À l’occasion d’un colloque sur les réseaux de chaleur et de froid organisé le 6 mai à Nantes par la Fedene, le SNCU et Amorce, et en amont de l’Euroheat & Power Congress (7 et 8 mai, également à Nantes), l’Ademe a dégainé une étude détaillée sur la filière. Cet état des lieux dresse, pour la première fois, un bilan de l’écosystème des acteurs en présence et fournit une évaluation des retombées socio-économiques actuelles en termes d’activités économiques, d’emplois et de coûts. Parmi les principaux enseignements de ce document : la part des énergies renouvelables et de récupération (EnR&R) ne cesse de progresser en France et atteint 56 % de l’approvisionnement des réseaux de chaleur et de froid en 2017 (27 % dans l’UE, 9 % dans le monde) contre 40 % en 2013 et 27 % en 2005, l’énergie renouvelable dont la part a le plus significativement augmenté étant la biomasse ; le taux de raccordement des bâtiments à un réseau de chaleur en France reste faible (de l’ordre de 6 %) alors que la moyenne européenne est à 13% en secteur résidentiel et tertiaire ; le coût moyen annualisé et actualisé (LCOH) de la distribution primaire de chaleur à destination du secteur résidentiel et tertiaire est compris entre 10 et 27 €/MWh avec une médiane à 19 €/MWh ; le coût complet actualisé (production et distribution) moyen des réseaux enquêtés est de 76 €/MWh.
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C’est (au Journal) officiel
Malgré un avis défavorable de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), les textes qui visent à adapter le dispositif d’obligation d’achat du biométhane injecté dans les réseaux de gaz naturel pour les installations de production de biométhane livrant à un point d’injection mutualisé après un transport routier (biométhane porté) ont été publiés au Journal officiel en date du 3 mai. Ces deux textes, un décret et un arrêté ont fait l’objectif d’une consultation à la mi-2018. Les dispositions relatives au mécanisme de dégressivité des tarifs sont ainsi modifiées, afin que « le tarif d’achat puisse être calculé en tenant compte de la production de chacun des sites de production de biométhane livrant à un point d’injection mutualisé après un transport routier ». La mise en œuvre de cette mesure requiert également l’installation d’un dispositif de comptage sur chacun des sites de production, au lieu, jusqu’alors, d’une installation au niveau du point d’injection dans le réseau de gaz naturel.
Coup d’arrêt dans la croissance des renouvelables
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) s’est alarmée le 6 mai d’un tassement « inattendu » dans le développement des énergies. Selon le scénario de développement durable (SDD) de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), chaque année en moyenne une capacité d’énergies renouvelables de 300 GW doit être installée dans le monde entre 2018 et 2030 pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Or les capacités mondiales ont stagné en 2018 (à 177 GW), selon l’AIE. C’est d’ailleurs la première fois depuis 2001 que la croissance de son développement n’accélère pas d’une année sur l’autre. « Le monde ne peut pas se permettre de presser la touche ”pause” concernant l’expansion des renouvelables, et les gouvernements doivent agir rapidement pour corriger cette situation et permettre un flux plus rapide dans le développement de nouveaux projets », explique Fatih Birol, le directeur exécutif de l’AIE, cité dans un communiqué. L’Agence souligne en effet « une rupture inattendue de la tendance (qui) suscite des inquiétudes quant à la réalisation des objectifs climatiques à long terme ». Les gouvernements sont sommés d’« agir rapidement pour corriger cette situation et permettre un flux plus rapide dans le développement de nouveaux projets. »
Pompes à chaleur : les chiffres de marché 2018
Observ’ER vient de mettre en ligne son étude sur le marché 2018 des pompes à chaleurs (PAC) dans le secteur du résidentiel (jusqu’à 30 kW). Avec 591 700 PAC air/air et air/eau vendues, auxquelles s’ajoutent 105 140 chauffe-eau thermodynamiques (CET), les technologies aérothermiques progressent de 18 % et réalisent une très belle année. Les PAC air/air restent l’équipement phare du secteur avec un marché évalué à plus de 498 120 pièces. Les voyants sont tous au vert pour le segment. Globalement, le marché a profité de la relance des constructions neuves amorcées en 2016 et qui s’est poursuivie jusqu’à la fin du premier semestre 2018. Depuis l’activité dans la construction s’est ralentie, ce qui pourrait impacter les dynamiques de marché en 2019. Les PAC air/eau font également une bonne année (93 580 pièces, + 15 % par rapport à 2017). Quant aux CET, ils continuent leur progression en profitant notamment d’une bonne pénétration sur le marché du neuf. Pour les pompes à chaleur géothermiques, le bilan est inverse. Les ventes restent à un niveau désespérément bas (3 080 pièces) et aucun signe de reprise ne semble venir en 2019. Cette technologie, qui pourtant affiche un bilan énergétique et économique performant sur le long terme reste très mal connue du grand public.
Eni relève le défi
La technologie de l’énergie houlomotrice pourrait permettre aux groupes pétroliers de convertir des plateformes offshore en centres de production d’énergie renouvelable, ce qu’a bien compris Eni. Le groupe italien s’est en effet associé avec CDP, Fincantieri et Terna. Les partenaires ont ainsi signé le 19 avril un accord non contraignant pour développer et construire des centrales houlomotrices à l’échelle industrielle. Leur objectif est de transformer le projet pilote ISWEC (Inertial Sea Wave Energy Converter), un projet pilote sur le site offshore d’Eni à Ravenne, en un projet à l’échelle industrielle et d’explorer le potentiel de lancement de projets à grande échelle, y compris à l’étranger. « L’accord d’aujourd’hui constitue un pas en avant important vers la construction d’un nouveau système de production d’énergie renouvelable générée par l’énergie houlomotrice », explique Claudio Descalzi, PDG d’Eni, dans un communiqué. Les partenaires prévoient la connexion d’une première installation industrielle à un site de production offshore d’Eni d’ici à 2020.
Valorem rachète 10 MW aux Antilles
Valorem a annoncé l’acquisition de Force hydraulique antillaise (FHA), principal développeur hydraulique des Antilles françaises. Le développeur français acquiert en effet 51 % de FHA et prévoit de monter progressivement au capital. Le fondateur de FHA, Raphaël Gros, conservant à ce jour les 49 % restants. Cette acquisition permet en tout cas à Valorem de mettre la main sur 10 MW d’actifs bénéficiant d’un contrat d’achat d’électricité à long terme, détaille-t-il dans un communiqué qui ajoute que 6 MW sont « prêts à être construits » et que FHA a un portefeuille de projets en développement de plus de 100 MW. « Avec cette acquisition, le groupe Valorem affirme sa position de premier producteur d’énergies vertes sur l’archipel », souligne-t-il. « Valorem souhaite atteindre une capacité globale de 3 GW d’actifs en exploitation dans le monde d’ici 5 ans », explique Frédéric Lanoë, DG du groupe et cité dans le communiqué. Acteur historiquement éolien, Valorem a commencé à diversifier ses activités vers l’hydraulique dès 2017.
Un scénario de transition à l’échelle européenne
Dans un communiqué du 11 avril, l’Association négaWatt a annoncé le lancement d’un travail de fond pour la construction d’un scénario énergétique européen. Celui-ci visera zéro émissions nettes de gaz à effet de serre en 2050, en s’appuyant sur une démarche de sobriété et d’efficacité énergétiques et sur le déploiement des énergies renouvelables. Il s’agit donc d’un changement d’échelle pour l’association qui publie déjà des scénarios à l’échelle française. Pour porter ce projet européen, elle a mis en place un réseau d’acteurs impliqués dans les stratégies énergie-climat de 12 pays du continent. Il contient des acteurs de la société civile menant des actions de plaidoyer et des centres d’analyse et de recherche réalisant des outils et trajectoires pour les stratégies énergie-climat de certains Etats membres. Pour se financer, une partie de ce projet a recours au financement participatif, et les contributions sont possibles jusqu’au 15 mai 2019.
38,71 millions pour les énergies renouvelables
Chaque année, GreenUnivers publie les chiffres du financement participatif dédié aux énergies renouvelables. En 2018, la société civile a apporté 38,71 millions d’euros, soit une augmentation de 89% par rapport à 2017, permettant de faire sortir de terre 1 131 MW de capacité renouvelable. 65% de ce financement est dédié au solaire. Le taux de rentabilité moyen net de ce financement est de 4,94%, un rendement « très intéressant au regard des courtes durées d’engagement », souligne Stéphanie Savel, présidente de Financement Participatif France (FPF). En moyenne, un projet n’a recours au financement participatif qu’à hauteur de 4,45% de son financement total. Cependant, cet outil a le vent en poupe et jouit d’un soutien institutionnel important. Ainsi, la loi Pacte a autorisé le relèvement du plafond par projet du financement participatif de 2,5 millions d’euros à 8 millions, sur 12 mois consécutifs.
Un marché qui recule légèrement en 2018
Observ’ER a publié les premiers résultats de son étude sur les appareils de chauffage au bois vendus en 2018. La filière a vendu 378 980 unités, ce qui représente une baisse d’1,5% par rapport à 2017. Ce recul vient du déclin des ventes d’appareils à bûches (-11%), que n’a pas compensé la croissance continue des appareils à granulés (+13%). Avec un total de 168 575 ventes, ce segment représente désormais 44% du marché. Par ailleurs, pour la première fois, les ventes de poêles à granulés et de chaudières à granulés ont dépassé leur équivalent utilisant le combustible bûche. L’ensemble des produits poursuit son évolution vers la très haute performance énergétique et environnementale, pour une réduction maximale des émissions. Les principaux acteurs de la filière sont prêts pour les normes EcoDesign qui seront effectives en 2020 pour les chaudières et 2022 pour les autres produits.
Une dynamique menacée par la PPE
La filière française du biométhane est « la plus dynamique d’Europe, avec en 2018, 32 nouveaux sites d’injection représentant une augmentation de 73 % par rapport à 2017 », explique le think tank France Biomethane à l’occasion de la publication de l’Observatoire annuel de la filière du Biomethane pour l’année 2018. Ainsi, 84 unités étaient en service à fin février 2019 et totalisent une capacité d’injection de 1 320 GWh/an. Ce parc est essentiellement composé d’installations agricoles autonomes de faible capacité injectant sur le réseau de distribution et 57 % des unités sont concentrées sur les régions d’Ile-de-France, Grand Est, Haut-de-France et Bretagne. « Le nombre de projets en file d’attente a quasiment doublé entre fin 2017 et fin 2018 pour atteindre 661 projets inscrits ayant une capacité cumulée de 14 TWh », détaille Charlotte de Lorgeril, du cabinet de conseil Sia Partners qui a coréalisé l’étude. Cependant, souligne, Cédric de Saint Jouan, président de France Biométhane, « le projet de Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) revoit à la baisse les ambitions de développement pour le biométhane. En particulier dans le ”scénario bas“, les pouvoirs publics fixent un objectif de 14 TWh injectés en 2028, ce qui est bien inférieur à la trajectoire imaginée dans la PPE 2015. » Les tarifs d’achat devraient aussi évoluer en faveur d’un système d’appels d’offres « qui ferait passer le prix d’achat du biométhane d’environ 100 €/MWh actuellement à 67€/MWh pour les producteurs », ajoute l’Observatoire.