Du ciment à partir de biomasse

Le site de La Malle du cimentier Lafarge situé à Bouc-Bel-Air, dans les Bouches-du-Rhône, va utiliser des résidus de biomasse comme combustible pour la fabrication de ses ciments. Il s’agit d’exploiter les fines de bois, qui sont des poussières ou de petites particules issues de la préparation de copeaux ou de broyats de bois. Il y a encore quelques années, entre 3 et 4 millions de tonnes de déchets de bois étaient enfouis par an sans valorisation. L’utilisation de fines de bois permettra d’abaisser la part de combustibles soufrés comme le coke de pétrole dans le processus de combustion pour la production de ciment, contribuant ainsi à réduire de 10 % supplémentaires les émissions de soufre. L’approvisionnement en fine de bois est régional : la cimenterie récupère les fines de bois principalement à Fuveau ou dans le Var, grâce à des connexions directes avec des centrales biomasse, comme la centrale de Gardanne dans les Bouches-du-Rhône.

Jupiter 1 000 injecte de l’e-méthane dans le réseau

Début juillet, le démonstrateur power-to-gas Jupiter 1 000 situé sur le complexe industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) a commencé à injecter dans le réseau de gaz de l’e-méthane produit par le procédé de méthanation. Ce procédé consiste à faire réagir de l’hydrogène renouvelable avec du CO2 issu du recyclage de fumées d’Asco Industries, l’usine sidérurgique voisine, pour obtenir un gaz de synthèse. L’hydrogène vert provient des deux électrolyseurs de McPhy – PEM (Proton exchange membrane) et alcalin – d’une capacité de 1 MW. L’installation affiche une capacité de production d’e-méthane de 25  nm3/heure. Le réacteur de méthanation, le « méthaneur », a quant à lui été construit par Khimod (groupe Alcen) avec l’appui du CEA. «  Jupiter 1000 est la première expérience française à l’échelle du mégawatt. Et il est le premier projet à valoriser du CO2 de fumées industrielles, indique Sylvain Lemelletier, directeur de projet chez Rice, le centre de recherche et d’innovation de GRTgaz. Les campagnes d’essais, entamées en février 2020 avec une première injection d’hydrogène, se poursuivront jusqu’en 2023 sous la coordination du CEA. À cette date, Jupiter 1000 célèbrera les dix ans des premières réflexions qui ont abouti au montage du projet. »

Un nouveau président pour le Syndicat des énergies renouvelables

Avec 75 % des voix contre 25 %, Jules Nyssen, jusque-là délégué général de Régions de France, vient d’être élu à la présidence du Syndicat des énergies renouvelables (SER). Jules Nyssen succède ainsi à Jean-Louis Bal qui occupait la présidence depuis mars 2011 et dont le mandat se terminera officiellement le 24 octobre prochain. « Ma principale ambition consiste à mieux faire connaître le SER du grand public pour porter un discours positif sur les énergies renouvelables. Si, aujourd’hui, tout le monde est d’accord pour développer les énergies renouvelables, la mise en œuvre sur le terrain est plus compliquée. Nous devons faire de la pédagogie pour montrer en quoi le développement des énergies renouvelables est indispensable et compatible avec les projets territoriaux. Il faut lever les inquiétudes parfois amplifiées par certains. Le SER devra mettre en valeur les projets exemplaires et démontrer leur valeur ajoutée sociale et territoriale », a déclaré le nouveau président dont le mandat est de trois ans.

Le nouveau site Internet d’Observ’ER est en ligne !

Mercredi dernier, Observ’ER (l’Observatoire des énergies renouvelables), acteur de référence dans le domaine des énergies renouvelables et de la transition énergétique en France et en Europe a dévoilé son tout nouveau site Internet. Sont présentés les différents domaines d’activité d’Observ’ER, les magazines avec Le Journal des Énergies Renouvelables, Le Journal du Photovoltaïque et Le Journal de l’Éolien, les études et baromètres thématiques (en consultation libre), les actualités les plus marquantes des différentes filières en France, en Europe et à l’international ; les Clés de la transition énergétique, également en consultation libre, dédiées à la transition énergétique dans les territoires, en zones rurales et dans les entreprises. Des fiches consacrées aux différents secteurs des énergies renouvelables sont également en libre accès. Pour la visite c’est ICI.

Un futur site de production près de Toulouse

La start-up H2V, filiale du groupe industriel Samfi, qui investit, développe et construit des centrales de production d’hydrogène renouvelable, a annoncé le 10 juin dernier l’officialisation de son futur site de production sur le parc d’activités des Portes du Tarn près de Toulouse en Occitanie. En effet, les élus ont validé ce projet lors du Comité d’Engagement et de Suivi des Portes du Tarn le 8 juin, dans le cadre du développement du parc d’activités afin d’attirer des entreprises notamment spécialisées dans la Cleantech, c’est-à-dire des techniques et services industriels qui utilisent les ressources naturelles, l’énergie, l’eau, les matières premières dans une perspective d’amélioration importante de l’efficacité de la productivité. Le projet d’H2V pourrait entrer en service en 2028 mais son dimensionnement reste inconnu. En plus des entreprises implantées sur le parc, il pourrait notamment alimenter la mobilité lourde, ainsi que des aéroports proches comme celui de Toulouse Blagnac.

Réseau de chaleur : le solaire remplace le gaz

La société de projet Emasol, filiale de Newheat, entreprise spécialisée dans le solaire thermique, a mis en service une centrale de 1 800 m2, soit 1,4 MW thermiques installés sur la ville de Pons, en Charente-Maritime. Il s’agit de la première centrale de ce type alimentant un réseau de chaleur équipée de trackers (systèmes mécaniques permettant d’orienter les panneaux face au soleil). Son objectif est de doper la productivité de la centrale et d’apporter de la flexibilité au réseau de chaleur urbain qu’elle alimente. Ce réseau de chaleur, initialement fourni en énergie par des chaudières gaz et biomasse, atteignait déjà un taux de chaleur renouvelable de 73 %. Avec cette nouvelle centrale Emasol, il devrait atteindre un taux supérieur à 90 %, en effaçant la quasi-totalité du gaz fossile utilisé sur la période estivale. Cette centrale solaire thermique est prévue pour une durée de 25 ans minimum. Lauréate de l’Appel à projet « Grandes Installations Solaires Thermiques » du Fond Chaleur de l’Ademe, elle bénéficie d’un soutien de 580 000 euros, ainsi que de 167 500 euros de la Région Nouvelle-Aquitaine. Ce projet Emasol s’inscrit dans un cadre plus large, celui du financement organisé en 2020 par Newheat de cinq centrales de production de chaleur solaire et de récupération en France, comprenant un financement bancaire de 13 millions d’euros. Divers acteurs de la transition énergétique sont également actionnaires minoritaires, ainsi que la ville de Pons (5 %) en contrepartie de la mise à disposition du terrain d’implantation de la centrale.

Les acteurs de la géothermie de nouveau rassemblés

Les journées de la géothermie 2022 ont été l’occasion de retrouvailles pour la filière. Organisé les 9 et 10 juin derniers à Aix-les-Bains (Savoie) par l’Association française des professionnels de la géothermie (AFPG), en partenariat avec l’Ademe et le BRGM, l’événement n’avait pas eu lieu depuis 2016. Les 300 participants ont pu assister à des conférences sur des thématiques aussi variées que le développement du marché, l’innovation, la recherche, l’économie, la compétitivité, l’emploi, l’acceptabilité de la filière… Témoignages de collectivités et retours d’expériences ont montré le caractère incontournable de cette technologie, qui permet de produire à la fois du chaud et du froid, dans un contexte urgent de réchauffement climatique et de crise énergétique. Ces journées ont également été l’occasion du renouvellement des instances de l’AFPG et de la réélection de Jean-Jacques Graff au poste de président pour un mandat de trois ans. Deux projets innovants ont en outre été récompensés par les adhérents : celui du girondin AbSolar dans la catégorie géothermie de surface, et celui de l’exploitant de la centrale géothermique de Soultz-sous-Forêts (Bas-Rhin), ES géothermie, pour la géothermie profonde. Le premier répond à la problématique de variabilité des énergies renouvelables par un système associant «  stockage d’énergie souterrain intersaisonnier » et « énergie solaire thermique ». Le second a permis, au sein du projet de recherche et d’innovation européen EuGeli, de développer un procédé d’extraction du lithium des saumures géothermales. Enfin, Ann Robertson-Tait, présidente de WING International (Women In Geothermal), a annoncé la création d’une branche française. Rendez-vous dans trois ans pour la sixième édition.

Plus de 200 nouvelles unités de méthanisation en 2021

L’Ademe a publié le 22 juin l’état des lieux du parc d’installations de méthanisation en service au 1er janvier 2022 sur la plateforme Sinoe. Il s’agit d’un outil destiné à aux collectivités territoriales pour les aider à optimiser leur politique de gestion des déchets ménagers. Ce travail réalisé en partenariat avec Observ’ER dresse le bilan et donne les chiffres clés de la méthanisation en France. Ainsi au 1er janvier, la base de données Sinoe récence 1 308 installations opérationnelles, dont 759 en cogénération (+ 44 par rapport à 2020) pour 248 MWe, 371 en injection (+ 156 par rapport à 2020) pour 62 787 Nm3/h et 180 en chaleur seule (+ 6 par rapport à 2020). Cela illustre la volonté du gouvernement de prioriser l’injection qui devrait à terme devenir le principal débouché de la filière méthanisation. Le Grand Est est de loin la première région en termes de nombre d’installations de cogénération (189 unités) ainsi que de capacité (53,7 MWe). C’est également la première région, légèrement devant les Hauts-de-France, pour l’injection avec 73 unités pour une capacité de 13 534 Nm3/h. Au niveau national la majorité des installations sont des petites unités à la ferme, 623 unités en cogénération avec une puissance moyenne de 133 kWe et 248 unités en injection avec un capacité moyenne de 142 Nm3/h. Les installations dans l’industrie sont majoritairement en chaleur seule (85 unités sur 107), de même pour les sites en couverture de fosse (37 unités sur 41). D’après le Service des données et études statistiques (SDES), en 2021 la quantité de biogaz injectée sur le réseau est estimée à 4 337 GWh, dont 460 GWh commercialisés sous forme de BioGNV, respectant ainsi la trajectoire prévisionnel fixée par la Programmation pluriannuelle de l’énergie. La capacité maximale d’injection se situe quant à elle aux alentours de 6,4 à 6,6 TWh et devrait doubler d’ici 2024 grâce aux projets inscrits au registre des capacités d’après GRDF. Toujours d’après le gestionnaire de réseau de distribution, d’ici 2030, 20 % du gaz consommé en France pourrait être issu de procédés renouvelables.

Du gaz vert à partir de boues

Le CEA et GRDF s’associent pour cinq ans dans le cadre du projet Gazhyvert 2 pour développer un démonstrateur de gazéification hydrothermale. Cette solution permet de produire un gaz 100 % renouvelable à partir de biomasses liquides telles que les boues de stations d’épuration. En opérant à haute température et pression élevée, cette technologie permet de convertir jusqu’à 90 % du carbone de la biomasse en biogaz et garantit également la récupération des sels minéraux (azote, phosphore, potassium…) utilisables comme nutriments et fertilisants durables. Le projet Gazhyvert 2 a pour objectif de définir les adaptations nécessaires pour une industrialisation de la gazéification hydrothermale à horizon 2025.

6 600 emplois en 2021 dans les énergies de la mer

Les 8e Assises Nationales des énergies marines renouvelables, organisées par le Syndicat des énergies renouvelables (SER), se sont déroulées le 14 juin dernier au Havre. Elles ont été l’occasion de rappeler le Pacte Éolien en mer signé en mars entre l’État et la filière, qui implique d’attribuer 20 GW de projets en mer d’ici 2030. Un chiffre sept fois supérieur aux projets actuellement en phase de développement. Il a également été l’occasion de présenter les résultats du rapport 2022 de l’Observatoire des énergies de la mer (disponible en ligne). Plus de 2,6  milliards d’euros ont été investis dans les filières renouvelables marines en 2021, générant 1,3 milliards d’euros de chiffres d’affaires, dont 91 % pour l’éolien posé et 4% pour le flottant. Le nombre d’emplois recensés s’élève à 6 591, en croissance de 36 % par rapport à l’année précédente. Ils se situent à 77 % dans l’éolien posé, 17 % dans l’éolien flottant et 6 % dans les autres énergies marines (hydrolien, houlomoteur, etc.). Trois parcs éoliens en mer étaient en effet déjà en construction et cette montée en puissance se poursuit grâce au début des travaux du parc de Courseulles-sur-Mer (Calvados). L’usine de GE Renewable Energy à Cherbourg a fonctionné à pleine capacité sur l’année 2021 tandis que les premiers recrutements commençaient pour l’usine de Siemens Gamesa, inaugurée au printemps 2022. Les régions Normandie et Pays-de-la-Loire sont de loin les plus dynamiques avec respectivement 2 266 et 1 832 emplois. La filière vise l’objectif de 20 000 emplois en 2035. Pour cela, « il faut créer un peu plus de 1 000 emplois par an : la filière est sur cette trajectoire », assure l’Observatoire.