François de Rugy donne rendez-vous fin octobre

On connaît désormais la date de publication de la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) pour les périodes 2019-2023 et 2024-2028, dont la publication est attendue depuis le mois de juin. Le gouvernement sera en effet en mesure de présenter sa feuille de route énergétique « à la fin du mois d’octobre », a indiqué mercredi 5 septembre le tout nouveau ministre de la Transition écologique et solidaire, François de Rugy. Ce texte précisera « la part de chaque énergie, le développement des énergies renouvelables que nous voulons faire », a-t-il souligné, alors qu’il était interrogé sur la part du nucléaire dans la production d’électricité. Organisé du 19 mars au 30 juin dernier, le débat public sur la PPE présente un bilan globalement satisfaisant. C’est en tout cas ce qui ressort d’un document publié le 30 août par la Commission nationale du débat public (CNDP), qui souligne toutefois certains manquements. « Les moyens alloués au débat étaient insuffisants et le maître d’ouvrage a manifestement sous-estimé l’engagement requis par cet exercice. (…) Complexe et difficilement identifiable, [il] n’a pas précisé clairement ses attentes à l’égard du débat public […] ni la manière dont il prendrait en compte ses conclusions », explique la présidente de la CNDP, Chantal Jouanno.

Total attaque !

« Total s’est positionné en tête des lauréats du dernier appel d’offres de la Commission de Régulation de l’Energie pour la petite hydroélectricité », a annoncé le groupe français dans un communiqué du 5 septembre. « 1er lauréat avec 33 % des volumes attribués », l’arrivée de Total dans le secteur ne passe pas inaperçu. D‘autant que « Direct Energie [racheté en avril dernier par Total], via sa filiale Quadran, s’est également placé en tête du classement, en remportant 5 projets d’une puissance totale de 12,2 MW, soit environ un tiers des dossiers sélectionnés lors du premier appel d’offres public sur la petite hydroélectricité », précise l’énergéticien. À se demander jusqu’où porteront les ambitions du groupe. « Nous serons candidats au renouvellement des concessions des barrages hydroélectriques en France », a en effet déclaré, sans plus de détails, son PDG, Patrick Pouyanné, à l’occasion d’un entretien avec le magazine Capital de septembre. De quoi imaginer l’arrivée d’un nouvel acteur dans ce dossier de l’ouverture à la concurrence des barrages hydroélectriques français imposée par la Commission européenne et qui traîne en longueur.

Objectif 100 % d’énergies propres en 2045

Le Parlement californien a adopté, le 28 août, une loi visant à imposer des objectifs d’énergies propres pour la production d’électricité sur le long terme. Le texte impose 50 % de la production d’électricité à partir de sources propres et renouvelables au 31 décembre 2026, 60 % fin 2030 et 100 % fin 2045. Pour entrer en vigueur, il doit désormais être signée par le gouverneur de la Californie, Jerry Brown.

La géothermie profonde progresse à Strasbourg

L’exploitation de trois nouvelles centrales géothermiques en cogénération va permettre de faire passer « la part d’énergies renouvelables dans la consommation d’énergie finale brute de l’Eurométropole de Strasbourg de 16 % à 20 %, atteignant les objectifs fixés par le Plan Climat Energie Territorial à l’horizon 2020 », annonce la collectivité sur son site internet. Et les projets sont en très bonne voie. Sur le premier d’entre eux, porté par Fonroche à Vendenheim, les résultats du premier forage sont en effet positifs. « A 4 600 mètres de profondeur, nous avons trouvé une eau à 200°C au lieu des 185°C attendus et des perspectives de très bons débits, annonce Jean-Philippe Soulé, directeur de la géothermie à Fonroche. Nous allons donc pouvoir disposer d’une centrale de 9 MWé au lieu des 6 MWé initialement prévus. » La centrale pourra en outre produire de la chaleur puisqu’elle tournera en cogénération. A sa mise en service, prévue d’ici 2020, elle ne fournira cependant de la chaleur que pour l’éco-parc où elle se situe et éventuellement pour de futures serres agricoles. Mais des discussions sont en cours avec l’Eurométropole pour la création d’un réseau de chaleur au nord de Strasbourg. En attendant, Fonroche creuse. « Nous avons développé une machine en interne pour ne plus avoir à dépendre des tarifs et de la disponibilité des trois seules machines de ce type à disposition en Europe. Et elle vient d’entamer le forage du deuxième puits. » D’autres chantiers l’attendent ensuite, à commencer par ceux d’Eckbolsheim et d’Hurtigheim pour lesquels Fonroche dispose déjà des autorisations administratives. Des centrales en cogénération de 6 MWé y sont également prévues, et cette fois, les réseaux de chaleur pour absorber la production existent déjà. Mais Fonroche n’a pas encore décidé par laquelle commencer. L’une d’elle complètera en tout cas le trio espéré par l’Eurométropole qui comptera également la centrale d’Illkirch, développée et construite par Electricité de Strasbourg. Celle-ci ira puiser une eau géothermale à 150°C à environ 3 000 mètres de profondeur pour alimenter en priorité un réseau de chaleur et affichera donc une capacité de 28 MWth. Le premier forage commencera en août, pour une mise en service en 2020. Dans les temps pour les objectifs de l’Eurométropole.

Petrobras s’allie à Total dans le solaire et l’éolien

Petrobras, Total et Total Eren (détenue à 23% par Total depuis septembre 2018) ont signé un protocole d’accord pour envisager des projets en commun dans les énergies solaire et éolienne sur le territoire brésilien, a annoncé Petrobras dans un communiqué publié le 10 juillet. « L’objectif est d’exploiter en commun le fort potentiel du Brésil en matière d’énergies renouvelables, notamment dans le nord-est du pays », explique Nelson Silva, directeur de l’organisation et des systèmes de gestion de Petrobras. Et de préciser que le volume d’investissements de Petrobras et Total n’avait pas encore été défini, ni la participation de chaque compagnie. « Il faut d’abord analyser les opportunités et déterminer par la suite si nous avons les moyens de présenter des projets viables », souligne-t-il. Petrobras exploite déjà quatre parc éoliens avec 104 MW installés, ainsi qu’une usine de recherche et développement d’énergie solaire d’1,1 MW dans l’Etat de Rio Grande do Norte.

Evergaz s’attaque au marché belge

Evergaz a annoncé le 3 juillet une prise de participation dans deux unités de méthanisation en Belgique : AM Power (44 %) à Egem et Bio NRGY (44 %), situées à Aalter. Développée et mise en service en 2012, AM Power est un des plus gros sites d’Europe avec une puissance de 7,5 MWél. et une capacité de traitement de 180 000 tonnes par an de déchets. En exploitation depuis 2012, BioNRGY traite des fumiers, lisiers, coproduits, glycérine, etc., pour une capacité de traitement de 60 000 tonnes par an et une valorisation du biogaz en cogénération de 2,9 MWél. Les deux centrales sont détenues en partenariat avec Stefaan Delabie, « un pionnier du biogaz en Belgique », précise la société française dans un communiqué. Evergaz s’était déjà déployée en Allemagne en 2017 et avait accueilli dans son capital le fonds d’investissement Meridiam en avril 2018. « Cette opération en Belgique confirme la forte ambition d’Evergaz et renforce son statut de spécialiste français et européen du biogaz », explique la société.

PPE : le débat (public) est clos

À l’occasion de la clôture du débat public sur la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), qui s’est tenue vendredi 29 juin dernier au Cese à Paris en présence de Nicolas Hulot, ministre de la transition écologique et solidaire, Jacques Archimbaud, président de la CPDP (commission particulière du débat public) PPE, a prononcé un discours dans lequel les énergies renouvelables avaient, bien sûr, une place de choix. « Elles conservent une popularité élevée, comparable à celle qui apparaît dans toutes les études d’opinion. Compte tenu de l’évolution à la baisse de leurs coûts, les participants [au débat public sur la PPE] ne font de hiérarchie entre elles qu’au regard de leur bonne adaptation à la ressource locale. S’ils comprennent qu’on puisse maintenir des formes de subventionnement nécessaire à leur solvabilité, ils souhaitent que le poids des engagements passés ne pèse pas excessivement sur les efforts à venir. Ils s’interrogent sur une forme de rente dont les retombées profiteraient plus à des actionnaires éloignés qu’aux territoires qui les accueillent. Ils souhaitent par ailleurs, sans qu’on déshabille les énergies électriques montantes qui ont encore besoin d’un petit coup de pouce, qu’on accroisse l’effort en matière de chaleur renouvelable et de réseaux de chaleur. » Jacques Archimbaud a par ailleurs prévenu : « un fort sentiment d’injustice ressort des échanges : la transition énergétique est belle et bonne mais elle concerne surtout ceux qui peuvent s’y impliquer; moins les locataires que les propriétaires, moins les classes populaires que les classes moyennes, moins les anciens que ceux qui peuvent investir sur le plus long terme. » Son rapport sera publié début septembre. À voir ce que le gouvernement en fera…

Record de production au 1er semestre

Avec 113 TWh, l’électricité d’origine renouvelable a assuré 41,5 % de la production totale d’électricité de l’Allemagne au premier semestre, selon les données du site Energy Charts de Fraunhofer ISE. Un chiffre record est supérieur de 9 % à celui enregistré au premier semestre 2017, détaille l’institut de recherche allemand dans un communiqué. L’éolien arrive en tête des sources renouvelables dans le mix énergétique allemand avec 55,2 TWh. La biomasse a injecté 23 TWh dans le réseau. Suivent le photovoltaïque (22,3 TWh, + 12 % par rapport au premier semestre 2017) et l’hydroélectricité (12,5 TWh).

LES GRANDES AMBITIONS DE VALÉRIE PÉCRESSE

La région Île-de-France, présidée par Valérie Pécresse (LR) a adopté le 3 juillet sa stratégie Energie-Climat, laquelle prévoit que les énergies renouvelables représenteront en 2030 40 % de la consommation francilienne, avec un objectif de 100 % en 2050. Des ambitions louables mais « irréalisables », selon l’opposition de gauche, qui s’est abstenue, et qui critique notamment le « manque de moyens » pour mettre en œuvre cette stratégie. Valérie Pécresse a défendu « trois principes » : la « sobriété », en réduisant de 40 % la consommation énergétique régionale d’ici 2050, « la production d’énergie renouvelable » en la multipliant par quatre sur le territoire, et « la réduction de la dépendance énergétique », notamment vis à vis des énergies carbonées et du nucléaire, « en tendant vers une région 100% énergie renouvelable en 2050 ». « La région Île-de-France était la dernière de la classe en matière de politique énergétique », a-t-elle déclaré, affirmant que sa stratégie était « ambitieuse mais réaliste ». Le plan énergie-climat va miser sur « l’énergie éolienne, la géothermie, les énergies de récupération des déchets, le solaire voltaïque, la biomasse, l’hydrogène et la micro-électricité », a-t-elle ajouté.

Du mouvement chez les acteurs français du crowdfunding

La Société générale a acquis la plateforme de financement participatif de projets d’énergies renouvelables Lumo. Cette opération, dont le montant n’a pas été précisé, s’inscrit dans le cadre de l’objectif de la banque de lever 100 milliards d’euros pour la transition énergétique sur la période 2016-2020. Depuis sa création en 2012, Lumo a « collecté des fonds auprès de milliers d’investisseurs particuliers, au profit d’une quarantaine de projets éoliens, photovoltaïques ou hydrauliques qui produiront plus de 260 millions de kWh d’électricité verte chaque année, soit la consommation annuelle de près de 100 000 foyers », explique un communiqué du 21 juin. Quelques jours plus tard, Lendosphere annonçait de son côté avoir franchi « le cap des 100 projets […] pour le financement participatif de la transition énergétique. » Dans un communiqué du 25 juin, cet autre acteur du crowdfunding explique avoir collecté plus de 26 M€ depuis la création de la plateforme, en décembre 2014. «  Les 100 projets représentent une capacité installée supérieure à 4 200  MW, pour lesquels le financement participatif représente tout ou partie du financement total », avance Amaury Blais, président de Lendosphere.