L’UE peut et doit faire mieux

Selon une étude commandée par la Commission européenne et réalisée par l’Irena, l’Agence internationale des énergies renouvelables, l’Union européenne pourrait atteindre une part d’énergie renouvelable dans sa consommation totale d’énergie de 34 % en 2030, contre un objectif actuellement fixé à 27 %. « Le rapport confirme nos propres observations sur la baisse importante des coûts des renouvelables ces dernières années, et la nécessité de prendre en compte ce nouvel environnement dans la fixation de notre niveau d’ambition dans le cadre des négociations à venir pour définir les politiques énergétiques de l’Europe », explique le commissaire européen à l’Action pour le Climat, Miguel Arias Canete, dans un communiqué du 20 février. Or, si les États membres s’en tiennent à leurs projets et programmes actuels, le déploiement des renouvelables n’atteindra que 24 % en 2030, prévient le rapport. L’agence insiste également sur le fait qu’un objectif ambitieux serait «?rentable?» pour les États membres. Pour autant, prévient Adnan Ami, directeur général de l’Irena, si l’UE ne prend pas les « ?bonnes décisions financières maintenant? », le bloc européen risquerait de se retrouver avec « ?de très importants actifs bloqués d’infrastructures énergétiques obsolètes? ».

Une grève le 13 mars contre l’ouverture à la concurrence

Les salariés des quelque 400 concessions hydrauliques de France sont appelés à la grève le 13 mars pour défendre le maintien dans le service public de ce secteur que la France est sommée par Bruxelles d’ouvrir à la concurrence, a appris le 13 février l’AFP de sources syndicales. Cet appel à l’initiative de l’intersyndicale CFDT, CGT, CFE-CGC et FO intervient après une rencontre la semaine dernière avec le cabinet du Premier ministre et alors que le gouvernement semble vouloir accélérer sur ce dossier, selon les syndicats qui refusent que soient « bradés » les barrages. Pour rappel, Bruxelles a mis en demeure la France, en octobre 2015, d’ouvrir à la concurrence ses concessions. Propriétés à 100 % de l’État, les barrages sont actuellement concédés en très grande majorité à EDF, qui détient environ 85 % de la puissance installée, et à Engie, via ses filiales Compagnie nationale du Rhône (CNR) et Société hydroélectrique du Midi (Shem).

Enfin de bonnes nouvelles

« Nous savons qu’il suscite encore des débats, que nous avons à nous convaincre collectivement de la maturité de cette technologie. Nous engagerons pour cela dans l’année des études préliminaires au lancement d’un appel d’offres pré-commercial sur l’hydrolien », a annoncé Sébastien Lecornu, le 8 février, en clôture du colloque du SER. L’appel d’offres commercial, lui, aurait lieu en 2019. Ces études techniques préliminaires sur les zones du Raz Blanchard, en Normandie, et du Fromveur, près de l’île d’Ouessant, étaient fortement attendues par la filière et les récentes annonces de Nicolas Hulot n’avaient pas rassuré grand monde. D’autant plus depuis l’abandon par Naval Énergies de l’expérimentation menée sur le site de Paimpol-Bréhat, en Bretagne.   

Méthanisation : des annonces pour le salon de l’agriculture

« Le groupe de travail sur la méthanisation s’est réuni pour la première fois le 1er février », a expliqué Sébastien Lecornu, le 8 février, en clôture du colloque du SER. Les travaux sont donc d’ores et déjà lancés sur différentes commissions techniques : la simplification des réglementations, l’accès au financement (qui constitue aujourd’hui la principale difficulté de cette filière), les dispositifs de soutien public et la réflexion sur le biogaz dans les nouvelles mobilités. Le secrétaire d’État auprès du ministre d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire, a expliqué que le sujet était « un enjeu majeur pour l’agriculture française, pour les éleveurs, dans la diversification des revenus pour une partie des agriculteurs français. » C’est pourquoi le calendrier est « particulièrement resserré pour pouvoir présenter un certain nombre de conclusions opérationnelles pour le salon de l’agriculture » (du 24 février au 4 mars), a-t-il annoncé.

Les aides au photovoltaïque et à l’éolien auditées

« Vérifier si l’aide apportée par l’Union européenne et les États membres en faveur de la production d’électricité d’origine éolienne et solaire photovoltaïque est efficace », tel est l’objectif de la Cour des comptes européenne. L’institution a annoncé le 1er février qu’elle réalisait un audit pour analyser « la conception, la mise en œuvre et le suivi des stratégies établies aux niveaux nationaux et européen en matière d’éolien et de solaire photovoltaïque depuis 2009, ainsi que les fonds consacrés par l’UE et par les États membres à leur développement. » Le rapport d’audit est attendu pour le début 2019. Les auditeurs se rendront dans quatre États membres: l’Allemagne, l’Espagne, la Grèce et la Pologne.

100 GWh de biométhane par an pour la CPCU

La Compagnie parisienne de chauffage urbain (CPCU) s’est fixé l’objectif d’augmenter la part verte des énergies renouvelables et de récupération dans son réseau pour atteindre 60 % d’ici 2020. Pour ce faire, elle a noué avec Engie un partenariat pour la fourniture de 100 GWh de biométhane par an pendant 5 ans, permettant la production de 130 000 tonnes annuelles de vapeur verte à destination du réseau de chauffage urbain parisien. Cet accord « constitue à ce jour le plus important contrat de biométhane en France », assure les deux partenaires dans un communiqué commun. « Après l’abandon du fioul lourd et la réduction pour moitié du charbon, l’introduction du bois, le recours aux biocombustibles liquides (huiles végétales) et à la géothermie, CPCU poursuit le verdissement et la diversification de son mix énergétique par l’acquisition de biométhane », ajoutent-ils. Augmenter la part de chaleur récupérée des unités de valorisation énergétique des déchets ménagers, la part de la biomasse sous forme de granulés de bois notamment et installer une ou plusieurs unités de production de chaleur à partir de combustibles solides de récupération sont les autres dispositifs et sources d’approvisionnement étudiés par la CPCU pour atteindre son objectif de 60 %.

Les Français plébiscitent les énergies renouvelables

Pour sa 8e édition, le baromètre annuel OpinionWay pour Qualit’EnR est riche d’enseignements sur les (très) bonnes dispositions des Français en matière d’énergie renouvelable. Première surprise, ils seraient déjà 35 % à disposer, dans leur résidence principale, d’au moins un équipement utilisant des énergies renouvelables, soit une hausse de 3 points par rapport à la vague précédente et 27 % (+5 points) envisageraient de s’équiper. Résultat plus inattendu encore, si les Français encouragent massivement le développement des énergies renouvelables, ils placent en tête de classement le solaire thermique (90 %) devant le photovoltaïque (82 %), l’éolien (81 %) ou le bois énergie (70 %). Autre enseignement qui cautionne sans réserve la nouvelle approche des pouvoirs publics, l’autoconsommation : 88 % des Français préfèreraient consommer leur électricité solaire plutôt que de la vendre au réseau. L’autoconsommation collective ou, dit autrement, de la possibilité de revente à autrui intéresse aussi. Si 57 % des personnes interrogées vendraient sur le réseau l’électricité produite mais non consommée, ils seraient 21% à préférer la revendre à d’autres consommateurs locaux, voire à des associations caritatives ou à des personnes en situation de précarité énergétique (10 %). L’enjeu économique est également abordé. Pour 68 % des Français, s’équiper en énergies renouvelables est perçu comme le meilleur investissement financier, devant l’achat d’un véhicule propre ou un placement immobilier (60 %).

Un fonds en faveur du financement citoyen

En 2017, Nicolas Hulot avait martelé le fait que la France n’atteindra ses objectifs en matière d’énergies renouvelables que si les citoyens pouvaient s’associer au financement des projets. C’est dans cette optique qu’a été lancé, lundi 29 janvier, le fonds EnRciT. Doté d’un budget de 10 millions d’euros apporté par la Caisse des Dépôts (5 M€), le Crédit Coopératif (2,5 M€) et l’Ircantec (2,5 M€), son rôle sera de co-investir dans des projets aux côtés des citoyens et des collectivités. EnRciT apportera les moyens financiers nécessaires à la consolidation de la phase de développement (sécurisation du foncier, réalisation d’études ou obtention des autorisations de construire et d’exploiter). Le fonds sera un lien entre les citoyens et les développeurs de projets avant de passer le relai une fois l’investissement réalisé. EnRciT n’a en effet pas vocation à rester au capital des projets une fois leur exploitation lancée. EnRciT cible en priorité les centrales photovoltaïques, au sol ou en toiture, d’au moins 1 MW et des centrales éoliennes. L’objectif est de porter 150 projets au cours des 10 ans à venir, avec une quinzaine de réalisations dès 2018. L’Ademe n’abondera pas au fonds mais elle accompagnera l’outil notamment en apportant un soutien technique et financier dans la phase d’amorçage des projets.

Lancement d’un Mooc sur le granulé de bois

Propellet France a annoncé le lancement d’une formation numérique gratuite et accessible à tous (sans inscription) : « Prescrire le chauffage au granulé de bois ». Les vidéos, en ligne depuis le 29 janvier, visent à apporter les clefs pour faciliter la prescription du granulé. Le Mooc cible les bureaux d’Etudes, maîtres d’œuvres et architectes. Mais les autres métiers liés au chauffage pourront largement trouver des détails techniques liés à leur activité, comme par exemple la partie « fumisterie » pour les installateurs. Il se décline en trois chapitres pour un total de plus de 30 leçons (de 1 à 5 minutes chacune, soit une durée totale de 1h30). Le premier chapitre, « Tout savoir sur le granulé », a pour but de présenter le chauffage au granulé de bois, ses atouts et le développement de la filière. Les deuxième et troisième parties, « Conception d’une chaufferie » et « Exploitation et maintenance d’une chaufferie », entendent répondre aux questions techniques que peuvent se poser les prescripteurs sur les labels, le dimensionnement, le stockage et l’exploitation. Enfin, la quatrième partie, « Retours d’expérience », a pour but de montrer des retours d’expériences et témoignages.

Un gaz 100 % renouvelable en 2050 ?

À l’occasion des Assises européennes de la transition énergétique, l’Ademe, GRDF et GRTgaz ont présenté une étude de faisabilité technico-économique d’un mix de gaz 100 % renouvelable en 2050. Le gisement de gaz renouvelable injectable estimé à 460 TWh pourrait couvrir entièrement la demande de gaz en France à l’horizon 2050 selon tous les scenarii. Trois grandes filières de production de gaz renouvelable sont étudiées : la méthanisation (30 % du gisement potentiel), la pyrogazéification (40 %) et le power-to-gas (30 %). Pour atteindre l’objectif à 2050, il conviendrait de lever les freins sur la méthanisation agricole, de mobiliser davantage de ressources agricoles et forestières et de favoriser l’émergence de technologies à fort potentiel mais encore peu matures (pyrogazéification, gazéification des algues etc.). Selon cette étude, un mix gaz 100 % renouvelable permettrait d’éviter les émissions directes d’environ 63 Mt CO2/an ce qui représente 12,6 milliards d’euros, dans l’hypothèse dune taxe carbone à 200 €/t de CO2.