Alerte sur la future réglementation environnementale !

Dans une tribune intitulée « RE2020 : que reste-t-il du label E+C- ? », Thierry Rieser, gérant d’Enertech et auteur de ce texte, appelle les pouvoirs publics à revoir en urgence certains axes de travail de la réglementation environnementale 2020 (RE2020). Le document, lisible ici, est cosigné par plus de 90 acteurs de terrain, BE, architectes, urbanistes et associations, « tous concernés par la prochaine RE2020. » Au premier rang des récriminations, la disparition du bilan Bépos (comme bâtiment à énergie positive). « Sans bilan BEPOS, comment compte-t-on définir un bâtiment à énergie positive ? », se demande Thierry Rieser. Autre sujet, « le moment est venu de cranter les avancées d’E+C- pour que la performance énergétique et climatique des bâtiments neufs soit vraiment au rendez-vous des contraintes qui pèsent sur l’humanité. Mais plusieurs signaux inquiétants sur des choix concernant quelques points très techniques mais fondamentaux nous font craindre au contraire que la France enclenche la marche arrière, par exemple en redonnant aux convecteurs électriques une place que la RT2012 leur avait retiré avec raison, au détriment d’autres solutions plus performantes comme les pompes à chaleur et des énergies renouvelables », peut-on lire dans cette tribune. Et Thierry Rieser d’ajouter : « Au moment des derniers arbitrages imminents, les propositions que nous formulons n’ont pas d’autre ambition que de permettre à notre pays d’être réellement à la hauteur de ses ambitions, que nous partageons tous. »

Chercher des calories, trouver du lithium

Fonroche Géothermie veut associer cogénération et extraction minière sur le site d’une ancienne raffinerie d’hydrocarbures. À Vendenheim (Bas-Rhin), où l’entreprise paloise projette de construire une centrale de géothermie profonde, des analyses ont montré une concentration importante en lithium dans l’eau issue des puits de forages. Conséquence, elle pourrait chaque année en extraire jusqu’à 1 500 tonnes avant que l’eau ne soit rejetée dans la nappe… selon des procédés qu’il va désormais falloir tester. Côté énergétique, cette installation produira 10 MW d’électricité et 40 MW d’énergie thermique ; de quoi alimenter 26 000 logements en eau chaude et en chaleur ou jusqu’à 70 hectares de serres agricoles. Avec deux autres projets analogues conduits dans la région strasbourgeoise (à Hurthigheim et à Eckbolsheim), Fonroche Géothermie estime être en mesure de fournir 30 à 40 % de la demande industrielle française en lithium. Cette double valorisation aurait un intérêt économique évident pour l’énergéticien, mais aussi pour des filières comme l’automobile aujourd’hui pieds et poings liés à une poignée de pays comme le Chili, l’Australie ou la Chine. Conjuguer géothermie et extraction permettrait en outre de limiter l’impact environnemental du lithium et donc de l’électromobilité. À Vendenheim, Fonroche Géothermie utilisera la technique dite du doublet géothermique permettant d’aller chercher l’eau chaude en utilisant les failles existantes (donc sans fracturation hydraulique). À l’horizon 2023, l’entreprise envisage d’investir 320 M€ et de créer 200 emplois dans la géothermie profonde. (Olivier Descamps)

Accord cadre entre Atawey et la région Auvergne-Rhône-Alpes

Atawey a annoncé, le 12 novembre, la signature d’un accord cadre avec la région Auvergne-Rhône-Alpes (AuRA). « Ce projet a pour objectif de promouvoir la mobilité durable grâce au déploiement de stations pour les vélos à hydrogène sur le territoire », explique cette entreprise basée à Savoie Technolac, au Bourget-du-Lac, et qui conçoit et fabrique l’intégralité de ses stations de production d’« hydrogène vert » dans ses ateliers. « Atawey permettra le déploiement de cette mobilité propre dans les premières communes auvergnates et rhônalpines pour l’été prochain. » Fin 2019, l’entreprise disposera d’un parc de 18 stations (pour vélos et voitures), dont 15 avec production d’hydrogène sur site par électrolyse de l’eau.

Objectif début 2020 pour l’adoption de la PPE

« La finalisation de la PPE, on a l’objectif de la faire très rapidement, tout en tenant compte des travaux et réflexions conduits sur les questions de maîtrise de la demande et de trajectoire carbone » de la France, a déclaré Sophie Mourlon, directrice de l’Énergie à la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC – ministère de la Transition écologique et solidaire), à propos de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) sur la période 2023-2028 lors d’une conférence sur les énergies renouvelables qui s’est tenu à Bercy le 20 novembre. « Notre objectif est de présenter, pour une ultime consultation publique obligatoire sur internet, cette PPE finalisée sur le volet offre d’ici la fin de l’année. Je ne peux pas mettre ma tête à couper que nous y parviendrons mais c’est bien l’objectif, ce qui permettrait d’adopter très rapidement au début de l’année 2020 », a-t-elle ajouté. Pour rappel, après le lancement de l’élaboration mi-2017 et le débat public en 2018, ce projet de feuille de route énergétique pour 2019-2028, très attendu, a été annoncé en novembre 2018 par le président Emmanuel Macron, mais le texte final toujours pas publié.

« Retard inquiétant » constaté sur les objectifs fixés par la PPE

« Malgré un verdissement continu des réseaux, un retard inquiétant est constaté sur les objectifs de 2023 fixés par la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) » (période 2018-2023), avertissent l’association de collectivités Amorce, le Syndicat national du chauffage urbain (SNCU) et la Fédération des services énergie environnement (Fedene, regroupant les entreprises du secteur). Dans l’édition 2019 de leur enquête annuel sur les réseaux de chaleur et de froid, ils clament qu’il est « urgent d’accélérer le rythme actuel de développement des réseaux (création, extension) et de poursuivre leur verdissement afin d’atteindre l’objectif de 2023, soit une multiplication par 5 du rythme de développement de 2018 (soit +2 TWh/an). » Pour autant, 51,7% des énergies utilisées par les réseaux de chaleur proviennent désormais de sources renouvelables et de récupération, contre 27 % il y a dix ans, selon l’étude. En 2018 leur coût global est resté inférieur à celui du gaz collectif et de l’électricité. Les partenaires soulignent dans le même temps « l’impact positif » des 25 mesures annoncées par le ministère de la Transition écologique et solidaire dans le cadre du groupe de travail ministériel qui s’est réuni cette année et se félicitent également de l’augmentation du Fonds chaleur.

Santé !

La transition vers les énergies renouvelables pourrait réduire jusqu’à 80% d’ici 2050 les impacts de la pollution de l’air sur la santé, selon une étude publiée le 19 novembre par Postdam Institute for Climate Impact Research (PIK). Selon ce document, un scénario dans lequel la majorité de l’électricité est produite par le solaire et l’éolien pourrait réduire les effets sanitaires de la production électrique de 80 % par rapport aux systèmes actuels. « Le principal gagnant de la décarbonation est la santé », explique l’auteur principal, Gunnar Luderer, mettant ainsi en avant le rôle clé des politiques climatiques pour la santé humaine. Selon lui, tous les scénarios de décarbonation (PIK en a étudié 3) présentent un avantage en matière de santé publique, mais celui insistant sur les renouvelables est le plus bénéfique.

Une loi et une volonté affichée d’aller vers plus d’EnR

La loi Énergie et Climat a été promulguée le 9 novembre au Journal officiel. Comportant 69 articles, cette loi, datée du 8 novembre 2019, est présentée par la ministre de la Transition écologique et solidaire, Élisabeth Borne, comme un « nouveau pilier » de la transition écologique. De fait, elle actualise les objectifs de la politique énergétique de la France, notamment en prévoyant d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050, une baisse de 40 % de la consommation d’énergies fossiles d’ici à 2030, contre 30 % précédemment, et la fermeture des dernières centrales à charbon en 2022. Elle pérennise également le Haut Conseil pour le climat (créé en novembre 2018) et prévoit un dispositif progressif de rénovation énergétique des logements « passoires thermiques ». Par ailleurs, la loi entérine le décalage de 2025 à 2035 pour la réduction à 50 % de la part du nucléaire dans la production électrique. Sur le même sujet, la ministre a appelé au micro de France inter le 10 novembre EDF à « réfléchir » à son rôle au cas où un scénario « 100 % énergies renouvelables » serait retenu à terme pour la fourniture d’énergie en France, au dépend de nouvelles centrales nucléaires. « Je vous confirme qu’on étudie à la fois un scénario dans lequel on continue à faire de nouvelles centrales nucléaires, et aussi un scénario 100 % renouvelables », a indiqué la ministre. « On doit avoir tous les éléments sur la table mi-2021 » et « on a dit qu’on ne prendrait pas de décision sur de nouvelles centrales nucléaires avant la mise en service de Flamanville », a-t-elle rappelé. Une déclaration qui intervient au lendemain de la publication par Le Monde d’un document interne d’EDF dans lequel l’énergéticien évalue à au moins 7,5 mds€ le coût unitaire d’éventuels nouveaux EPR, soit plus du double du prix initial du réacteur nucléaire de troisième génération de Flamanville qui a accumulé les déboires et dont la facture actuelle atteint 12,4 mds€.

Météo-France et Atos lance une plateforme

Atos et Météo-France ont annoncé le 12 novembre la création d’une nouvelle plateforme qui « permet aux producteurs et agrégateurs d’électricité verte de mieux prévoir leur production en France et en Europe. » Le spécialiste de transformation digitale et le groupe de météorologie s’associent en effet pour développer une plateforme de prévision des productions d’électricité renouvelable à destination des professionnels du secteur. Ce service permet ainsi aux producteurs et agrégateurs d’électricité renouvelable « d’anticiper les conditions d’équilibre du système et notamment les autres besoins de production, et d’intégrer au mieux les énergies renouvelables au sein du réseau électrique français et européen », explique les deux partenaires dans un communiqué commun. Concrètement, la plateforme utilise des algorithmes de « Machine Learning » pour déterminer des prévisions les plus précises possibles, et ainsi fournir un service dit de « météo-sensibilité ». Elle fonctionne sur la base de données météorologiques fournies par Météo-France, d’historiques de production, ainsi que d’informations sur les équipements physiques en place.

L’Ademe publie un guide à destination des candidats

« Candidat-e aux municipales, vous portez un projet d’avenir pour votre commune. Avec ce guide ”Demain, mon territoire”, nous avons voulu montrer que, pour chaque défi du quotidien, il existe une palette de solutions éprouvées pour engager une transition écologique qui, si elle est désormais inéluctable, puisse également être désirable », explique Arnaud Leroy, PDG de l’Ademe dans le communiqué annonçant cette publication qui prend la forme de 20 fiches pratiques abordant une multitude de thématiques (les déplacements, les logements, la nature en ville, la consommation responsable, la sensibilisation des jeunes…). Ces fiches, disponibles ici, contiennent des chiffres clés, des pistes d’action et des exemples de solutions mises en œuvre. Elles répondent aux divers enjeux d’un territoire, de l’alimentation à la mobilité, en passant par l’énergie, l’économie circulaire, l’aménagement, l’adaptation au changement climatique, etc. « L’objectif est de prouver aux candidats qu’il est possible d’envisager une ville plus sobre en carbone. »

La formation des installateurs encouragée

« Les professionnels du génie climatique vont pouvoir bénéficier d’un coup de pouce pour se former à l’installation des systèmes valorisant la chaleur renouvelable grâce au programme FEE Bat » (Formation des professionnels aux économies d’énergie dans le bâtiment), ont annoncé Qualit’EnR et FEE Bat dans un communiqué commun diffusé le 6 novembre. Grâce à un partenariat signé entre les deux organismes, les installateurs pourront ainsi « bénéficier d’une prise en charge financière des formations agréées en chaleur renouvelable à partir du 1er janvier 2020. » Les équipements concernés sont les suivants : pompes à chaleur et chauffe-eau thermodynamiques, appareils bois énergie (poêles, chaudières, etc.), chauffe-eau solaires et systèmes solaires combinés (chauffage solaire) et forage géothermique. Les installateurs sont invités à se rapprocher des centres de formation agréés dans les prochaines semaines pour en savoir plus. Un annuaire est disponible sur formation-enr.org.