Emmanuel Macron reprend l’idée d’une banque européenne dédiée

« L’Union européenne doit fixer son ambition – 0 carbone en 2050, division par deux des pesticides en 2025 – et adapter ses politiques à cette exigence », explique Emmanuel Macron dans une tribune intitulée « Pour une renaissance européenne ». Pour ce faire, le président de la République plaide pour la création d’une « banque européenne du climat », explique-t-il dans ce texte publié le 4 mars, en amont des élections européennes qui auront lieu en France le 26 mai prochain. Cette proposition de banque dédiée avait déjà été faite par l’économiste Pierre Larrouturou et le climatologue Jean Jouzel dans le cadre de leur projet de Pacte européen Finance-Climat, présenté notamment au Sénat fin janvier. « De la Banque centrale à la Commission européenne, du budget européen au plan d’investissement pour l’Europe, toutes nos institutions doivent avoir le climat pour mandat », précise Emmanuel Macron.

EDF va commercialiser et produire de l’hydrogène bas carbone

EDF a annoncé la création d’une filiale, baptisée Hynamics, dédiée à la production et à la commercialisation de l’hydrogène « bas carbone » pour l’industrie et les transports. Dans l’industrie, Hynamics « installe, exploite et assure la maintenance de centrales de production d’hydrogène, en investissant dans les infrastructures nécessaires », explique l’énergéticien dans un communiqué du 2 avril. Dans les transports, la société « contribue à mailler les territoires de stations-service pour recharger en hydrogène les flottes de véhicules électriques lourds ». Elle évoque « une quarantaine de projets cibles » en Europe. Hynamics, est détenue à 100 % par EDF Pulse Croissance Holding, le fonds d’investissement et incubateur de l’électricien pour les start-up et projets innovants. L’an dernier, EDF avait annoncé son entrée dans le capital de McPhy, société spécialisée dans la production et le stockage d’hydrogène.

La lettre des régions et industriels au gouvernement

Alors que la date d’anniversaire de l’annonce du plan hydrogène (juin 2018) se rapproche, régions et industriels ont demandé le 2 avril au gouvernement d’assurer un soutien pérenne à la filière. Dans une lettre adressée au Premier ministre, Régions de France (institution de représentation des régions françaises auprès des pouvoirs publics français et des institutions européennes) et l’Afhypac (association qui rassemble les entreprises du secteur) appellent désormais « à sa pleine concrétisation, mais surtout à sa pérennisation pour les prochaines années ». « Forte d’une recherche de haut niveau et d’acteurs industriels présents sur toute la chaîne de valeur, la France a tous les atouts pour prendre sa place dans la compétition mondiale», soulignent-ils.

Décarbonation en cours

Air Liquide a annoncé le 25 février la construction au Canada du plus grand électrolyseur PEM (Membrane Échangeuse de Protons) au monde. D’une capacité de 20 MW, il produira de l’hydrogène décarboné grâce à la technologie Hydrogenics, un spécialiste canadien des équipements de production d’hydrogène par électrolyse et des piles à combustible dans lequel Air Liquide a pris une participation de 18,6 % fin janvier. Ce projet permet ainsi d’augmenter de 50 % la capacité actuelle de site du groupe de production d’hydrogène situé à Bécancour, dans la région de Québec, au Canada. Hydrogène toujours, mais en France cette fois, L’arrêté relatif à l’approbation du cahier des charges de l’appel à projets « Production et fourniture d’hydrogène décarboné pour des consommateurs industriels » a été publié au Journal officiel du 24 février. Enfin, Ergosup a annoncé le 18 février la levée de 11 millions d’euros pour le déploiement de ses infrastructures de production et de stockage d’hydrogène vert. L’entreprise française avait déjà levé 2,7 M€ lors d’un premier tour de table en 2015. Cette nouvelle levée a pour objectif d’industrialiser la production de petites séries, développer sa commercialisation et renforcer ses équipes avec le recrutement d’une dizaine de nouveaux collaborateurs.

Total Eren acquiert NovEnergia Holding Company

Total Eren a annoncé le 26 février l’acquisition du producteur d’électricité renouvelable basé au Luxembourg NovEnergia Holding Company (NHC), surtout présent dans le sud de l’Europe. Le montant de l’opération n’a pas été dévoilé par l’entreprise détenue à 23 % par le géant pétrolier Total, mais NHC « a été valorisée à plus d’un milliard d’euros », indique-t-elle dans un communiqué. NHC détient un portefeuille de 657 MW de centrales solaires, éoliennes et hydroélectriques en Italie, en France, en Espagne, en Bulgarie, en Pologne et au Portugal. « Nous disposons désormais d’une présence significative au Sud de l’Europe », se félicite David Corchia, directeur général de Total Eren.

Un nouveau fonds pour la transition énergétique, agricole et agroalimentaire

Le Crédit Agricole a annoncé le 26 février le lancement d’un fonds d’investissement de 200 millions d’euros dédié à la transition énergétique, agricole et agroalimentaire. Ce nouveau fonds a pour nom CA Transitions, « le premier fonds d’investissement bancaire pour compte propre dédié aux transitions énergétique, agricole et agroalimentaire », explique la banque dans un communiqué. Il a vocation à accompagner des entreprises, en ciblant plus précisément la production d’énergies renouvelables, l’efficacité énergétique dans les bâtiments, les réseaux intelligents de stockage et de distribution d’énergie ou le recyclage et la valorisation de matériaux. Il « accompagnera le développement des PME, ETI et coopératives engagées dans ces nouveaux modèles. »

L’Europe met en place des garanties d’origine

À l’image de l’électricité verte ou du biométhane, l’hydrogène a désormais sa garantie d’origine (GO) permettant aux utilisateurs finaux de consommer un hydrogène certifié vert ou bas carbone partout dans l’Union Européenne. La plateforme CertifHy propose en effet de l’hydrogène certifié vert ou bas carbone à ses clients dans le cadre d’un projet pilote initié par la Commission Européenne et financé par le FCH JU (Fuel Cell and Hydrogen Joint Undertaking). Les consommateurs d’hydrogène du secteur de l’industrie et des transports peuvent utiliser dès maintenant l’hydrogène certifié dans leurs processus et réduire leurs émissions de gaz à effet de serre en achetant soit des GO CertifHy Green, soit des GO Low Carbon Hydrogen. Le premier label concerne de l’hydrogène produit à partir d’énergies renouvelables (biomasse, hydraulique, éolien, solaire). Le deuxième concerne l’hydrogène produit à partir d’énergies non renouvelables avec une empreinte carbone faible, à savoir 60 % plus basse que les procédés conventionnels de production par reformage de gaz naturel. « CertifHy est actuellement en phase pilote et une première série de Garanties d’Origine a déjà pu être émise, explique Air Liquide dans un communiqué du 12 février annonçant sa participation à CertifHy. Le projet a en effet émis plus de 75 000 garanties d’origine d’hydrogène vert et à faible teneur en carbone, qui sont désormais disponibles sur le marché. « Les Garanties d’Origine émises pendant cette phase pilote concernent quatre sites de production en Europe, parmi lesquels se trouve le site Air Liquide de Port-Jérôme-sur-Seine (Normandie) où le Groupe produit de l’hydrogène bas-carbone par reformage de gaz naturel tout en captant une partie du CO2 émis », ajoute Air Liquide. Trois autres industriels participent à la plateforme CertifHy : le groupe chimique néerlandais Nouryon, l’entreprise belge de grande distribution Colruyt Group et l’énergéticien allemand Uniper.

Création d’une commission d’enquête

La commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale a voté, le 13 février, la création d’une « commission d’enquête sur l’impact économique, industriel et environnemental des énergies renouvelables, sur la transparence des financements et sur l’acceptabilité sociale des politiques de transition énergétique ». La conférence des présidents doit désormais acter ce vote et la création de la commission d’enquête. « La politique d’accélération du déploiement des énergies renouvelables sur notre sol depuis plus de dix ans appelle aujourd’hui la représentation nationale à dresser le bilan de l’efficacité économique, énergétique et environnementale », écrivent les députés dans la proposition de résolution présentée par le député de l’opposition LR (Les Républicains) Julien Aubert. Les parlementaires soulignent que « d’une part, ni le Parlement, ni les Français n’ont une vision très claire de ce qui est exactement prélevé en taxes et quasi-taxes pour le financement de la transition énergétique. D’autre part, à l’autre bout du tuyau de la dépense, il n’y a aucune visibilité sur le coût de la transition, l’efficience de la dépense et l’impact sur la croissance économique. »

La France avance vers l’Alliance des batteries

À l’occasion de la célébration des 100 ans de l’Organisation internationale des constructeurs automobiles (OICA), le président de la République Emmanuel Macron a annoncé un investissement de 700 millions d’euros pour la création d’une filière française et européenne de batteries et le soutien d’un consortium franco-allemand, l’Alliance des batteries européenne, lancée en 2017. Le président a également indiqué qu’une usine de batteries serait construite en France. L’Allemagne de son côté a déjà annoncé des investissements considérables pour la construction d’une usine de batteries sur son territoire et un centre de R&D afin de développer de nouvelles technologies. Côté français, un appel à manifestation d’intérêt (AMI) a été lancé récemment par la Direction générale des entreprises.

Au tour de la chaleur et du froid renouvelables

Emmanuelle Wargon a annoncé le 7 février, lors du colloque des 20 ans du Syndicat des énergies renouvelables (SER), l’ouverture d’un nouveau groupe de travail consacré à la chaleur et au froid renouvelables. Une initiative dans la lignée des groupes de travail relatifs à la méthanisation, au solaire et à l’éolien lancés par le Secrétaire d’État, Sébastien Lecornu, et qui n’a pas manqué de faire réagir la FNCCR territoire d’énergie. Ce nouveau groupe de travail « confirme l’importance de la thématique », explique, dans un communiqué publié le 12 février, le site des autorités organisatrices de la distribution d’énergie (AODE) engagées dans la transition énergétique. Et de rappeler que « 50 % de l’énergie finale consommée en France l’est sous forme de chaleur » et qu’« aujourd’hui, la chaleur reste produite à près de 80% par des énergies fossiles ». La FNCCR territoire d’énergie ajoute qu’« en choisissant d’axer ce nouveau groupe de travail sur la chaleur renouvelable mais aussi le froid, c’est une reconnaissance de l’importance de cette thématique pour laquelle la FNCCR territoire d’énergie s’est fortement mobilisée ces quatre dernières années, que ce soit au niveau européen lors des négociations de la nouvelle directive EnR ou lors d’événements et publications dédiés. »