Dans son étude stratégique sur l’hydrolien marin, réalisée aux mois de mai et juin et publiée lundi 19 novembre, l’Ademe ne se montre pas très optimiste sur l’état d’avancement et les perspectives commerciales de la filière. « Un gisement très localisé et relativement limité, une filière dont la maturité technologique reste encore à parfaire […], des coûts en LCOE qui devraient rester au-dessus des 120€/MWh, même avec un développement industriel, […] et une place qui apparaît dans les mix énergétiques des Etats uniquement pour de forts taux d’intégration d’énergies renouvelables », telles sont les conclusions de ce document censé éclairer le gouvernement dans ses choix concernant un éventuel appel d’offres commercial pour cette technologie. « Au regard du rythme de développement de l’éolien offshore et au vu de la base installée de turbines hydroliennes par pays à date, le passage de l’hydrolien à un stade commercial parait anormal dans le court-terme. À un rythme de développement comparable, il faudrait encore 5 à 8 ans à la filière hydrolienne pour tester, optimiser et améliorer les turbines avant de lancer de vrais appels d’offres commerciaux », juge l’Ademe, qui estime que « même si une bonne partie des verrous techniques ont été résolus, la durée cumulée de test reste très faible et la majorité de la filière considère qu’elle ne peut garantir à date une absence d’avaries durant les premières années d’exploitation. » Pour autant, « l’intégration de l’hydrolien marin dans les zones isolées type ZNI [zones non-interconnectées, ndlr] est pertinente à court terme avec des LCOE proches de ceux des générateurs diesel et qui sont amenés à décroître au fil des années », veut croire l’agence, qui ajoute que « seuls le Canada (Nouvelle-Ecosse) et les ZNI à l’international pourraient être en mesure de constituer – en l’état des informations disponibles – la base d’un scénario stable à 2030. » L’étude souligne enfin « un positionnement compétitif de la filière française qui reste bon relativement aux autres pays, de par notamment la complétude de sa chaine de sous-traitants et l’avancement des acteurs clés tels les turbiniers, les acteurs de la connectique, etc. » Pour autant, « les éléments de visibilité sur la stratégie long terme et la pertinence de soutenir le développement commercial de la filière ne permettent pas de scénariser une base installée supérieure à 29 MW en 2030 », prévient l’agence.
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Les ambitions de Synergie solaire
Au lendemain du dîner caritatif annuel organisé par Synergie solaire, sa présidente, Hélène Demaegdt, a répondu à nos questions sur les changements introduits par la loi PACTE et ses incidences sur Synergie solaire et ses partenaires. Le JDER : Concrètement, quelles sont les incidences de la loi sur l’agrément Entreprise solidaire d’utilité sociale (ESUS) et les entreprises à mission ? « Une entreprise à mission est une entreprise ou société commerciale qui intègre dans ses statuts un objectif d’ordre social ou environnemental. Cela signifie que l’entreprise se donne officiellement une mission qui vise à l’intérêt général, comme par exemple “l’accès aux Energies durables pour les plus démunis”, qui est l’objet même de Synergie Solaire. Les entreprises qui veulent développer leur RSE ou devenir entreprise à mission proprement dit peuvent ainsi s’approprier notre fonds de dotation et devenir grand donateur (15 000 € /an minimum). Elles peuvent ainsi intégrer la gouvernance, mais surtout bénéficier de notre expérience et être directement opérationnels. Ce, grâce à nos outils et réseaux développés depuis 2010. Enfin, Synergie Solaire met en place également du mécénat de compétence pour permettre aux collaborateurs de vivre concrètement cette implication de l’entreprise. » Le JDER : Quelles conséquences pour l’activité de Synergie solaire ? « Le fonds de dotation Synergie Solaire a depuis toujours été créé pour être au service des OnG et de toute une filière c’est à dire d’un ensemble d’entreprises qui pouvaient être concurrentes ou partenaires. Pour répondre à l’urgence écologique, nous proposons de dépasser la vision strictement économique de l’entreprise et d’y inclure une vision sociale et environnementale plus large , qui donne aussi du sens. Ce n’est plus de la philanthropie c’est bien plus que cela, et la loi Pacte ouvre la voie vers les véritables rôles que l’entreprise peut jouer dans la société. Synergie solaire a déjà bénéficié des dons de 170 entreprises de la filière énergies renouvelables, mais nous espérons voir grandir le nombre d’entreprises engagées avec nous, à travers nous, et surtout leur implication dans le long terme. »
Enercoop lance un appel d’offres pour des projets neufs
Le producteur et fournisseur d’électricité d’origine renouvelable Enercoop a annoncé le 21 novembre le lancement d’un appel d’offres pour des projets neufs d’énergies renouvelables (entre 1 et 10 MW). « L’appel d’offres est ouvert à tous les porteurs de projets et développeurs et vise à sélectionner les projets neufs d’énergies renouvelables qui pourront bénéficier d’un achat de leur production par Enercoop dans la durée (20 à 30 ans) et hors soutien public, pour une mise en service prévisionnelle avant fin 2020. L’électricité 100 % renouvelable qui sera achetée dans le cadre de cette consultation sera destinée à approvisionner exclusivement les clients-consommateurs Enercoop », précise la coopérative dans un communiqué. Enercoop affiche ainsi « sa volonté de passer à la vitesse supérieure en établissant des contrats d’achat de long terme pour des projets neufs hors soutien public », insiste l’Entreprise solidaire d’utilité sociale (ESUS). Enercoop est « fier de contribuer à l’émergence de ce nouveau modèle […] en cherchant à le rendre autant que possible accessible aux projets citoyens en amont et aux consommateurs de plus petite taille, en aval. » Pour cette consultation, le calendrier prévisionnel est le suivant : manifestation d’intérêt et de signature de l’accord de confidentialité jusqu’au 12 décembre, soumission des projets jusqu’au 18 janvier et sélection des projets jugés d’intérêt jusqu’au 22 février.
Adoption des objectifs d’efficacité énergétique et renouvelables
Les députés européens ont validé le 13 novembre l’objectif, contraignant, qui vise à atteindre d’ici 2030 une part de 32 % d’énergies renouvelables dans la consommation finale brute de l’UE (contre environ 17 % en 2016). Ils ont également adopté leur rapport sur la gouvernance de l’Union de l’énergie et validé l’objectif d’accroître de 32,5 % l’efficacité énergétique globale des pays membres d’ici 2030, par rapport au niveau de 1990. S’inscrivant dans l’application de l’accord de Paris sur le climat, cette résolution législative a été adoptée à 434 voix pour (104 contre). Si cet objectif est indicatif, ce qu’ont regretté certains eurodéputés, « c’est véritablement un texte européen où il faut que tout le monde joue le jeu, quitte à jouer après sur les recommandations de la Commission si un Etat ne respecte pas ses objectifs », a assuré, lors d’une conférence de presse, l’écologiste Michèle Rivasi, co-rapporteure du texte. Ces deux objectifs pourront être révisés à la hausse en 2023 en fonction notamment des avancées technologiques dans le domaine. Chaque pays devra aussi présenter un plan tous les dix ans en détaillant sa contribution pour atteindre ces objectifs et les mesures prises au plan national. Ces nouvelles obligations doivent encore obtenir l’aval formel du Conseil européen pour entrer en vigueur. Ces textes introduisent par ailleurs le droit à l’autoconsommation pour les citoyens européens auront le droit de produire de l’énergie renouvelable pour leur propre consommation, mais aussi de stocker et de vendre l’excédent. D’ici la fin de cette année, les États membres doivent faire parvenir à Bruxelles leurs premiers projets de plan national énergie/climat pour la prochaine décennie, tandis que la Commission doit adopter, pour février 2019, de nouveaux textes réglementaires qui complèteront la directive ENR en définissant des critères pour la certification des biocarburants et combustibles issus de la biomasse.
L’Ademe se dote d’un fonds d’investissement
L’Ademe a annoncé la création d’Ademe Investissement SAS, autorisée par un décret paru au Journal officiel du 11 novembre 2018. Cette société gérera les interventions en fonds propres de l’agence pour le compte de l’État dans le cadre du Grand plan d’investissements. Doté de 400 millions d’euros par la loi de finances 2017, il s’agit du « premier outil public de financement en fonds propres des infrastructures innovantes, aux côtés d’investisseurs privés », explique l’Ademe dans un communiqué du 13 novembre. « Il permettra d’accompagner les premières mises en œuvre commerciales issues de projets de recherche et d’innovation dans le domaine de la transition écologique et énergétique, notamment ceux soutenus jusqu’ici dans le cadre du programme ”Démonstrateurs de la transition écologique et énergétique” du Programme d’investissements d’avenir. » Le président de l’Ademe, Arnaud Leroy, explique : « le déploiement des projets d’infrastructures innovantes ainsi que la mise sur le marché rapide d’innovations concourent à accélérer la transition énergétique. La société Ademe Investissement va faciliter les premières commerciales en apportant une partie du financement sous la forme de fonds propres et en catalysant les autres financements. »
Engie annonce 800 M€ d’investissements sur 5 ans
« Nous allons calibrer un développement qui est assez important, qui va nous conduire à mobiliser, avec nos partenaires évidemment, jusqu’à 800 millions d’euros à l’horizon 2023 » pour le développement du biométhane, a déclaré la directrice générale d’Engie, Isabelle Kocher, à l’occasion de l’inauguration de l’unité de méthanisation de Beauce Gâtinais Biogaz sur la commune d’Escrennes (Loiret). Cette somme devrait atteindre près de 2 milliards d’euros d’ici à 2030 pour un volume de 5 TWh de biométhane par an à cet horizon. « Notre objectif, c’est de gagner entre 30 et 40 % en termes de coûts de ces filières à l’horizon 2030, pour une raison simple : cela permettra la parité en termes de coûts avec le gaz naturel. C’est l’objectif », a-t-elle ajouté. Le ministre de la Transition écologique et solidaire, François de Rugy, a pour sa part expliqué que « pour le gaz renouvelable c’est encore un chemin un peu plus long, on est encore plus loin en termes de prix [du marché] et c’est pourquoi nous avons demandé un effort aux industriels pour qu’ils puissent faire baisser les coûts de production. » Il a ainsi encouragé des « méthaniseurs à grande échelle » et s’est dit prêt à « revoir » les règles qui pourraient encore peser sur les coûts de la filière.
Énergie partagée souffle ses 8 bougies
Énergie Partagée fête son 8e anniversaire. L’entreprise solidaire publie à cette occasion un livret regroupant les 50 projets qu’elle a financé grâce à 16,6 millions d’euros d’épargne de plus de 5 200 actionnaires. « Partout en France, 45 éoliennes, 50 000 panneaux solaires, des réseaux de chaleur, des centrales hydroélectriques et même des unités de méthanisation sont sortis de terre », se réjouit-elle. « Les projets qui se préparent sont tout aussi motivants que ceux qui ont déjà été menés et nous avons besoin d’accélérer leur développement. Le cap est clair : nous devons collecter 10 millions d’euros supplémentaires pour financer les demandes que nous avons sur nos nouveaux projets d’ici 2020 », explique l’entreprise. Et d’afficher l’objectif suivant : « Les installations citoyennes doivent représenter 15 % des énergies renouvelables installées en 2030 ! » Énergie partagée souligne qu’« à la différence des plateformes de crowdfunding, Énergie Partagée finance les projets en fonds propres et accompagne les porteurs tout au long de la vie des projets. »
63 MW changent de mains (françaises) en Bulgarie
Le producteur indépendant français d’énergie renouvelable, Akuo Energy a finalisé auprès d’EDF Renouvelables, l’acquisition de CHB, un portefeuille de quatre centrales hydroélectriques en exploitation en Bulgarie d’une capacité installée de 63 MW. Cette opération « permet au groupe français de se doter d’une équipe de 30 ingénieurs et techniciens spécialisés dans l’exploitation et la maintenance de centrales hydroélectriques », précise le groupe dans un communiqué du 5 novembre. « Cette acquisition nous permet d’enrichir nos compétences dans l’hydroélectricité et la vente d’électricité sur le marché ; elle vient aussi rééquilibrer avantageusement notre mix énergétique », ajoute Eric Scotto, PDG et cofondateur d’Akuo Energy.
La chaleur renouvelable à l’honneur
L’Ademe, Amorce, la Fedene et le Syndicat des énergies renouvelables (CER) organisent les 4, 5 et 6 décembre la semaine de la chaleur renouvelable au Forum des Images à Paris. Ces trois journées ont pour but de réaffirmer le rôle fondamental de la chaleur renouvelable dans la transition énergétique. À destination des entreprises, des collectivités locales et de l’ensemble des prescripteurs, ces journées permettront d’échanger et de présenter les outils mis à disposition pour faciliter le passage à l’acte. Lors de la première journée, trois parcours sont organisés en direction des différents publics : le Parcours collectivités/réseaux de chaleur, le Parcours entreprises et le Parcours habitat. La journée du 5 décembre proposera, à travers 10 ateliers, un panorama des atouts de chaque filière. La dernière journée invitera le grand public à visiter des installations près de chez lui dans toute la France.
Genève lance des campagnes d’exploration
Le canton de Genève, en Suisse, s’est fixé un objectif ambitieux : couvrir 20 % de ses besoins en chauffage grâce à la géothermie d’ici 2020. Pour y parvenir, il a mis en place le programme GEothermie 2020, qui consiste à mener des explorations et prospections pour connaître le potentiel du canton en matière de géothermie mais également à développer une filière professionnelle dans le domaine. Au moins d’octobre, les résultats du premier forage exploratoire mené dans le cadre de ce programme ont été présentés : ils révèlent dans la région de Satigny, entre 400 et 745 mètres de profondeur, des débits de plus de 50 litres/seconde d’une eau à une température moyenne de 33 °C. Des résultats fidèles aux hypothèses émises par les premières cartographies réalisées depuis la surface. Trois autres forages exploratoires sont prévus en 2019. « En parallèle, afin de sélectionner le maximum de lieux favorables au développement de projets de géothermie, les SIG réaliseront deux nouvelles campagnes de prospection de grande envergure », annonce le canton dans un communiqué. La première a débuté fin octobre dans la région d’Avusy pour sonder le sous-sol sur 125 km, dont 36 km du côté français de la frontière. « Il s’agit d’une gestion coordonnée d’acquisition des données transfrontalières dans le but de développer la géothermie, affirme M. Pierre-Jean Crastes, président de la Communauté de communes du Genevois dans un communiqué. Il ne faut pas oublier que le bassin genevois est franco-suisse et donc ses ressources traversent les frontières ». La seconde campagne de prospection aura lieu en 2019-2020 et son tracé sera décidé en fonction des résultats des premiers tests. « Ces travaux de prospection associés aux forages exploratoires fourniront une cartographie détaillée du sous-sol genevois et permettront de localiser les sites favorables à l’exploitation de la géothermie d’ici à deux ans sur l’ensemble du territoire, conclut le canton. Ces opérations sont décisives pour augmenter les chances de succès des futurs forages et de garantir une utilisation durable et maîtrisée de la géothermie. »
