Les EnR en tête depuis 2018

En 2018, et pour la première fois, l’Allemagne a produit plus d’électricité grâce aux énergies renouvelables qu’au charbon, selon un rapport publié le 3 janvier par l’institut allemand Fraunhofer ISE. Durant les 12 mois de 2018, les énergies renouvelables (éolien, solaire photovoltaïque, biomasse et hydroélectricité) ont produit 219 TWh d’électricité en Allemagne, soit 4,3 % de plus qu’en 2017, mais surtout ont couvert 40,4 % de la production électrique allemande, contre 38 % pour le charbon (lignite et houille confondus). Pour rappel, le pays s’est fixé pour objectif de produire 65% de son électricité à partir des énergies renouvelables en 2030. Un bémol cependant, compte tenu des « prix très bas de l’électricité produite à partir du lignite et de la faible valeur des certificats d’émissions de CO2, l’Allemagne exporte d’importants volumes d’électricité » vers ses pays voisins, explique Bruno Burger, responsable de ce rapport. En 2018, le pays a ainsi exporté 45,6 TWh, principalement vers les Pays-Bas, l’Autriche et la Suède et a importé seulement 8,3 TWh d’électricité de France. Selon l’institut Fraunhofer ISE, la part des énergies renouvelables, qui a approximativement doublé depuis le début des années 2010, devrait rester supérieure à 40 % en 2019, compte tenu du nombre d’installations renouvelables en construction (en prenant en compte les aléas météorologiques).

Coup d’envoi de la consultation publique le 20 janvier

« D’ici la fin du mois, nous lancerons la consultation publique [et en ligne] sur la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) et notre Stratégie nationale bas-carbone, qui sont notre feuille de route pour réduire au plus vite nos émissions de gaz à effet de serre et atteindre la neutralité carbone que vous avez désormais inscrit dans la loi » pour 2050, a déclaré le 7 janvier la ministre de la Transition écologique et solidaire devant les députés. Les textes seront ouverts à la consultation publique du 20 janvier au 19 février. « Ces mesures seront renforcées par les propositions des 150 citoyens [de la Convention citoyenne pour le climat] qui travaillent d’arrache-pied et que le président de la République rencontrera vendredi [10 janvier] », a ajouté Élisabeth Borne.

MaPrimeRénov’, nouvel outil de la rénovation énergétique

Le gouvernement a officiellement lancé le 8 janvier une aide financière à la rénovation énergétique des logements, destinée à remplacer le précédent système de crédit d’impôt (crédit d’impôt à la transition énergétique – CITE). Baptisée  « MaPrimeRénov’ », il s’agit d’une « aide juste et simple qui finance ces travaux de rénovation énergétique et s’adresse à tous les propriétaires qui occupent leur logement. L’aide est calculée en fonction de deux éléments : les revenus et le gain écologique apporté par les travaux de chauffage, d’isolation ou de ventilation », explique le ministère de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales dans un communiqué. Le site internet maprimerenov.gouv.fr et un numéro de téléphone (0.808.800.700) doivent aider les particuliers à déterminer la prime à laquelle ils sont éligibles. Cette prime doit être versée dans les 15 jours après la validation de la demande. « Le système tel qu’il était n’était pas satisfaisant », a assuré le ministre du Logement, Julien Denormandie, lors d’une conférence de presse dans les locaux de l’Agence nationale de l’habitat (Anah). « Tout ça prenait 18 mois. La conséquence, c’est que vous aviez un reste à charge trop important pendant une durée trop longue. »

Le rôle des villes dans la transition énergétique

Le réseau collaboratif REN21 vient de publier un nouveau rapport, Renewables in Cities 2019 Global Status Report, qui se consacre au déploiement des EnR dans les villes du monde et au rôle des politiques territoriales dans la transition énergétique. Le rapport examine les tendances de développement des EnR dans les villes et met en avant les bénéfices induits en termes de lutte contre la pollution de l’air, l’accès à l’énergie et les retombées socio-économiques. . La publication a pour but d’aider à la compréhension du rôle important des villes dans la transition énergétique. Les deux tiers de la consommation d’énergie finale dans le monde sont localisés dans les villes, on comprend donc l’intérêt à ce qu’elles soient motrices en termes de transition énergétique. REN 21 a dénombré plus de 250 villes qui ont adopté des objectifs de consommation 100 % EnR mais remarque que leur mise en œuvre est encore peu satisfaisante du fait notamment d’incohérences entre les différents niveaux de politiques territoriales. La publication présente des politiques efficaces et des modèles d’affaires performants pour inciter à les dupliquer.

L’épargne des Seine-et-Marnais mise à contribution

Le financement participatif gagne le monde de la géothermie. Depuis le début du mois de décembre, les habitants de Noisel et de Champs-sur-Marne (77) sont invités à prêter entre 50 et 10 000 euros sur trois ans à GeoMarne. Cette filiale d’Engie Réseaux est chargée de construire un réseau de chaleur alimenté par une centrale puisant ses calories à 1 900 mètres de profondeur. Des visites sont actuellement proposées deux fois par semaine pour visiter le chantier de forage qui devrait durer jusqu’à la fin février. Début janvier, l’offre de financement sera étendue aux dix autres communes de l’agglomération et en février, tous les franciliens pourront participer. Dans d’autres filières renouvelables, les opérateurs sont encouragés à proposer cette nouvelle forme d’épargne pour bénéficier de mécanismes de soutien plus favorables. Bien que ce ne soit pas le cas dans le monde de la géothermie, « nous voulons associer les riverains pour leur montrer l’intérêt de cette opération pour leur territoire », explique Pierre Hourcade, Directeur général d’Engie Réseaux. Il estime que ce type de démarche peut au passage contribuer à renforcer l’acceptabilité des projets. Confiée à l’opérateur Lumo, désormais intégrée à Société générale, la collecte d’épargne vise à rassembler entre 500 000 et 1 million d’euros sur les 40 M€ d’investissement total… Un ballon d’essai puisque sur d’autres projets, l’énergéticien n’exclut pas d’ouvrir le capital de ses sociétés de production aux collectivités ou aux habitants.

Pau inaugure un bus « zéro émission »

Fébus, la nouvelle flotte de huit bus 100 % hydrogène avec « zéro émission » a été inaugurée à Pau (Pyrénées-Atlantiques) par François Bayrou le mardi 17 décembre. Longs de 18 mètres et très silencieux, ces nouveaux bus feront un trajet de 6 kilomètres en 17 minutes (dont 85 % en voie propre) et pourront accueillir jusqu’à 125 personnes. Fébus a été conçu par le groupe belge Van Hool et aura une fréquence de passage toutes les huit minutes aux heures de pointe. L’hydrogène nécessaire est produit sur place par électrolyse de l’eau à partir d’électricité verte certifiée par des garanties d’origine. A terme, l’électricité nécessaire sera produite par des panneaux solaires. Avec zéro émission de gaz à effet de serre et de particules fines, les moyens de transports à hydrogène se rangent aux côtés des véhicules roulants au biométhane ou à l’électricité dans le but de décarboner le secteur de la mobilité. A noter aussi qu’une flotte de bus à hydrogène a été aussi mise en service cet automne dans les Yvelines et le Pas-de-Calais. L’inauguration officielle de la ligne Fébus de Pau se déroulera le 13 ou le 14 janvier prochain en présence du président Emmanuel Macron.

La Guadeloupe va doubler sa production électrique géothermique

La centrale géothermique de Bouillante a obtenu début décembre l’autorisation de procéder à deux nouveaux forages. L’installation compte aujourd’hui cinq puits et avait déjà prévu d’en réaliser trois autres. De quoi alimenter une nouvelle turbine d’ici 2021… et doubler une production d’électricité décarbonée qui fournit aujourd’hui près de 7 % de la demande guadeloupéenne (à un prix d’environ 30 ct€/kWh, ce qui est compétitif dans un contexte outre-marin). Les deux premières turbines dites « à ailettes » valorisent la vapeur sèche qui émane de la faille géologique de Bouillante. La nouvelle installation « à fonctionnement binaire » utilisera une deuxième fois la chaleur pour faire monter un gaz en température avant qu’il ne se détende dans la turbine. « Nous allons investir 15 M€ dans les nouveaux puits et 35 M€ dans l’équipement », rapporte Étienne Nicolas, directeur du site. Si de nombreuses craintes s’étaient exprimées lorsqu’EDF a cédé l’installation en 2016, le groupe américain Ormat qui l’a repris a semble-t-il apporté quelques garanties. En étant plus réactif dès lors qu’il y a une panne ou en optimisant la gestion du niveau de réinjection dans le réservoir fournissant la vapeur, il a fait passer son taux d’efficience de 56 à 93 %. Ormat réfléchit par ailleurs dès aujourd’hui à un projet de quatrième turbine qui pourrait nécessiter de nouveaux forages plus au nord. Depuis sa création, l’installation géothermique contribue aussi à l’attrait touristique de Bouillante en réinjectant une partie de l’eau chaude issue du sous-sol dans une source d’eau chaude très prisée.

Encore du travail nécessaire pour y voir clair

On notera la parution ce jour d’un document intéressant sur le site Énergie en lumière, qui est financé par le projet E2S de l’université de Pau et des Pays de l’Adour (UPPA), dans le cadre des activités du consortium public-privé Pau droit énergie.Ce document présente les points de vue contrastés d’un certain nombre d’acteurs  institutionnels et d’acteurs du marché de l’électricité au sujet des offres d’électricité verte. Si chaque fournisseur prêche évidemment pour sa paroisse, on pourra s’arrêter sur la réflexion originale d’Yvan Debay, d’Origo, qui pointe la nature particulière des contrats  de fourniture d’électricité : ce sont avant tout des contrats de responsabilité d’équilibre, accompagnés le cas échéant de garanties d’origine (GO). Dès lors il n’y aurait pas de différence que l’on achète l’électricité au même producteur que celui qui nous vend la GO ou ailleurs. Plusieurs fournisseurs insistent cependant sur l’intérêt de conclure des contrats d’achat d’électricité avec des producteurs locaux. Certains vont jusqu’à inclure la blockchain pour garantir une couverture de la consommation au pas de temps demi horaire… Paramètres très divers qui soulignent la pertinence du travail de montage d’un label entrepris par l’Ademe avec les différentes parties prenantes. Notre rédaction en avait déjà fait écho dans le hors série du Journal des Énergies Renouvelables consacré aux offres vertes et poursuivra son suivi.

Édition spéciale des Clés de la Transition Énergétique des Territoires

A l’occasion du forum Energaïa qui se tient à Montpellier les 11 et 12 décembre, la lettre des Clés de la Transition Énergétique des Territoires a réalisé une édition spéciale. Au sommaire du numéro : un article sur les certificats d’économies d’énergie (CEE) comme outils de financement pour les collectivités, une présentation de la politique en faveur du développement du biométhane agricole dans le département du Lot-et-Garonne, un portrait du maire de Banyuls-dels-Aspres (Pyrénées-Orientales) et de ses actions très orientées énergies renouvelables ou le détail du projet de la Cleantech Vallée qui accompagne la transition économique et écologique du Gard rhodanien après la fermeture d’une centrale thermique. Les Clés de la Transition Énergétique des Territoires est une publication mensuelle éditée par Observ’ER et disponible gratuitement en ligne sur le site : www.clesdelatransition.org

Un nouveau groupe de travail sur le développement territorial

Un « groupe de travail sur le développement équilibré de l’énergie éolienne en France » va être mis en place, a annoncé la secrétaire d’État à la Transition écologique le 3 décembre à l’Assemblée nationale. Ce groupe de travail traitera « de la répartition territoriale, mais aussi du démantèlement et de l’insertion paysagère » des éoliennes, a expliqué Emmanuelle Wargon en réponse au député UDI du Nord Guy Bricout, qui l’interrogeait sur le nombre d’éoliennes dans la région Hauts-de-France. « À ce jour, 1 500 éoliennes sont déjà en place, 800 ont été autorisées et non encore construites, et 733 projets sont en cours d’instruction. C’est fou ! », s’est exclamé le député. « Il est vrai que la région des Hauts-de-France ainsi que le Grand-Est sont les deux régions les plus directement concernées par le développement de l’éolien et en accueillent une large part », a indiqué la secrétaire d’État. « Mais c’est également vrai que nous devons veiller à une répartition équilibrée sur le territoire des différentes énergies renouvelables et de l’énergie éolienne », a-t-elle poursuivi, en référence au groupe de travail qui va être créé sur cette question. Et de préciser que « les concertations démarrent maintenant très en amont » et que le gouvernement favorisait « les projets citoyens dans lesquels les habitants peuvent eux-mêmes participer aux implantations des éoliennes. »