où elles avaient été assemblées. EDF et Naval Energies assurent toutefois que, malgré l’arrêt de cette expérimentation, ils « poursuivent le projet de ferme pilote Normandie Hydro, qui vise l’installation de sept hydroliennes en mer dans le raz Blanchard ». Naval Group développe, par ailleurs, un projet de parc hydrolien expérimental (Cape Sharp) au Canada. « Une fois la technologie confirmée sur le projet expérimental canadien de Cape Sharp, EDF sera en capacité de lancer la phase industrielle du projet Normandie Hydro », indiquent les deux groupes.

Mise en service d’une importante unité de méthanisation agricole

« La plus importante unité de méthanisation de France, créée par des agriculteurs pour des agriculteurs, est entrée en fonction courant octobre à Vihiers (Maine-et-Loire) », se félicitent le département et la Chambre d’agriculture du Maine-et-Loire dans un communiqué publié le 27 octobre. Quatre années de travail sous la houlette de la Chambre d’agriculture de Maine-et-Loire et 8 M€ auront été nécessaires pour que ce projet, en gestation depuis 2011, voit le jour. L’unité de méthanisation de Vihiers, exploitée par la société Bioénergie, fédère aujourd’hui 44 actionnaires « exploitations agricoles » représentant 100 associés. « Un exemple unique en France pour une unité de cette taille », explique le communiqué. Bioénergie traitera ainsi chaque année environ 56 000 tonnes d’effluents d’élevage dont la transformation permettra de produire de l’électricité correspondant à la consommation de 4 000 foyers. La chaleur fournie par le moteur alimentera également les équipements publics situés à proximité (halte-garderie, pôle santé, piscine, futurs logements,…). Les digestats liquides et solides, quant à eux, feront l’objet d’un épandage pour l’enrichissement des cultures des exploitations des actionnaires.

4e appel à projets méthanisation

La direction régionale Île-de-France de l’Ademe et la Région Île-de-France ont annoncé le 25 octobre le lancement de leur 4e appel à projets commun visant à « impulser le développement de la méthanisation durable ». L’objectif du Schéma régional climat air énergie (SRCAE) de la région vise à couvrir 11 % de la consommation énergétique régionale par les énergies renouvelables à l’horizon 2020 dont un cinquième par le biogaz issu de la méthanisation. Celui-ci pouvant être valorisé par combustion, cogénération ou encore injection dans le réseau. Les projets peuvent être de différentes tailles (à la ferme, territoriaux, industriels ou en station d’épuration) et « le caractère innovant et reproductible en Île-de-France des projets sera également un facteur pris en compte », précise l’Ademe sur son site. La clôture des candidatures est fixée au 11 janvier et sera suivie de l’audition des candidats en mars. 

Nicolas Hulot annonce un green deal en 2018

Le ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot présentera « dans la première partie de 2018 » un « green deal » pour soutenir « la transition énergétique, l’efficacité énergétique, le développement des renouvelables, les nouvelles filières industrielles », a-t-il annoncé le 28 octobre dans un entretien à nos confrères du Monde. « Si nous voulons réduire la part du nucléaire, il faut que les Français acceptent la présence des énergies renouvelables sur leur territoire », poursuit Nicolas Hulot. Autre annonce dans laquelle le ministre est impliqué, le memorandum d’entente entre l’Alliance mondiale pour les solutions efficientes (initiée à la suite du projet Solar Impulse) et l’Ademe. C’est en effet en présence de Nicolas Hulot que Bertrand Piccard, Président de la fondation Solar Impulse, et Bruno Lechevin, président de l’Ademe, ont signé cet accord le 30 octobre. Il renforce leur coopération pour promouvoir les technologies propres et rentables pour lutter contre le réchauffement climatique, selon le communiqué ministériel du 30 octobre.