Appel pour un marché européen de la chaleur

Dans une lettre adressée à la Présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen, publiée le 7 Avril, l’EGEC (European Geothermal Energy Council) appelle à la création d’un marché européen de la chaleur à l’image de ceux existants pour l’électricité ou le gaz. L’EGEC est une organisation à but non lucratif comptant plus de 120 membres issus de l’industrie de la géothermie, qui promeut l’information et le développement de l’énergie géothermique. D’après l’association, l’existence de marchés pour l’électricité et le gaz les avantagerait aux dépends de la chaleur, et notamment la chaleur renouvelable. La moitié de la consommation d’énergie en Europe passe par la chaleur, et 80 % de celle-ci vient des énergies fossiles, qui ne sont actuellement pas soumises à un prix du carbone uniformisé. De plus, les énergies fossiles bénéficient de subventions directes et indirectes, incompatibles avec l’accord de Paris, et les objectifs européens. Ainsi les solutions de chauffage et de refroidissement renouvelables peinent à se développer dans la plupart des États membres. Le secrétaire général de l’EGEC appelle donc à soutenir la chaleur renouvelable par la création d’un marché européen de la chaleur, par une législation appropriée et l’institutionnalisation d’un opérateur de réseau de chaleur qui serait chargé de gérer des infrastructures dédiées aux sources de chaleur renouvelables. Une façon également de sortir par le haut de la crise économique actuelle en investissant dans des énergies peu carbonées et créatrices d’emplois.

Un réseau de chaleur à Champs-sur-Marne

Après trois mois de chantier en plein cœur de la cité Descartes de Champs-sur-Marne (Seine-et-Marne), la phase de forage vient de s’achever. La communauté d’agglomération Paris-Vallée de la Marne (CAPVM) et son délégataire de service public GéoMarne (filiale locale du Groupe Engie), annoncent la réalisation de deux forages déviés de 1 900 mètres dans le Dogger (nappe d’eau souterraine où la température de l’eau se situe entre 50 et 95 °C). D’ici quelques semaines, un réseau de chaleur alimenté à 82 % par la géothermie sera effectif et permettra d’alimenter une dizaine de quartiers de Champs-sur-Marne et de Noisiel, soit environ 10 000 équivalent logements, et de faire fonctionner le futur centre aquatique. Cette réalisation représente un investissement de 40 millions d’euros. La Région Ile-de-France accompagne ce projet à hauteur de 4 millions d’euros et l’Ademe, 6 millions. La fin du chantier marque également la clôture de la collecte de financement participatif. Les citoyens locaux et plus largement, les Franciliens, avaient la possibilité de prendre part au projet grâce à un dispositif ouvert sur la plateforme Lumo. Cette collecte a atteint début février la somme d’un million d’euros.

Avant goût de la transition énergétique en Belgique

Le confinement impose un ralentissement économique d’ampleur, et par conséquent une réduction de la consommation globale d’énergie. L’APERe (Association pour la Promotion des Energies Renouvelables) rapporte qu’en Belgique, la consommation a diminué de 10% par rapport à une année classique sur la même période. Ce chiffre résulte d’une réduction de 15% de la consommation des entreprises, compensée pour partie par l’augmentation de celle des ménages. Le 28 mars de 9h à 17h, plus de la moitié de la consommation d’électricité en Belgique était fournie par des sources renouvelables. Le solaire représentait 33 %, l’éolien 28 % et la biomasse 3%. Bien que la météo ait été particulièrement propice, l’APERe explique qu’en diminuant notre consommation, il est possible d’intégrer davantage de renouvelables dans le mix. C’est ce que vise la Transition énergétique : une plus grande sobriété énergétique afin de couvrir notre consommation d’énergie par des sources renouvelables. Sur les marchés cependant, les prix négatifs lors de certaines périodes creuses nous invitent à repenser l’organisation du système électrique centralisé afin de pouvoir intégrer la flexibilité de la demande et de l’offre. L’APERe rappelle également que « le confinement ne perturbe pas le fonctionnement de nos installations renouvelables, contrairement aux centrales fossiles et nucléaires qui doivent actuellement – comme d’autres secteurs d’activité – fonctionner avec un personnel réduit, ce qui pose d’importantes questions de sécurité ».

La Banque des Territoires entre au capital de Terres d’Énergie

Terres d’Énergie, producteur indépendant d’énergies renouvelables et le Crédit Agricole Pyrénées Gascogne annoncent la signature d’un « partenariat stratégique » avec la Banque des Territoires qui investira 90 millions d’euros dans la société. A ce jour, Terres d’Énergie détient 821 installations solaires en toitures, 28 centrales solaires au sol et 2 parcs éoliens, pour une capacité installée cumulée de 488 MW, principalement en Région Provence-Alpes-Côte-d’Azur et en Occitanie. « Nous sommes ravis d’accueillir la Banque des Territoires au capital de Terres d’Énergie, pour accélérer la croissance de la deuxième plateforme d’énergie solaire en France », déclare Nicolas Jeuffrain, président et co-fondateur de Terres d’Énergie. Avec ce partenariat, la Banque des Territoires réitère sa volonté d’accompagner les acteurs indépendants de la filière énergies renouvelables. Il faut rappeler que fin 2019, la Banque des Territoires est également entrée au capital, à hauteur de 50 %, de la société CNR Solaire 1, filiale de la Compagnie nationale du Rhône, et d’un portefeuille de projets éoliens et photovoltaïques de Total Quadran d’une capacité de 143 MW. La Banque des Territoires dispose désormais d’un portefeuille de parcs éoliens et solaires de plus de 4 GW.

Faites connaître vos priorités climat

La Commission européenne lance une grande consultation citoyenne sur les objectifs climat de la politique européenne à 2030. Le Green Deal européen a pour but de faire de l’Europe le premier continent neutre en matière de climat en 2050. Ceci implique d’augmenter les objectifs de réduction d’émission de gaz à effet de serre d’ici à 2030 à au moins 50 %, voire 55 % par rapport au niveau de 1990. Un tel objectif permettrait de rythmer davantage la progression nécessaire atteindre la neutralité climat en 2050. La consultation cherche à rassembler vos avis sur le niveau d’ambition que doivent afficher les politiques européennes en matière d’énergie et de climat et les actions à mettre en place dans les différents secteurs. Elle a également pour objet de récolter des informations, trajectoires, études et recommandations pertinentes en matière de réduction de gaz à effet de serre. Pour participer, remplissez le questionnaire en ligne avant le 23 juin 2020.

Explosion des ventes de chaudières dans un marché globalement stable

Observ’ER vient de mettre en ligne son étude annuelle sur le marché des appareils de chauffage domestique au bois. Le rapport est librement téléchargeable à partir du site de l’association. Dans son ensemble, les ventes ont été stables, enregistrant un très léger recul en 2019 par rapport à l’année précédente (376 640 pièces contre 378 980 un an auparavant). Ces résultats ont été impactés par un nouvel hiver aux températures très douces, phénomène qui traditionnellement n’incite pas les ménages à engager des dépenses pour changer leur système de chauffage. Par ailleurs, l’annonce de la fin du crédit d’impôt dans son ancienne version au 31 décembre 2019 n’a pas suffisamment poussé les particuliers à avancer leurs achats avant la mise en place d’un nouveau dispositif en 2020. Si l’on se penche plus en détail sur la dynamique de chaque segment, les poêles à granulés, qui représentent 95 % des ventes d’appareils indépendants automatiques (poêles, inserts, foyers fermés ou cuisinières) ont reculé de 2 % soit 149 510 pièces écoulées contre 152 960 en 2018. Ce recul sur le segment phare est le premier observé depuis 2014 et le second au cours des 11 dernières années. La bonne nouvelle est venue du segment des chaudières avec une augmentation générale de 53,7 % des ventes. Cependant, cette progression est uniquement due aux appareils automatiques à granulés qui ont plus que doublé leurs ventes par rapport à 2018 (14 190 contre 6 900). Cette très forte croissance vient de la mise en place de l’offre Coup de Pouce Chauffage en début d’année 2019. Orientée vers le remplacement des chaudières les plus anciennes et les plus polluantes (notamment au fioul), l’offre propose des aides modulables suivant les niveaux de revenus des particuliers et qui peuvent atteindre 4 000 euros pour l’achat d’une chaudière biomasse performante.

20% de la demande mondiale en gaz pourraient être couverts par le biogaz et le biométhane

Le nouveau rapport que l’AIE vient de publier sur le biogaz et le biométhane indique que le monde n’utilise qu’une petite fraction du potentiel de production de biogaz. Les sociétés modernes produisent des quantités croissantes de déchets organiques – résidus agricoles, déchets agroalimentaires et déjections animales – qui peuvent être utilisés pour produire du biogaz et du biométhane. Le biogaz peut fournir électricité et chaleur de façon locale et peut constituer un combustible pour la cuisine. Sa transformation en biométhane le rend aussi pratique que le gaz naturel, sans les émissions nettes de CO2 qui lui sont associées. L’utilisation de davantage de ressources locales organiques pour fournir de l’énergie permet également de poursuivre les objectifs de l’économie circulaire, dans laquelle les ressources doivent être réutilisées sous forme de cycle vertueux. Toutes les régions du monde ont les moyens de produire du biogaz et / ou du biométhane et les ressources en déchets organiques devraient augmenter de 40% d’ici à 2040, selon le rapport de l’AIE. Les meilleures perspectives se trouvent dans la région Asie-Pacifique où la consommation et les imports de gaz naturel ont augmenté rapidement ces dernières années. Les potentiels sont également intéressants en Amérique du Nord et de Sud, en Europe et en Afrique.

Le think-tank 2° Investing Initiative publie une série de rapports

Dans un article publié le 24 mars 2° Investing Initiative présente les résultats de 4 études portant sur les particuliers consommateurs de produits financiers. Avec un premier rapport annuel datant de 2013, 2DII est un think-tank qui promeut la prise en compte des risques climatiques dans les stratégies d’investissement et la régulation européenne. Cette série d’études a pour objectif de guider les décideurs politiques pour l’élaboration du Sustainable Finance Action Plan dans le cadre du Green New Deal. Les deux tiers des répondants français et allemands affirment vouloir investir leur argent de manière responsable, et 43% des répondants indiquent que leur objectif principal serait d’influencer l’économie réelle pour qu’elle prenne davantage en compte l’environnement. D’autre part, l’une des études montre que des phénomènes de greenwashing sont partout présents, même dans les produits financiers dits « socialement responsables ». Parmi les 52% des 230 fonds analysés communiquant sur leurs impacts, 99% feraient des déclarations ambiguës et floues sur les bénéfices environnementaux apportés par leur portefeuille. D’après les réponses d’un sondage du dernier des rapports, 85% des Européens seraient prêts à agir, par le biais de leurs choix financiers, en faveur de l’environnement, des problématiques sociales et éthiques. Il existe un Ecolabel destiné à évaluer la nature plus ou moins soutenable des produits financiers sur la base de leurs impacts environnementaux, dont une seconde version est en cours de discussion. Son analyse par 2DII montre qu’elle est construite sur des critères qui ne peuvent être mesurés dans le cadre des législations actuelles. En conclusion, le 2DII recommande de créer un cadre réglementaire permettant d’évaluer les preuves des impacts environnementaux des stratégies d’investissements et de développer des recommandations régulant les assertions du secteur de la finance quant aux impacts environnementaux que ses produits pourraient avoir ainsi que les informations qui doivent être délivrées aux clients investisseurs.

Total se lance dans un projet de stockage par batterie

Le groupe Total vient d’annoncer la construction d’un site de stockage d’énergie par batteries à Mardyck dans l’enceinte de l’établissement des Flandres, situé dans la zone portuaire de Dunkerque. Avec un investissement de 15 millions d’euros, ce projet utilisera une solution de stockage lithium-ion avec 11 conteneurs de 2,3 MWh chacun, fabriqués par Saft, filiale de Total spécialiste des batteries pour l’industrie. Opérationnel d’ici la fin de l’année ce programme permettra de réguler les fréquences et la variabilité de production propres aux énergies renouvelables mais aussi de stabiliser le réseau. Total ambitionne 25 GW de capacité de production installée en électricité renouvelable (photovoltaïque et éolien) d’ici 2025.

980 millions d’euros pour les infrastructures énergétiques propres

Dans le cadre du Green Deal voulu par la Présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, la Commission a annoncé le 13 mars dernier que les projets européens d’infrastructures énergétiques transfrontalières bénéficieront de 980millions d’euros grâce au programme Connecting Europe Facility (CEF). L’appel à projets est ouvert jusqu’au 27 mai 2020, et concerne ceux qui remplissent déjà un certain nombre de critères leur permettant d’être considérés comme des Projets d’Intérêt Commun (PCIs). Ils doivent impacter au moins deux États membres, accroître la compétitivité du secteur énergétique, améliorer la sécurité d’approvisionnement de l’Europe et contribuer aux objectifs de développement durable. Dans un second temps, ils seront analysés plus finement sur des critères de maturité, de solidarité et de caractère innovant. La liste des PCIs est mise à jour tous les deux ans, la dernière, datant d’octobre 2019 entrera en vigueur le 31 mars 2020. Par exemple, le financement des projets d’interconnexion transfrontalière pourrait permettre de davantage tirer parti de productions renouvelables variables, comme ceux entre la France et le Royaume-Uni. Cependant les changements de statut juridique à la suite du Brexit pourraient compliquer les démarches, ou changer les critères de sélection.