La nappe du Dogger exploitée à Saint-Denis

Après la biomasse, la géothermie. Le Syndicat mixte des réseaux d’énergie calorifique (Smirec) prévoit d’exploiter la nappe du Dogger qui se cache sous le Bassin parisien pour alimenter le réseau de chaleur de Saint-Denis, l’Île-Saint-Denis, Stains et Pierrefitte, dans le département de la Seine-Saint-Denis, en complément des chaufferies bois existantes. Si celles-ci permettent d’atteindre actuellement un taux d’énergie renouvelable de 55 %, le délégataire prévoit en effet d’étendre le réseau de 9 km vers le centre-ville d’Aubervilliers et les nouveaux quartiers de Port chemin vert et du Fort, et souhaite garder un taux d’alimentation par les énergies renouvelables supérieur à 50 %. Deux forages seront creusés à l’est de la commune de Saint-Denis, à un peu plus de 1 600 mètres de profondeur. Le premier extraira de l’eau du Dogger à environ 57 °C, qui sera réinjectée après utilisation via le second forage. Des pompes à chaleur (18 MW) récupéreront de la chaleur sur l’eau des retours du réseau pour la transférer à l’eau de départ. L’eau sera ainsi réinjectée non pas à 45 °C mais à 33 °C en moyenne sur l’année. L’ensemble de l’installation devrait ainsi permettre de produire 50 GWh/an, pour des besoins estimés à Aubervilliers à 52,7 GWh/an en 2025, l’appoint se faisant au gaz. L’investissement total représente 31 millions d’euros dont 9,5 millions apportés par l’Ademe et la région Île-de-France. L’enquête publique est actuellement en cours, les travaux devant débuter en février 2023 pour une mise en service à l’été 2024.

Réseau de chaleur de plus en plus vert à Soissons

La Ville de Soissons (Hauts-de-France) a confié à Idex la délégation de service public de son réseau de chaleur pour une période de 20 ans. Le nouveau délégataire aura pour mission de poursuivre la mue du réseau vers 85 % d’énergies renouvelables (contre 46 % actuellement) et ainsi de permettre à l’équivalent des 2 550 logements raccordés de profiter d’une énergie vertueuse. Une nouvelle chaufferie biomasse sera réalisée et la consommation d’électricité totale du réseau sera alimentée à 100 % par des sources renouvelables. Par ailleurs, le réseau sera modernisé et étendu, passant de 9,9 km à 26 km. Soixante sous-stations supplémentaires seront créées afin de concrétiser ce projet qui s’adresse aussi bien aux logements individuels qu’à l’habitat social et collectif. Le projet pourra bénéficier du soutien financier de l’Ademe, via son Fonds chaleur, du mécanisme des Certificats d’Économies d’Énergie ainsi que d’un dispositif de financement participatif qui proposera des taux bonifiés pour les Soissonnais.

L’État s’intéresse enfin à la géothermie de surface

Le Haut-Commissariat au Plan, organe de l’État chargé de la réflexion prospective, a publié un plan destiné à développer la géothermie de surface (jusqu’à 200 mètres de profondeur). Élaboré avec l’appui du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), il décline un plan d’action en quatre volets pour rendre effectif le déploiement de cette énergie sur l’ensemble du territoire métropolitain. Le premier concerne la formation de professionnels du secteur avec un programme de sept ans pour 60 millions d’euros. Le second concerne l’offre de forage et d’équipement de chauffage des professionnels avec une montée en puissance sur sept ans pour pouvoir répondre à une future demande. Le troisième se concentre sur l’accessibilité au niveau des particuliers et des consommateurs tertiaires afin de réduire les coûts d’investissement et le risque financier grâce à des soutiens publics et ciblés. Enfin le quatrième volet propose de cartographier le territoire selon les zones les plus propices, notamment pour réduire les coûts et les risques des forages. La géothermie est aujourd’hui le moyen de chauffage renouvelable le moins développé en France. Elle présente pourtant un réel intérêt de par sa longévité et ses très faibles émissions de gaz à effet de serre, comme l’explique Observ’ER dans sa dernière étude qualitative du marché des pompes à chaleur individuelles.

Un car retrofité au biogaz en Auvergne Rhône-Alpes

Lors du salon Autocar Expo qui s’est tenu le 13 octobre dernier, la Région Auvergne-Rhône-Alpes, CRMT (Centre de Recherche en Machines Thermiques), le groupe isérois de transport Berthelet, l’Ademe et GRDF ont présenté un car scolaire diesel converti au biogaz. Les cars scolaires roulent en moyenne 20 000 kilomètres par an, sont contrôlés tous les six mois et sont donc en très bon état après plusieurs années d’utilisation. Ils n’ont pas besoin d’une grande autonomie (300 kilomètres) et n’utilisent pas ou peu les soutes à bagages qui peuvent donc accueillir les réservoirs de gaz. Ce car retrofité est le premier d’une série de 16 véhicules qui seront affectés à des lignes de transport scolaire autour de Crémieu, dans le Nord-Isère.

Plan de transition à La Réunion

La Région Réunion et l’Agence Française de Développement (AFD) ont signé le 5 octobre une convention pour le développement des énergies renouvelables. En plus de ces deux organismes étaient également présents les représentants de la SPL Horizon (Société publique locale pour la transition énergétique à la Réunion). D’après Marie-Pierre Nicollet, directrice de l’Agence Réunion de l’AFD, trois points principaux seront étudiés : l’élaboration d’un plan solaire, la prospective sur les gisements en biomasse, et les bases d’un futur plan hydrogène vert. La présidente de Région, Huguette Bello, a qualifié ce partenariat d’« historique ». Le président de la SPL Horizon, Jean-Pierre Chabriat, affirme croire « en l’autonomie énergétique de l’île », qui aujourd’hui reste malgré tout dépendante à plus 87 % des énergies fossiles.

Collectivités : comment passer l’hiver ?

L’association pour la transition écologique dans les collectivités, Amorce, a présenté le 6 octobre son Plan d’urgence Sobriété en 10 actions dans le but d’aider les collectivités « à passer l’hiver ». Généralement, ces dernières allouent environ 5 % de leur budget de fonctionnement aux dépenses énergétiques (soit 57 € par habitant et par an) mais les factures risquent d’exploser en 2022 et 2023 suite aux hausses de prix de l’électricité, du gaz et des carburants liquides. C’est pourquoi Amorce, l’Autorité des marchés financiers et l’association Intercommunalités de France ont travaillé à ce plan d’urgence. Plus de 200 collectivités ont participé aux groupes de travail et proposé près de 800 actions. Les 10 principales sont présentées dans le rapport et sont applicables dès maintenant. Tout d’abord il est indispensable de bien connaître ses factures et l’origine de ses consommations afin de hiérarchiser les priorités. Pour aider les collectivités l’outil e-SHERPA est disponible gratuitement. Il s’agit d’un outil de simulation « permettant de dresser en quelques minutes un premier état des lieux des bâtiments les plus énergivores et d’identifier les typologies d’actions d’efficacité énergétique les plus adaptées en termes de coût-bénéfice », précise Amorce. Parmi les actions prioritaires, il y a bien évidemment celles concernant la régulation du chauffage et de l’eau chaude sanitaire, mais des économies substantielles peuvent également être faites sur l’éclairage, les déplacements et l’usage d’appareils électriques de confort, explique le rapport.

Un partenariat européen pour le biométhane

Le 28 septembre dernier, GRTgaz a annoncé le lancement du Biomethane Industrial Partnership (BIP) au niveau européen. Son objectif est d’encourager tous les acteurs intéressés à travailler ensemble à la réalisation des objectifs de l’Union européenne en matière de biométhane. Cela concerne les États membres mais aussi les entreprises, les académiques et la société civile. La commission européenne a en effet annoncé en mars 2022 un objectif de production de biométhane de 35  milliards de mètres cubes dans le cadre de son plan REPowerEU destiné à réduire la dépendance de l’Union européenne aux énergies fossiles – au gaz russe en particulier, à réduire la consommation d’énergie et à diversifier ses approvisionnements. La commissaire européenne de l’Énergie Kadri Simson a déclaré : « L’Europe dispose d’un grand potentiel pour la production de biométhane, une alternative verte au gaz naturel. Dans le contexte actuel de crise de l’approvisionnement énergétique, nous ne pouvons pas laisser ce potentiel se perdre. Le nouveau Partenariat industriel pour le biométhane est ouvert à toutes les parties prenantes et vise à surmonter les obstacles au développement, à partager les meilleures pratiques et à favoriser la collaboration pour renforcer rapidement la production et l’utilisation du biométhane. » Rappelons qu’aujourd’hui seuls 3 milliards de mètres cubes de biogaz sont produits en Europe, contre 400 milliards de m3 de gaz consommés.

Éolien et solaire couvrent l’augmentation de la demande mondiale d’électricité

Selon une nouvelle étude du think-tank britannique Ember, la demande globale d’électricité a augmenté de 3 % au premier semestre 2022, soit 389 TWh supplémentaires consommés. Les énergies renouvelables ont pour leur part produit 416 TWh de plus, soit davantage que cette hausse. L’éolien et le solaire ont couvert plus des trois quarts (77 %) de l’augmentation et l’hydraulique a compensé le reste, ce qui a permis d’éviter un recours accru aux énergies fossiles. Le charbon a décliné de 1 % et le gaz de 0,05 %. En conséquence, les émissions de gaz à effet de serre du secteur électrique mondial sont restées stables durant le premier semestre, mais demeurent toutefois à un niveau très élevé. Dans son ensemble, le parc photovoltaïque mondial a produit 619 TWh au premier semestre, ce qui a représenté 5 % de l’électricité mondiale consommée. L’éolien a couvert 8 % de la demande avec 1 102 TWh produits. Éolien et solaire ont par conséquent couvert 13 % de l’électricité mondiale en 2022, près de trois points de mieux qu’à fin 2021. Dans l’Union européenne, confrontée à une crise énergétique due à la guerre en Ukraine, la progression des énergies renouvelables a contenu la progression d’électricité d’origine fossile à 6 % (contre 16 % attendu) permettant ainsi une économie de 29 milliards sur sa facture énergétique.

Nouvelle chaufferie bois à Angers

Angers Loire Métropole annonce que la chaufferie bois du quartier Montplaisir, actuellement en construction, sera opérationnelle au printemps 2023. Érigée en bordure de l’autoroute A11 et de la route de Briollay, la nouvelle installation permettra de chauffer près de 2 400  logements et des équipements de quartier : gymnase, piscine, relais-mairie, médiathèque, future direction de la voirie, écoles, collèges et lycée. À ce jour, 70 kilomètres de réseaux traversent le sous-sol de la ville pour délivrer la chaleur à 90 000 foyers, à la Roseraie, mais aussi à Belle-Beille où la chaufferie bois est en service depuis 2018. Le bois utilisé provient d’un rayon de 100 kilomètres maximum autour d’Angers et pour la moitié, d’un périmètre inférieur à 50  kilomètres de la ville. La construction de la nouvelle chaufferie recevra le soutien de l’Ademe pour 8,5 millions sur un total de 16  millions d’euros.

Un réseau de chaleur en Seine-Saint-Denis

L’établissement public territorial du Grand Paris, Paris Terres d’Envol, et la société Coriance, spécialisée dans les projets de réseau de chaleur, ont conclu vendredi 23 septembre un contrat de concession de service public pour la création et l’exploitation d’un réseau de chaleur sur les communes de Dugny et du Bourget (Seine-Saint-Denis). Le projet consistera en un réseau de distribution de 20 km et une centrale de production de chaleur produite localement et à 90 % à partir d’énergies renouvelables. Il sera notamment connecté au Village des médias qui accueillera plus de 1 500 journalistes du monde entier lors des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024. Coriance prévoit un investissement de 56 millions d’euros pour ce projet qui fonctionnera dans un premier temps grâce au biogaz puis comprendra en 2025 deux forages géothermiques associés à des pompes à chaleur ainsi que quatre chaudières gaz de secours. Il devrait alimenter l’équivalent de 9 000 logements avec 85  GWh par an.