Bientôt un nouveau réseau dans l’Est parisien

« En 2012, la mise en route du doublet géothermique de Lognes a permis de faire baisser la facture des usagers d’environ 30 % », retrace Xavier Vanderbise, conseiller communautaire en charge de l’aménagement, de l’urbanisme et des réseaux de la communauté d’agglomération Paris-Vallée de la Marne. « Les élus ont donc souhaité que cette énergie soit plus utilisée sur le territoire. » Et ce sera bientôt chose faite : un contrat de délégation de service public a été signé mi-avril entre la communauté d’agglomération et la filiale locale d’Engie Réseaux GeoMarne pour la création d’une centrale géothermique et d’un réseau de chaleur sur les communes de Champs-sur-Marne et de Noisiel. Le doublet géothermique puisera de l’eau à environ 71 °C à 1 900 mètres de profondeur pour fournir 97 GWh/an de chaleur le long de 19 km de réseau, soit auprès de 10 000 équivalents logements. « Nous alimenterons ainsi des bâtiments publics, des copropriétés, de l’habitat social et des bâtiments neufs qui seront construits à court et moyen termes », précise Grégoire Wintrebert, directeur de la direction des confluences chez Engie Réseaux. « Cela représente un investissement de 39 M€, mais le résultat est vertueux : le réseau disposera d’un taux de couverture par les énergies renouvelables de 82 %. » Engie Réseaux devrait lancer les travaux de forage en décembre prochain. La construction de la centrale (qui comprendra 6 MW de pompes à chaleur pour l’optimisation du doublet géothermique et une chaufferie centrale au gaz) se déroulera en 2020 et 2021 pour une mise en service prévue au dernier trimestre 2021.

11 millions d’emplois en 2018, selon l’Irena

La filière des énergies renouvelables représenterait 11 millions d’emplois à travers le monde en 2018, selon le dernier compte rendu de l’Agence internationale de l’énergie renouvelable (Irena), publié le 13 juin. Un chiffre en hausse par rapport à l’année 2017 (10,3 millions), qui pourrait cependant être expliqué en partie par un affinage des méthodologies utilisées par l’agence. Les 11 millions d’emplois recensés restent majoritairement concentrés dans plusieurs régions du monde, notamment la Chine (39 % de tous les emplois de la filière), l’Inde, le Brésil, les États-Unis et l’Union européenne (UE). La part d’emplois diffère aussi selon les sources d’énergies. Ainsi, la Chine représente 61 % des emplois du photovoltaïque, qui est la première source d’énergie renouvelable en terme de nombres d’emplois, tandis que le secteur des biocarburants, deuxième plus gros employeur, est dominé par le Brésil (40 %) et les États-Unis. L’UE accumule un total de 1,2 millions d’emplois, dont 387 000 dans la biomasse solide et 314 000 dans l’éolien. L’Allemagne demeure l’acteur le plus important de l’UE, suivi par le Royaume-Uni et la France. Le compte rendu souligne que seuls 32 % des emplois dans les énergies renouvelables sont tenus par des femmes, et que les chaînes de production ont tendance à être plus mécanisés aux États-Unis et dans l’UE qu’en Asie et en Amérique du sud.

Un plan ambitieux pour le climat

Le ministère des Communications, de l’action pour le climat et de l’environnement irlandais (DCCAE) a révélé le 17 juin un plan d’action pour le climat, avec des objectifs ambitieux en matière d’énergies renouvelables. Selon le DCCAE, le mix énergétique de l’Irlande est composé à 85 % d’énergies fossiles, et seulement 30 % de l’électricité produite provient de sources renouvelables. Le pays est en retard sur ses objectifs 2020, et le rapport de la Cour des comptes européenne publié le 6 juin montre qu’il doit augmenter de 5,3 points de pourcentage la part des énergies renouvelables dans sa consommation finale brute d’énergie entre 2017 et 2020 pour atteindre son objectif de 16 %. Le nouveau plan climat a pour but affiché de pallier ce retard, et liste ainsi des objectifs importants dans plusieurs secteurs concernés. Dans le secteur de l’électricité, l’objectif est d’arriver à 70 % d’énergie renouvelable dans la production d’ici 2030 (soit l’ajout de 12 GW, dont une majorité d’éolien terrestre, en prenant en compte les fermetures de centrales fossiles), d’électrifier le transport en ajoutant 950 000 véhicules électriques sur les routes (et ainsi atteindre la barre du million de véhicules électriques) et en créant une infrastructure nationale de bornes de rechargement, et enfin de développer l’autoconsommation et permettre aux particuliers de revendre leur électricité sur le réseau.

D’ici à 2050, 48 % d’éolien et de photovoltaïque

Bloomberg New Energy Finance (BNEF) a publié son rapport annuel New Energy Outlook, qui trace l’évolution des énergies renouvelables dans la production d’électricité à l’horizon 2050. Les énergies éolienne et photovoltaïque représenteraient 48 % de la production d’électricité mondiale d’ici 2050 selon ces estimations. L’Europe mène la danse avec 80 % de son électricité produite grâce à ces deux sources d’énergies en 2050, tandis que la Chine (48 %) et les États-Unis (35 %) décarbonisent leurs secteurs électriques moins vite en raison de leur dépendance respective au charbon et au gaz. Cela permet au secteur de l’électricité d’être en marche pour ne pas dépasser la barre des 2 °C d’ici 2030, mais le rapport souligne que d’autres technologies doivent être déployées pour poursuivre cette trajectoire au delà de cette date. Le rapport assume également une électrification à 100 % du transport routier et du chauffage résidentiel, qui pourraient donc être responsables d’une importante augmentation de la demande en électricité. Enfin, il signale que d’autres pans de l’économie globale (au-delà de l’électricité) doivent être décarbonisés afin de répondre efficacement au réchauffement climatique.

Un partenariat pour allier énergie solaire et agriculture

Le producteur d’électricité renouvelable Akuo Energy et l’assureur français MAIF ont révélé dans un communiqué du 5 juin la création de MAIF Transition, un fonds dédié au financement de projets innovants dans le secteur agricole dans chacun des départements français, outre-mer inclus. Ce fonds vise à favoriser l’innovation en permettant aux agriculteurs de valoriser leur foncier à travers la production d’électricité photovoltaïque, et ainsi financer leur transition vers une agriculture biologique et durable. Akuo Energy est un acteur pionnier dans ce domaine grâce à son concept Agrinergie®, qui associe agriculture biologique et autoconsommation d’électricité photovoltaïque. Pour son président Eric Scotto, ce partenariat avec MAIF permet au concept de passer à l’échelle supérieure. François de Rugy, ministre de la Transition énergétique et solidaire, présent lors de la signature du partenariat, a salué le lancement de cette initiative et a déclaré : « Transformation de notre modèle agricole et transition énergétique peuvent marcher main dans la main, et nous avons là un exemple parfait. »

Des emplois en recul en 2018

L’Observatoire des énergies de la mer a publié son rapport annuel sur les énergies marines renouvelables (EMR) en France. Et le bilan pour 2018 est plutôt mitigé. Bien que les investissements et le chiffre d’affaires de la filière ont augmenté de 2016 à 2018, le nombre d’emplois ETP (équivalent temps plein) en 2018 repasse à son niveau de 2016 et diminue de 21 % par rapport à 2017. Cela s’explique par la perte d’emplois industriels provoqué par le décalage du calendrier de concrétisation des projets dans le pays. Le marché domestique pénalise la filière française, qui effectue 86 % de son chiffre d’affaires à l’export. Le rapport souligne que l’éolien en mer posé et flottant sont les marchés les plus matures parmi les EMR, le posé étant au stade commercial et l’éolien en mer flottant au stade pré-commercial. Ils représentent plus de 85 % des emplois de la filière. En termes géographiques, la région Pays de la Loire reste le leader dans ce domaine, et possède plusieurs projets de parcs éoliens en cours de développement, dont celui de Saint-Nazaire qui vient de recevoir le feu vert de la part du Conseil d’État.

Les objectifs 2020 seront difficiles à atteindre

La Cour des comptes européenne a publié un rapport qui analyse les politiques et régimes de soutien des énergies renouvelables afin d’évaluer si chaque État membre atteindra ses objectifs de 2020, et si l’Union Européenne atteindra son objectif global de 20 % d’énergies renouvelables dans la consommation brute d’énergie finale. Ce rapport conclut que l’augmentation de la part des sources d’énergie renouvelables « n’est pas suffisante pour permettre d’atteindre les objectifs ». Seuls 11 États membres avaient atteint leurs objectifs de 2020 en 2017, tandis que plusieurs autres sont à la traîne : la France entre autres doit augmenter de 6,7 points de pourcentage la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique de 2017 à 2020 pour atteindre son objectif de 23 %. Afin de pallier ces retards, le rapport émet plusieurs recommandations, notamment une simplification des procédures administratives à l’échelle des États, l’amélioration du suivi et du délai de disponibilité des données statistiques relatives au secteur de l’énergie et l’organisation d’enchères supplémentaires pour augmenter la capacité de production solaire et éolienne dans le secteur de l’électricité. La Commission européenne aura la possibilité d’engager une action en justice contre les États membres n’ayant pas respecté leurs objectifs nationaux.

Microsoft et Facebook misent sur le vert

Microsoft a annoncé la signature d’un PPA (contrat d’achat direct entre producteur d’électricité et consommateur) de 90 MW sur 15 ans à partir de 2022 avec le fournisseur Eneco aux Pays-Bas, électricité qui proviendra des parcs éoliens offshore Borssele III et IV. Ce PPA fait suite à la signature d’un autre PPA de 180 MW d’électricité éolienne entre Microsoft et  Vattenfall aux Pays-Bas en 2017. Microsoft devient ainsi l’un des plus gros acheteurs d’énergie renouvelable dans le pays. Facebook a également annoncé le 30 mai avoir finalisé un accord afin de financer un projet d’électricité solaire de 379 MW au Texas, le projet Prospero développé par Longroad Energy Partners. C’est la première fois que l’entreprise effectue un investissement direct dans le solaire ou l’éolien. Facebook possède également plusieurs PPA aux États-Unis pour l’achat d’électricité renouvelable, afin d’atteindre son objectif d’être fourni à 100% en électricité renouvelable d’ici à 2020. Selon la compagnie, son investissement direct dans le projet texan pourrait montrer le chemin vers un nouveau modèle de financement des énergies renouvelables pour les grandes entreprises, au-delà des PPA habituels.

La région Auvergne-Rhône-Alpes dévoile ses ambitions

La Conférence régionale méthanisation qui s’est déroulée à Lyon le 29 mai a permis la signature d’une charte partenariale pour développer la méthanisation dans la région. Signée par les organisateurs de la conférence (la Région Auvergne-Rhône-Alpes, l’Ademe, la Chambre régionale d’agriculture, l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse, GRDF, GRTgaz, Bpifrance et Auvergne-Rhône-Alpes Énergie-Environnement), cette charte annonce un plan d’action en 6 axes (dont  « renforcer la mobilisation des intrants et la qualité du retour au sol des digestats »et « développer l’offre technique régionale tout au long de la chaîne de valeur »). Elle souligne également l’importance de la méthanisation afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre, de développer une économie locale et circulaire, et de créer des opportunités pour le secteur agricole. Cette charte définit entre autre des objectifs à l’horizon 2023 en accord avec les échéances de la PPE : doublement du nombre d’unités en service de fin 2018 à 2023, connexion de 1075 GW dans le réseau de gaz (120 GW en 2018), et 480 GWh valorisés par cogénération fin 2023 (300 GWh fin 2018).

L’Australie mise sur le pompage-turbinage

Comme le montre un article du Financial Times, le fournisseur d’électricité australien Snowy Hydro, qui possède notamment plusieurs barrages et centrales hydrauliques dans les Snowy Mountains, mise sur le pompage-turbinage afin de stocker l’énergie, dans un contexte de développement rapide des énergies renouvelables intermittentes. Sur les deux dernières années, l’Australie a installé jusqu’à cinq fois plus de puissance éolienne et solaire par habitant que les États-Unis, la Chine ou l’UE. Le projet Snowy Hydro 2.0, en cours de construction, permettra à la compagnie de quadrupler sa capacité de stockage d’ici à 2025 et ainsi de devenir un des plus gros parcs de pompage-turbinage au monde. Stocker l’énergie sous forme d’eau pourrait apporter de la stabilité aux réseaux d’électricité où les ressources intermittentes comme le solaire et l’éolien sont de plus en plus répandues, tout en étant plus efficace que les batteries existantes. Selon la compagnie, ses coûts de stockage en mégawatt par heure sont jusqu’à 60 fois inférieurs à ceux du plus grand parc de batteries lithium-ion du monde, construit par Tesla en 2017 en Australie. AGL Energy, le plus gros producteur privé d’électricité en Australie, a également annoncé vouloir développer deux projets de pompage-turbinage. La Chine est également en train de déployer cette technologie à grande vitesse, ainsi que les Etats-Unis et l’Espagne.